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IMPRIMERIE D. BARDIN, A SAINT-GERMAIN

DES

SCIENCES RELIGIEUSES

PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION

DE

F. LICHTENBERGER

DO YEN DE LA FACULTÉ DE THÉOLOGIE PROTESTANTE DE PARIS

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LIBRAIRIE SANDOZ ET FISCHBACHER

G. FISCHBACHER, SUCCESSEUR

33, RUE DE SEINE, 33

DES

SCIENCES RELIGIEUSES

LASCO ou Laski (Jean de), né à Varsovie en 1499, appartenait à une noble et riche famille, qui comptait dans son sein plusieurs hommes distingués. Destiné dès son enfance à l'état ecclésiastique, il fit de bonnes études sous la direction de son oncle Jean, baron de Lasco, archevêque de Gnesen et primat du royaume de Pologne. Vers 1524, Lasco très attaché à la foi catholique romaine, mais rendu attentif cependant au mouvement réformateur qui agitait l'Allemagne, quitta son pays pour visiter les cours et universités de l'Europe occidentale. Il s'arrêta d'abord à Louvain, puis à Zurich (1525) où il fit la connaissance du réformateur suisse. Zwingle l'invita à s'appliquer à l'étude des saintes lettres, et lui demanda d'abandonner la superstition papale et de se convertir à l'Evangile. De Zurich, Lasco se rendit à Bâle où il noua d'intimes relations avec Erasme. Il passa plusieurs mois dans sa maison, et sous son influence se détacha toujours plus du catholicisme grossier que flagellait si bien le mordant pamphlétaire. A Bale aussi il étudia avec soin l'Ancien et le Nouveau Testament. Cette vie de solides travaux fut interrompue par des ordres venus de Pologne qui enjoignaient à Lasco de poursuivre ses voyages. Il se dirigea probablement vers l'Italie, l'Espagne et la France et rentra en 1526 dans sa famille qui s'efforça de le ramener à sa première foi. Accusé d'avoir embrassé les doctrines réformées, il dut solennellement déclarer « qu'il ne s'était jamais attaché à à aucune d'elles le sachant et le voulant et qu'il demeurait absolument soumis au saint-siège et aux évêques désignés par lui. » En retour de cette déclaration, Lasco fut comblé de dignités ecclésiastiques. En 1536 il fut nommé par le roi de Hongrie évêque de Wesprim et par Sigismond de Pologne évêque de Cujavie; mais « rendu à luimême par la bonté de Dieu, » il se résolut à « servir désormais selon sa faiblesse, cette Eglise du Christ qu'il haïssait au temps de son ignorance et de son pharisaïsme » (Lasco, Op. II, p. 583), et quitta la Pologne après s'être dépouillé de ses prébendes et de ses honneurs. C'était en 1537. Il se rendit d'abord à Mayence, auprès de son ami de Hardenberg, puis à Louvain, où il épousa une jeune fille pieuse

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et simple et se retira à Emden, dans la Frise orientale, où il voulait. vivre dans le silence. Il trouva (1540) ce pays livré aux querelles ecclésiastiques et sacramentaires et malgré ses projets de solitude, il dut accepter la direction des Eglises frisonnes que lui offrait la régente Anna d'Oldenbourg. Lasco se mit courageusement à l'œuvre et devint ainsi, sans l'avoir cherché, le réformateur de ces contrées. Erasmien quant à la science, luthérien quant à la foi, zwinglien quant au culte, calviniste quant à la constitution de l'Eglise, il réussit à concilier les partis contraires et donna aux communautés frisonnes une constitution presbytérienne, en même temps qu'un catéchisme, le catéchisme d'Emden (1548) qui reproduisait en quelque mesurele catéchisme de Genève. Obligé en 1549 de quitter la Frise à cause des usages catholiques introduits par l'Intérima, il se rendit à Londres (1550) où il devint prédicateur et superintendant de la congrégation étrangère établie dans cette ville. Cette Eglise, qui jouissait par privilège du roi Edouard VI d'une entière liberté pour son administration intérieure, reçut de Lasco un presbytère et une discipline. Il plaça à sa tête des anciens et des diacres et lui donna un corps dedocteurs ou prophètes chargés d'une explication hebdomadaire des écritures et de surveiller l'enseignement donné par les prédicateurs. Une entière égalité régnait entre ces divers fonctionnaires de l'Eglise, qui étaient confirmés par le presbytère sur la présentation ou l'élection des membres de la communauté. L'avènement au trône de Marie la Sanguinaire (1553) contraignit l'ecclesia peregrinorum à émigrer. Après de grandes souffrances endurées de la part des luthériens, cette Eglise trouva un asile à Emden et sur le Rhin (1554). De Francfort, où Lasco s'établit en 1556 il prit une large part aux efforts tentés pour concilier les réformés et les luthériens. Il se rattacha, dans la question de la cène, à la confession d'Augsbourg de 1540, et professa avec Mélanchthon la foi à une communication réelle et essentielle du corps et du sang du Christ pour la nourriture en vie éternelle, sous les éléments du pain et du vin. Lasco rentra en Pologne en 1556, après que la diète eut autorisé la célébration du culte réformé dans les châteaux et résidences de la noblesse. Vainement il chercha à établir dans son pays une Eglise nationale réformée, ses efforts pour y répandre la connaissance des Ecritures et pour y maintenir la paix confessionnelle entre les bohèmes, les luthériens et les réformés, ne furent cependant pas sans résultat. Il mourut paisiblementle 13 janvier (?) 1560. Dix ans plus tard, le compromis de Sendomir devait pour un temps réaliser son vou. Lasco n'est pas un réformateur de premier ordre, sans doute, mais peu d'hommes ont apporté dans l'accomplissement de leur œuvre plus de droiture, de conséquence et de piété. Son idéal ecclésiastique s'est partiellement réalisé dans nos Eglises libres réformées. Voyez J. a Lasco, Opera, Amsterdam, 1866, etc.; Bartels, Joh. a Lasko, Elberfeld, 1860; Merle d'Aubigné, Hist. de la Réf. au temps de Calvin, VII, 554 ss.; Krasinski, Hist. relig. des peuples slaves, 1854, etc., etc. L. RUFFET. LASICKI ou Lasitzki (Jean), Lasicius, historien et homme d'Etat.

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