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y ont quelques missionnaires à Malacca, à Singapore et à Georgetown. L'Eglise anglicane et quelques autres groupes ecclésiastiques anglais. ont dans les mêmes villes des ministres qui sont plutôt les pasteurs des Européens que les missionnaires des indigènes. La mission n'est sérieusement commencée que parmi les Chinois de Singapore.

MALACHIE (Livre de). On désigne sous ce nom un court opuscule qui clôt le livre des douze petits prophètes; il est difficile d'y voir un nom propre, maleaki signifiant mon messager, expression qui se rencontre III, 1: « Je vais envoyer mon messager. » On peut penser que ce passage a fourni le terme habituel pour désigner cet écrit, précédemment anonyme. Le livre, dit de Malachie se compose de cinq morceaux différents. Le premier (I, 1; II, 9) contient de vifs reproches à l'adresse du peuple de Jérusalem et spécialement des lévites qui amènent à l'autel des bêtes tarées au lieu des victimes de choix que prescrivait la loi. Les mariages mixtes sont l'objet d'une seconde réprimande (II, 10-16). Un troisième morceau formule de nouveaux griefs et annonce la venue de Dieu pour le grand jugement (II, 17III, 6). Le quatrième signale les fraudes commises à l'endroit de la dime et des autres oblations légales (III, 7-12). Le tout se termine par l'annonce d'un triage entre les rebelles et les fidèles. Le prophète Elie viendra inaugurer parmi ces derniers l'ère de la paix et du bonheur (III, 13-24). Cet écrit se place naturellement à l'époque qui suit la restauration accomplie par Esdras et Néhémie. On a souvent remarqué l'identité de ses plaintes au sujet des dîmes et des mariages mixtes avec celles qui se trouvent au chap. XIII du livre de Néhémie. - Voyez la littérature du sujet dans la Bible de Reuss.

MALACHIE (Saint), ne en 1094 à Armagh, mort le 2 novembre 1148 dans les bras de saint Bernard, à l'abbaye de Clairvaux (où il fut enseveli), a échappé à l'oubli grâce au génie de son biographe saint Bernard et aux prophéties, qu'on lui a faussement attribuées. Entré de bonne heure dans la vie monastique, il devint successivement abbé de Benchor, dont il construisit en pierre, contre l'usage national, la chapelle détruite par des pirates, évêque de Crenog, et en 1127 archevêque d'Armagh. Ce que relève avec raison saint Bernard dans la biographie de son ami, auquel il dut les progrès de son ordre en Irlande, c'est son humilité, son amour des âmes et son parfait renoncement. L'Eglise irlandaise, consumée par le zèle monastique et missionnaire, avait négligé l'instruction de ses propres fidèles; la légèreté, l'orgueil, l'esprit de querelle des nobles et des grands, avaient couvert le sol de ruines. Nommé légat par le pape pour toute l'Irlande, Malachie visita son immense diocèse à pied, consolant, guérissant, instruisant, sévère envers lui-même, plein de charité pour ses frères, et obéissant à sa propre devise:

Spernere Mundum, spernere sese, spernere nullum,
Spernere sese sperni, quatuor hæc bona sunt.

Malachie parcourut l'Ecosse, la France, et fit aussi un voyage à Rome. De nombreux miracles lui sont attribués; on a également publié sous son nom des prophéties fabriquées en 1596, et qui se rapportent aux

papes de l'avenir, désignés d'après leurs noms, leurs armoiries, leurs lieux de naissance. Quelques-unes de ces prophéties, qui ressemblent à des litanies, n'ont pas encore trouvé leur application, c'est une compilation sans aucune valeur. Sources: Saint Bernard, Vita Malachiæ dans ses œuvres, I, 657; Usser, Brit. Eccl. Antiqu., Londini, 1687; Moreri, Grand dict. hist., VII; Ménétrier, Réfutation des prophéties de saint Malachie, Paris, 1689. A. PAUMIER. MALAGRIDA (Gabriel), jésuite italien du dix-huitième siècle, célèbre par son exaltation et ses infortunes. Il était né en 1689 à Mercajo, un petit village du Milanais, mais se rendit fort jeune dans le Portugal, entra dans la compagnie de Jésus et s'y distingua par son talent pour la prédication. Son ardeur pour les choses saintes lui fit bientôt prendre en dégoût une aussi paisible carrière, et il obtint de ses supérieurs comme récompense de ses services, son envoi au Brésil, dans les missions du Maranham. L'altération de sa santé put seule le décider à quitter ce poste pénible et à revenir en Europe après un long séjour de l'autre côté de l'Atlantique. Le bruit de ses pieux exploits, le mysticisme de son langage, l'austérité de ses mœurs lui gagnèrent avec l'admiration de toute la noblesse portugaise, le poste de confesseur de la marquise Léonore de Tavora, épouse de don Francesco d'Assise, ancien vice-roi des Indes. Plus qu'à aucune autre époque la compagnie ressentait un impérieux besoin de l'absolu dévouement de tous ses fils, car jamais encore elle n'avait eu à traverser des circonstances aussi difficiles. Ses intrigues dans le Paraguay lui avaient attiré l'animadversion de Pombal. L'archevêque de Lisbonne, le cardinal Saldanha, chargé contre eux par Benoît XIV d'une sévère enquête, avait déclaré leurs opérations commerciales illicites, et leur avait interdit l'accès dela chaire et du confessionnal. Ce dernier coup était trop sensible aux jésuites pour qu'ils cherchassent à dissimuler leur irritation: les grandes familles, qui subissaient leur influence, et en première ligne les Tavora et les Aveiro, ourdirent une conspiration qui aboutit, le 13 septembre 1758, à une tentative de meurtre contre le roi Joseph et, bientôt après, à l'arrestation de tous les conjurés. Le père Malagrida, déjà suspect pour les intimes relations qu'il entretenait avec la marquise de Tavora, avait en outre, peu de jours avant l'attentat, parlé à une dame du palais en termes mystérieux d'un danger qui menaçait le monarque; il n'en fallait pas tellement pour justifier les rigueurs de Pombal, et l'imprudent visionnaire avait été arrêté, ainsi que ses collègues les pères Alexandre et de Matos, tandis que tous les autres jésuites étaient expulsés du Portugal comme instigateurs ou complices du crime de lèse-majesté (13 décembre 1758, 3 septembre 1759). Ce ne fut qu'après avoir subi cette détention de deux années et demi et être demeurés comme oubliés dans un cachot infect qu'il fut permis à ces malheureux de comparaître devant un tribunal et d'apprendre les crimes dont ils étaient accusés par le redou table marquis. L'inquisition, par un solennel verdict, se chargea de dissiper les doutes qu'aurait pu concevoir le peuple à l'endroit de la culpabilité des jésuites et de leur imprimer une flétrissure ineffaçable.

Malagrida, qui n'avait jamais eu la tête bien solide, mais que les souffrances avaient complètement anéanti et qui aurait mérité d'être enfermé dans une maison d'aliénés plutôt que de monter sur l'échafaud, se glorifia devant ses juges des visions dont il avait été honoré par la Vierge, les saints et les anges, des guérisons nombreuses qu'il avait opérées par ses prières, des victoires qu'il aurait emportées sur l'Antechrist, du livre sur Anne qu'il aurait écrit sous la dictée immédiate de la sainte et où il aurait prouvé son immaculée conception ainsi que celle de sa fille Marie. Ce fut après avoir ouï d'aussi folles divagations que le saint-office condamna l'infortuné vieillard à l'étranglement et au supplice du feu comme hérétique, imposteur, faux prophète, et le livra au bras séculier (20 septembre 1761). Fort de son innocence et convaincu jusqu'au dernier moment que la Providence accomplirait un miracle en sa faveur, Malagrida refusa de se rétracter -et d'adresser à Joseph une demande en grâce, fut, après sa dégradation publique, promené dans un costume infamant à travers les rues de Lisbonne, et monta joyeusement sur le bûcher avec trente-trois autres victimes, en présence du roi et de toute la cour. L'opinion publique, dans toute l'Europe, se prononça nettement contre les persécuteurs. Personne ne voulut croire que Pombal aurait recouru contre les jésuites à une accusation d'hérésie s'il avait possédé de leur participation au complot des Tavora des preuves irréfragables. L'ambassadeur de France, comte Merlé, écrivait déjà, en date du 22 mai 1759, au duc de Choiseul, que la complicité des jésuites dans l'attentat tramé contre Joseph Ier, n'était établie par aucun indice et qu'on ne pouvait leur reprocher qu'un langage trop acerbe contre le gouvernement. La Grande-Bretagne, dont l'influence à Lisbonne était prépondérante, blama également ce luxe de cruauté inutile. Voltaire, qui n'est point suspect de partialité pour les jésuites, s'exprime ainsi dans son Précis du siècle de Louis XV: « Les dominicains, qui étaient juges du saintoffice et assistants du grand inquisiteur, n'ont jamais aimé les jésuites ils servirent le roi mieux que n'avait fait Rome. Les moines déterrèrent un petit livre de la Vie héroïque de sainte Anne, mère de Marie, dictée au révérend père Malagrida par sainte Anne elle-même. Elle lui avait déclaré que l'Immaculée-Conception lui apparaissait comme à sa fille, qu'elle avait parlé et pleuré dans le ventre de sa mère et qu'elle avait fait pleurer les chérubins. Tous les écrits de Malagrida étaient aussi sages. De plus il avait fait des prédictions et des miracles et celui d'éprouver, à l'âge de soixante et quinze ans, des pollutions dans sa prison n'était pas un des moindres. Tout cela lui fut reproché dans son procès; voilà pourquoi il fut condamné au feu sans qu'on l'interrogeât seulement sur l'assassinat du roi, parce que ce n'est qu'une faute contre un séculier et que le reste est un crime contre Dieu. Ainsi l'excès du ridicule et de l'absurdité fut joint à l'excès d'horreur. Le coupable ne fut mis en jugement que comme un prophète, il ne fut brûlé que pour avoir été fou et non pas pour avoir été parricide. » On lit à la même époque, dans la Bibliothèque des sciences et des arts de La Haye: « L'on verra avec surprise que l'infortuné

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jésuite a été étranglé et brûlé pour de prétendues hérésies que tout autre tribunal que celui de l'inquisition aurait regardées comme les délires d'un vieillard fanatique, plus digne de compassion que de châtiment. La postérité aura de la peine à croire que dans le dixhuitième siècle on ait envoyé un septuagénaire au supplice pour avoir dit entre autres extravagances que la sainte Vierge était immaculée de naissance (1762, XVII). Enfin, parmi les écrivains modernes qui ont le mieux étudié la question d'après les documents originaux, Schæffer, le comte de Saint-Priest et tout récemment encore le docteur Huber, sont tous d'accord pour reprocher à Pombal des procédés qui ne découlaient que trop directement de la fameuse maxime des jésuites: «La fin justifie les moyens. » Outre ses ouvrages mystiques sur sainte Anne et la Vie et l'Antechrist, Malagrida avait composé trois pièces de théâtre qui furent jouées dans les collèges de son ordre: La fidélité de Leoniine, Saint Adrien, Aman. Cette dernière contenait des allusions transparentes qui blessèrent au vif le « grand marquis. »> Sources: Mémoires de Sébastien Joseph de Carvalho et Melho, comte d'OEyras, marquis de Pombal, 4 vol. in-12, 1784; Cordara, Il buone Racconicio demostrato in due Scritti ossia saggi apologetici sul famoso processe e tragico fine del fu P. Gabriel Malagrida, Venise, 1782-1784 (apologie par un jésuite); Scheffer, Histoire de Portugal, V; A. desaint Priest, La Chute des Jésuites; Huber, Les Jésuites; Th. Wenzelburger, Le Marquis de Pombal et les jésuites; Annales prussiennes, XXIV, 1874; E. Strohlin, L'expulsion des jésuites hors du Portugal au dix-huitieme siècle, Etrennes chrétiennes, 1877. E. STROEHLIN.

MALAISIE. On désigne sous ce nom l'ensemble des îles et archipels situés entre l'Asie et le continent australien, les îles de la Sonde, Sumatra, Java, les Moluques, Célèbes, Bornéo, les Philippines, etc. Quelques géographes rattachent également à la Malaisie, la Papouasie ou Nouvelle Guinée. Les traités anglais et allemands comptent souvent la Malaisie comme une partie de l'Asie et lui donnent le non d'Australasie. En France, on considère généralement la Malaisie comme une des parties de l'Océanie. La population, dont on ne peut déterminer exactement le chiffre, s'élève au moins à 35,000,000 d'â– mes, dont la moitié revient à la seule île de Java. La Malaisie est habitée par plusieurs races humaines; les Malais forment le fond de la population. Cependant dans l'intérieur de la plupart des grandes îles, on trouve des peuplades d'une autre race, profondément dégradée, que les conquêtes des Malais ont refoulée dans les montagnes éloignées de la mer; les Papous occupent la Nouvelle Guinée et quelques petits archipels voisins. Enfin l'émigration et le commerce ont attiré dans les principales de ces îles de nombreux étrangers, Européens, Hindous, Chinois et Arabes, et les unions de ces étrangers avec des femmes du pays ont donné naissance à une nouvelle population déjà assez considérable de sang mêlé. Au point de vue politique la Malaisie comprend un certain nombre d'Etats indépendants, dont quelques-uns ont une très réelle importance. Les Pays-Bas et l'Espagne y possèdent de vastes et riches colonies; l'Angleterre et le

Portugal y ont quelques établissements moins considérables. La religion de la grande majorité des populations indigènes est le mahométisme, auquel les Malais ont voué un attachement fanatique. Le fétichisme est pratiqué par les tribus sauvages des montagnes. Les religions de la Chine et de l'Inde y ont quelques adhérents. Enfin le christianisme commence à y tenir une place considérable, au moins dans les possessions des puissances européennes. Dans les colonies hollandaises et anglaises, c'est le protestantisme qui s'est le plus répandu. C'est au contraire le catholicisme romain qui a seul pu prendre pied dans les territoires soumis à l'Espagne. Les missions protestantes sont représentées dans la partie hollandaise de Sumatra par la Société des missions du Rhin, et par la Société hollandaise de mission intérieure et extérieure. A Java, Madura et les petites îles environnantes, sept sociétés hollandaises et étrangères ont un champ de travail béni. Bornéo est attaqué au sud par la Société des missions du Rhin, au nord par la Société anglaise pour la propagation de l'Evangile. A Célèbes et à Gilolo, nous trouvons trois sociétés hollandaises et une société allemande; dans les Moluques et à Timor, les Hollandais et la mission de Gosner. Dans toutes ces possessions on évalue le nombre des protestants européens à 28,000, celui des protestants indigènes. à 30 ou 35,000 environ.-L'église catholique compte, dans la Malaisie, un nombre bien plus grand d'adhérents. Les îles Philippines entières, plus de 6,000,000 habitants, sont nominalement catholiques; mais ces populations, converties de force, n'ont qu'un catholicisme tout extérieur et auquel ne répond aucun fond religieux. La hiérarchie s'y compose de l'archevêché de Manille (évêché 12 décembre 1581, archevêché 13 septembre 1595) et de trois évêchés créés en même temps que le siège de Manille était élevé au rang de métropole; ce sont les évêchés de Cebu, Neo Segovia et Nueva Caceres. Les moines sont nombreux et influents. Le bas clergé indigène est fort ignorant; le haut clergé, venant d'Espagne, passe pour fort tyrannique et jouit de peu d'estime auprès des indigènes. L'inquisition, apportée par les Espagnols, subsiste toujours aux îles Philippines; mais elle est devenue plutôt une arme politique entre les mains du capitaine général qu'une institution ecclésiastique. - Bibliographie: Grundemann, Mission's Atlas, 1869; Regerings, Almanak voor Nederlandsch-hidié, 1879; Müller, Beschreibung der Insel Java, 1860; Alfred Russel Wallace, The Malay Archipelago, 1869, etc. E. VAUCHER.

MALAN (César-Henri-Abraham), né à Genève, le 7 juillet 1787, est l'un des représentants les plus distingués et les plus originaux du réveil religieux du commencement de ce siècle. Sa famille, encore aujourd'hui largement représentée dans les vallées vaudoises du Piémont, s'établit de bonne heure dans le Dauphiné, à Mérindol, où elle compte un certain nombre de martyrs. En 1722 l'arrière grandpère de César Malan se réfugia à Genève. Son grand-père en acheta la bourgeoisie. La première éducation de César Malan se fit toute entière au collège. Il s'y fit remarquer par une extraordinaire précocité. Après avoir passé une année à Marseille, dans une maison de com

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