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où il naquit en 495, Magloire, disciple d'Iltut et cousin de saint Malo, se rendit en France avec Samson, qui lui laissa la direction de l'évêché de Dol, qu'il avait fondé et dont il avait été nommé premier évêque par Judicael, duc de Bretagne. La Bretagne continentale était alors peuplée de Bretons de la grande île qui fuyaient devant l'invasion anglo-saxonne. Childebert, roi de Neustrie, accorda de grands privilèges aux proscrits. Mais Magloire était consumé par cette soif de retraite et de solitude, qui est l'un des traits caractéristiques de la piété monastique de cette période et qui n'exclut ni l'amour des âmes, ni l'évangélisation civilisatrice, puisqu'elle a été le point de départ de la fondation de nombreux foyers de lumière au sein du désert et de la barbarie. Préférant l'humilité du Christ à l'honneur de l'épiscopat, il se retira à Jersey, dont Childebert avait fait don à son couvent, et y mourut en 564 suivant les uns, ou le 24 octobre 575 suivant la tradition la plus répandue. La légende nous le montre dans son île poursuivi par les foules, qui viennent lui demander des miracles et des guérisons, que dans son humilité il reconnaît impossibles à l'homme pécheur, mais qu'il finit par accorder à une sainte importunité. Un seigneur du pays lui avait fait don de la moitié de son domaine; aussitôt les poissons et les oiseaux émigrent dans la partie réservée au saint, tant ils sont heureux de vivre sous sa protection. — Sources Usserius. Brit. Eccl. Antiquit., Londini, 1687; Lobineau. Histoire des saints de la Bretagne, 1784; Mabillon, Acta SS. 0. B.,1; Montalembert, Moines d'Occ., II; Cantagalli, Della vita, etc., Imola, A. PAUMIER.

1863.

MAGNIFICAT, cantique emprunté aux paroles que prononça Marie, lorsqu'elle visita sa cousine Elisabeth (Luc I, 46 ss.). L'usage actuel de l'Eglise catholique est de le chanter ou de le réciter tous les jours à vêpres, aussitôt après l'hymne. D'après l'opinion de Mabillon et de Bingham (Orig. eccles., XIV, 2, § 2 et 7), cet usage remonterait au commencement du sixième siècle, parce que c'est dans ce temps-là que Césaire, évêque d'Arles, et Aurélien son successeur, dressant une règle monastique, prescrivirent aux moines de chanter ce cantique, ainsi que le Gloria in excelsis, dans l'office du matin ; mais rien ne prouve que ce cantique n'ait été plus ancien, puisque Bingham observe lui-même que l'usage de chanter le Gloria est beaucoup antérieur à la prescription de ces deux évêques, et qu'il remonte aux premiers siècles de l'Eglise. Voyez Benson, In Magnificat, I, xx ; Bergier, Detion, de theol., IV, 180.

MAGNOALD (Saint). Des milliers de missionnaires culdéens ont évangélisé l'Europe à moitié barbare sans laisser de traces de leur passage; beaucoup ne sont connus que de nom et la légende a souvent concentré sur un seul personnage les vertus, les travaux, les souffrances de toute une génération de disciples de Christ. Nous possédons deux biographies de saint Magnoald, que les chroniques appellent aussi Mangold ou Magnus; selon la première, Magnoald, converti par saint Gall à son arrivée en Rhétie, serait devenu son successeur et aurait été pendant quarante ans à la tête du monastère

fondé par son maître; selon la seconde, venu en Alemanie avec Saint-Gall, Magnoald, d'origine irlandaise, après avoir administré le monastère pendant de longues années, aurait été chassé de sa retraite par une incursion de Francs et se serait mis en route pour la Souabe avec son ami Théodore, pour se rendre de là sur les bords du Lech, affluent du Danube, où il aurait fondé l'abbaye de Fuessen. Le prêtre d'Augsbourg, qui l'invita à venir évangéliser la contrée, accomplit le voyage d'Augsbourg à Saint-Gall en tenant à la main une lumière, qui jamais ne diminuait, et qui chaque soir se rallumait d'elle-même, belle image de la foi. Ces voyages sont accompagnés de miracles étranges, de souffrances inouïes, auxquelles Théodore succombe, de luttes contre les dragons et les bêtes fauves. Nous admettons les contradictions chronologiques et les invraisemblances de cette seconde biographie, mais nous croyons pouvoir retenir l'idée profondément évangélique des dévouements obscurs de la charité, de l'inimitié du monde et de la voie étroite suivie avec fidélité et qui a gagné tout un peuple à l'Evangile. Sources: Acta. Sanct. Ord. Bened., sept. VII ; Koch-Sternfeld, Der heil. Mangold, Nassau, 1825; Rettberg, Kirch. Ges. Deutschl., II, 148; Trafrathshofer, Der heil Magnus, Kempten, A. PAUMIER.

1842.

MAGOG. Voyez Gog.

MAGUELONE. Voyez Montpellier.

MAHOMÉTISME. Voyez Musulmans (Religion des).

MAI (Angelo), né à Schilpario, dans la province de Bergame, le 7 mars 1782, mort à Albano le 8 septembre 1854, après avoir quelque temps étudié à Bergame, fut choisi avec quatre jeunes gens de son village pour former le contingent du premier institut des jésuites, à Colorno, en 1798, lorsque le duc de Parme, avec l'approbation de Pie VII, les réintégra dans son Etat. Professeur à Naples en 1804, dans un collège de l'ordre, il se rendit à Rome en 1805, pour y terminer ses études et recevoir la prêtrise. Il passa alors pour quelque temps au service du cardinal Lambruschini, à Orvieto. C'est à Rome que Mai s'éprit de l'étude des anciens manuscrits dont son premier maître, l'orientaliste piémontais J. Bernard de' Rossi lui avait déjà inspiré le goût. A. Mai, évitant de parler de ses pérégrinations à Colorno, à Naples, à Orvieto, nous dit lui-même dans son journal « qu'en 1811, porté par les troubles du temps, à Milan, il fut admis parmi les bibliothécaires de la célèbre librairie Ambroisienne, principalement pour ce qui concernait la classe des langues orientales. >>La bibliothèque Ambroisienne, riche des manuscrits des monastères et des abbayes de Bobbio, de Lucca et des couvents bénédictins supprimés dans les Grisons, bien qu'explorée et fouillée déjà par Muratori et Mabillon, offrait encore plusieurs trésors cachés, surtout dans la section des palimpsestes. Elle échut à Mai qui de 1814 à 1819, soutenu et encouragé par le patriciat savant de Milan, publia successivement ses heureuses et importantes découvertes (ses Mécènes étaient les comtes Borromée et Castiglioni et les marquis Trivulzio et Arconati). Les publications les plus importantes de cette période

sont 1° Les Orationes de Cicéron, inédites, Milan, 1814; 2' les œuvres inédites de Cornelius Fronton et quelques lettres d'Antonin le Pieux, de Marc-Aurèle, de Lucius Verus, d'Appien, Milan, 1815; 3° Philonis Judæi de Virtute ejusque partibus; præponitur dissertatio cum descriptione librorum aliquot incognitorum Philonis, cumque partibus nonnullis chronici inediti Eusebii Pamphili et aliorum operum notitia e codicibus armeniacis petita, Milan, 1816. On s'aperçut plus tard que le De Virtute n'était pas de Philon, mais du byzantin Phéton (Georges Gemisto); 4° Philonis Judæi, de cophino festo et de colendis parentibus cum brevi scripto de Iona. Eusebii Pamphili chronicorum Canonum Lib. II, Milan, 1818; 5° Deux fragments de la traduction gothique d'Ulphilas, 1819. Appelé à Rome en 1819, en qualité de bibliothécaire du Vatican,il continua ses recherches qui, comme à Milan furent couronnées du plus splendide succès. Bien vu du pape et de la curie il obtint outre le cardinalat (1838) une foule de titres, d'honneurs et de bénéfices. Il fut en effet secrétaire de la Propaganda fi te, préfet de la congrégation pour la revision de l'imprimerie orientale, préfet de la congrégation de l'Index, de la congrégation des conciles, préfet du Vatican, chanoine de Saint-Pierre, prélat familier de Sa Sainteté ; ce n'est qu'en 1853 toutefois qu'il eut le titre glorieux de bibliothécaire de l'Eglise. Tous ces titres et toutes ces charges qui n'étaient pas exemptes de peine et de travail ne l'empêchaient nullement de se livrer à ses études favorites et dès 1822 ses découvertes se succédèrent avec une étonnante rapidité. C'est à Rome qu'il fit imprimer mais non publier, car il n'eut pas le temps de corriger toutes les épreuves, son Vetus et Novum Testamentum ex antiquissimo codice vaticano (ed. Angelus Mai: S. R. E. C.). Ce codex avait déjà été examiné en 1517, avec la permission spéciale de Léon X, par les compilateurs de la Polygotte complutensis. L'ouvrage de Mai fut terminé, après sa mort, par le barnabite Vercellone et le professeur Spezi et publié en 1858 sous le titre Ἡ παλαία καὶ ἡ καίνη Διαθήκη. Mai hésita pendant trente ans au sujet de la publication du Codex Vaticanus, arrêté sans cesse par la quantité des erreurs typographiques et la comparaison des textes qu'il avait sous les yeux. Angelo Mai doit être considéré comme un des plus grands critiques hellénistes et latinistes de notre siècle; sa pénétration, son discernement, sa patience étaient extrêmes. Son érudition très étendue, et une espèce de divination due à sa remarquable sagacité, lui servirent souvent de méthode dans ses recherches. Ajoutons, non pour diminuer sa gloire, mais pour expliquer en partie ses victoires, qu'il avait accès et qu'il jouissait d'une autorité illimitée dans la bibliothèque du Vatican, malheureusement fermée aujourd'hui encore à la curiosité féconde des érudits et des savants. A. Mai fut nommé membre correspondant de l'Institut de France en 1842 et les Anglais lui frappèrent dans leur admiration, une médaille avec cette légende: Angelo Maio palimpsestorum inventori atque restauratori. Ce qui étonne de la part d'un des plus grands prélats romains, c'est qu'il ait eu beaucoup plus de prédilection pour les ouvrages classiques du paganisme grec et latin que pour les

monuments de la patristique et de la tradition ecclésiastique qu'il remit en lumière; ses publications favorites furent en effet : 1o Dionisii Alicarnassei antiquitatum romanarum pars hactenus desiderata, nempe libri postremi decem (Milan, 1816); 2° De Re publica (M. T. Ciceronis), quæ supersunt, Romæ, 1822; 3° Le vite degli uonimi illustri del secolo decimoquinto, scritte da Vespasiano fiorentino (Vespasiani vitæ), Roma, 1839. A. Mai, comme le caractère de ses travaux, et sa longue vie solitaire et studieuse le prouvent, fut simple, aimable, aimant le recueillement et le travail personnel. Les années 1848 et 1849 qui furent si remplies de troubles pour l'Italie et la papauté, et qui préparèrent l'indépendance de la première et la chute du pouvoir temporel, paraissent l'avoir laissé sinon indifférent, tout au moins inactif. Il composa lui-même son épitaphe qui se lit dans l'église de SainteAnastasie, à Rome; église de son titre presbytéral :

Qui doctis vigilans studiis, mea tempora trivi.
Bergomatum soboles, Angelus hic jaceo.

Purpureum mihi syrma dedit rubrumque galerum.
Roma: sed empireum das, bone Christe, polum.

Te spectans longos potui tolerare labores.

Nunc mihi sit tecum dulcis et alta quies.

Outre les ouvrages susmentionnés, nous devons citer encore: Scrittori antichi della raccolta vaticana, Roma 1825; Autori classici editi dai codici vaticani, Roma, 1826. Dans le premier nous remarquons trois collections de droit canon, de l'Anonyme, en arménien, de Bedjésu en chaldaïque, de Abulpharage en syriaque; Spicilegium Romanum, 8 vol. in-16, Romæ, 1839-1844. Nous y avons noté: 1° Synodus Constantinopolitana, ou la condamnation de Sotericus et de sa doctrine sur le sacrifice de J.-C., accompli pour satisfaire la justice du Père et du saint Esprit, mais non pas celle de Jésus lui-même, comme Dieu; 2° De oratione panegyrica in omnes martyres (septième concile de Nicée. en 787); 3° Severi patriarchæ Antiocheni, Liber ad Julianum episc. Halicarnassensem quo demonstrat... 4° De Severi Antiocheni scriptis aliquot. De Sancia Dei matri semperque virgine Maria (ces ouvrages de Sévère sont de la fin du cinquième siècle); 5° Poggii epistolæ, sur l'élection de Félix de Savoie, sur le concile de Bâle, sur l'élection de Nicolas V. Les plus importantes sont celles que Poggi a adressées au célèbre Victorin de Feltre sur le sujet de l'autorité papale et impériale; 6o Leontii monachi libri tres contra nestorianos et eutichianos; 7° Editoris (Maij) monitum de duabus epistolis Photii patriarchæ ad Zachariam armeniorum patriarcham et ad Asutium eiusdem gentis principem, et de variis inter Græcos et Armenios pro religiosa concordia tractatibus; 8° Jacobi Sadoleti Cardinalis, de christiana ecclesia. Sadoleti ejusdem epistola prolixa exegetica ad Clementem VIII; 9° Aleandri senioris cardinalis epistolæ sex; 10° Cosma Hierosolymitani collectio, etc. Nous y trouvons en outre quelques écrits des Pères tirés de manuscrits arabes et syriaques; des lettres de Léon X à Henri VIII, et une lettre de ce dernier contre Luther; quelques homélies inédites de saint Chrysostôme, douze sermons d'Innocent III, quatre sermones inédits de sain

Augustin, la vie et les sermons d'Eusèbe d'Alexandrie; des hymnes de saint Jean de Damas, de Chrysostôme, de Basile, de Nicolas de Myre, de saint Georges, de saint Blaise, les prologues et les canons de Priscillien, martyrisé à Trèves en 386 par l'empereur Maxime; quelques fragments de l'Italica vetus; un traité d'Onuphrius Panoinius, sur l'origine des cardinaux; un traité de A. Massarelli sur les diverses formes de l'élection pontificale de Pierre à Jules III; et enfin, ce qui est très précieux, un commentaire de Claude de Turin sur l'épître à Philémon, et une préface du même évêque ad catenam patrem in Matthæum. Citons encore sa Nova Patrum bibliotheca, Romæ, 1853 (Augustin, Cyrille d'Alex., Grégoire de Nysse, Athanase, Chrysostome, Nicéphore, etc.). Sources: Les plus sûres sont les publications de Mai qui marquent les différentes phases de sa vie et ses progrès Astorre Pellegrini, Angelo Mai e le sue principali scoperte letterarie, Bergamo, 1871; Atti della R. Accademia della Crusca, 1875-76, Firenze, 1876; Elogio del cardinale Angelo Mai, accademico corrispondente, letto dal P. M° Alberto Guglielmotti, dell'ordine dei predicatori, accad. corrisp.; Zanelli, Diario di Roma, settembre 1854. P. LONG.

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MAILLARD (Olivier) naquit en Bretagne selon les uns, à Paris, selon les autres, dans le quinzième siècle, et mourut à Toulouse le 13 juin 1502. Il fut cordelier, docteur de Sorbonne, professeur en théologie, prédicateur du roi Louis XI et confesseur du roi Charles VIII. Il fut employé à des missions diplomatiques dans lesquelles on l'accuse d'avoir trahi les intérêts de son souverain. Mais c'est surtout comme prédicateur que Maillard est connu, il s'est acquis une sorte de célébrité par le caractère étrange de ses prédications excentriques et burlesques. Il a été le représentant le plus en vue du genre oratoire de son époque; il se peut même qu'il l'ait dépassé, puisqu'il allait jusqu'à chanter dans ses sermons des chansons de sa composition. Les sorties les plus bonffonnes, les sottises les plus lourdes, les descriptions les plus indécentes fourmillent dans les prédications de Maillard. Soit en français, soit en latin, il est le même, on le retrouve toujours vulgaire, ridicule et même grossier. Dans ses Sermones, l'excentrique cordelier envoie continuellement ses auditeurs à tous les diables. Invito vos ad omnes diabolos... Ad omnes diabolos tatis modus agendi. Nous voudrions pouvoir donner ici quelques extraits des sermons que Maillard prononçait dans l'église de Saint-Jean-en-Grève, mais les bornes de cet article ne nous le permettent pas; il suffit de signaler ses discours comme l'échantillon le plus inouï peut-être du genre macaronique. On possède de lui: Des Sermons, Lyon, 1498, in-4°; Paris, 1503, in-f; De peccaii stipendio et gratiæ præmio, Lyon, 1499; De adventu, 1500, 1511; Opus quadragesimale, 1530; Passio D. N. J.-C.; alierum opus quadragesimale bipartitum, etc., 1515, 1518; Sermones dominicales, 1500, 1516; Sermones de sanctis, Paris, 1518; Lyon, 1517, 1521, sept parties en 3 vol. in-8°; Sermon prêché le cinquième dimanche de Carême, en la ville de Bruges, l'an 1500, in-4°, goth.; ce livre, très rare et très recherché, est, en effet, extrêmement curieux par ce détail, que tous les endroits du discours où le prédicateur s'était

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