Images de page
PDF
ePub
[ocr errors]

candidat, en lui affectant 6000 cruzades (environ 25,000 fr.) de traitement, comme frais de représentation, traitement fort modeste en le comparant à l'indemnité accordée aux députés (1), et la viceprésidence à M. Guerreiro qui venait de rendre le portefeuille de la justice à M. de Mello-Breyner, récemment arrivé par le paquebot

de Londres.

Quant au règlement, le ministre de l'intérieur en avait présenté le projet qui fut adopté par la Chambre des pairs ( 4 novembre), mais qui fut dans celle des députés l'objet de débats fort longs, souvent animés, et quelquefois désagréables au ininistère. Il a subi de nombreux changemens, et avec ces changemens il ne s'éloigne pas dans ses dispositions principales de celui de la Chambre des députés de France.

Ensuite, ou en même temps, on discutait l'adresse à faire en réponse au discours de la Princesse-Régente, laquelle fut redigée dans le même sens, et des remercimens à S. M. don Pedro, pour le bienfait qu'il avait accordé au Portugal.

Il se fit alors une foule de propositions, entre lesquelles il faut en distinguer une de M. Pereira da Carmo, faite à la Chambre des députés, à peu près dans ces termes :

1° Que par un acte signé de tous les membres des Cortès, don Pedro IV soit proclamé roi de Portugal et des Algarves;

2o Qu'il soit érigé un monument à ce prince avec l'inscription : Au restaurateur des libertés publiques, la nation reconnaissante. M. Guerreiro demanda que les propositions fussent disjointes, la premiere lui paraissant inadmissible, puisqu'elle supposait que le roi n'était pas encore reconnu : la Chambre adopta cet avis, et les deux propositions furent mises aux voix séparément; la première n'en réunit pas le tiers, la seconde fut adoptée à l'unanimité.

Dans une des premières communications ministérielles faites aux deux Chambres, on remarque un exposé de l'état des finances, fait le 7 novembre, à la Chambre des députés, par le ministre de ce département (baron de Sobral Hermano), duquel il résultait un

(1) Ils ont environ 24 fr. par jour, sans compter leurs frais de voyages.

déficit de 2,300,000 réis, pour faire face aux dépenses de l'année prochaine, dans le système actuel des impôts. Toutefois son Excellence déclarait qu'on espérait y suffire, sans augmenter les contributions directes, dont l'agriculture était déja trop surchargée, au moyen de propositions qu'il se réservait de faire à la Chambre, c'est-à-dire d'un emprunt fondé sur la rentrée de la dette du Brésil (1).` Tous les rapports que le ministre adressait alors aux deux Chambres, sur l'état des provinces, les représentait comme jouissant d'une tranquillité parfaite et leur population comme dévouée à la Charte constitutionnelle ; et cependant on s'occupait d'un projet de loi sur les attributions des conseils de guerre, en cas de haute trahison, avec une chaleur qui semblait annoncer le besoin qu'on en aurait bientôt.

Dans la séance du 27, le ministre des affaires étrangères comnuniqua aux deux Chambres le contrat des fiançailles célébrées le 29 octobre à Vienne, entre S. M. la reine dona Maria II et l'infant don Miguel; communication au sujet de laquelle les deux Chambres arrêtèrent qu'il serait fait une adresse de félicitations à l'infant don Miguel. C'était la dernière nouvelle heureuse qu'on eut à recevoir. (28 novembre.) Le lendemain, comme on disentait à la Chambre des députés le projet de loi de M. Guerreiro, tendant à déclarer criminel de lèse-majesté, tout Portugais qui, s'étant réfugié en Espagne, rentre en Portugal les armes à la main, le ministre des

(1) On sait qu'il a été décidé, par une convention additionnelle au traité du 29 août 1825, entre le Portugal et le Brésil, que, pour terminer les réclamations réciproques des deux puissances, à l'exception de celles qui pourraient résulter de frais occasionnés pour transport de tronpes, le Brésil paierait au Portugal, une fois pour toutes, une somme de 2 millions de liv. sterl. ( 50,000,000 de fr.), moyennant laquelle toutes réclamations réciproques entre les deux pays seraient éteintes.

Le paiement de ces deux millions sera effectué de la manière suivante : le Tresor du Brésil prendra à sa charge le remboursement des sommes levées par le Gouvernement portugais à Londres en octobre 1823; et le reste, jusqu'à concurrence de la somme convenue, sera payé par quartier, dans le terme d'un, an, qui commencera à courir du jour de la ratification de ladite convention additionnelle.

affaires étrangères se présenta et demanda à faire des communications importantes en séance secrète.

Ces communications étaient relatives à l'invasion qui venait d'être opérée par les déserteurs ou émigrés Portugais, à la part que l'Espagne ou un parti espagnol y avait prise, et sans doute aussi à la demande que le gouvernement se proposait de faire à la GrandeBretagne, en vertu des traités existans. Ce n'est pas ici le lieu de nous étendre sur des objets qui seront plus amplement discutés dans la séance du 4 décembre, et nous ne donnerons qu'un aperçu de l'invasion dont les détails ont été exagérés ou amoindris suivant l'intérêt du parti qui les rapportait.

Quoique le gouvernement portugais affectât d'être en pleine sécurité sur l'esprit des corps et de la population des provinces, et sur les promesses de l'Espagne, il en avait reçu des avis alarmans sur le nombre toujours croissant des émigrés et déserteurs portugais, que le ministère espagnol ordonnait de faire désarmer, et qui trouvaient dans les autorités espagnoles, surtout dans le clergé régulier, une protection ouverte, des secours de toutes espèces, des vivres, de l'argent, des armes, des munitions, jusqu'à de l'artillerie.

Le plan combiné entre les chefs de l'insurrection portugaise était d'opérer à la fois en plusieurs divisions de la Galice, jusqu'aux Algarves, les principales commandées par le marquis de Chavès, du côté de Zamora, et par le brigadier-général Magessi, du côté de Badajoz, devaient se mettre en mouvement vers la mi-novembre, et se porter en même temps sur Lisbonne, en s'assurant toutefois des positions ou des villes dont la possession était nécessaire au succès de leurs opérations.

Il serait hasardeux de prétendre établir au juste la force des refugiés où la désertion faisait aussi de grands ravages, et qui variait d'un jour et d'une affaire à l'autre; mais il paraît que l'armée du marquis de Chavès, plus considérable que le corps de Magessi, n'était pas moindre de 5,000 hommes armés et équippés, sans y comprendre un foule de paysans, destinés à soulever les campagnes à faire la guerre de Guerillas. Du 13 au 15, les réfugiés portugais

et

[ocr errors]

cantonnés de Salamanque à Bénavente, se trouvèrent réunis à Palencia sous le général marquis de Chavès, avec des chariots de vivres et de munitions de guerre, et se dirigèrent en corps sur le Portugal, traversant la province espagnole comme un pays allié, ayant même avec eux des volontaires royalistes, pleins d'ardeur pour la cause à laquelle ils s'étaient dévoués par un serment (1). A leur apparition sur la frontière, une partie de la province de Tras os Montes, où la famille Silveira avait des possessions et une influence considérable, se souleva. Les généraux portugais qui s'y trouvaient (Stubbs, Azeredo, Claudino,) n'eurent que le temps. de concentrer leurs forces, et d'assurer leurs communications; la garnison constitutionnelle de Bragance avait même évacué cette ville, par crainte de la division royaliste qui occupait le bourg voisin de Sanabria, mais le colonel Valdès étant arrivé avec un renfort de 600 hommes, se porta le 23 à la rencontre des insurgés; l'action. fut vive, une quarantaine d'hommes y furent tués de part et d'autre, mais enfin les constitutionnels rentrèrent dans la place où ils furent bientôt investis par le gros de l'armée royaliste. Le siége ne fut pas

(1) Voici, dit-on, quel était le serment que les capitaines insurgés faisaieut prêter à leurs soldats sur un crucifix porté au centre de chaque compagnie :

Je jure de soutenir et de défendre les droits légitimes de notre seigneur le roi de Portugal et des Algarves, don Miguel Ier; de les défendre au risque de ma vie, en répandant la dernière goutte de mon sang pour rendre valable et efficace l'acclamation qui, le 31 juillet de l'année courante, l'a créé roi et a nommé régente son auguste mère, l'impératrice-reine, pendant l'absence de don Miguel; et si ledit auguste seigneur don Miguel meurt sans enfans légitimes, je reconnais comme son successeur et souveraine du royaume de Portugal et des Algarves, ainsi que des antres possessions du Portugal, S. A. R. la très-sérénissime princesse de Beira, dóna Maria-Theresa (fille de Jean VI, veave depuis 1812 de l'infant Gabriel d'Espagne); en cas de mort de ladite princesse, S. A. le très sérénissime seigneur infant don Sébastien de Bragance, et Bourbon, son fils, Portugais de sang, de naissance, et par le contrat de mariage solennel de ses parens; enfin, je jure de défendre jusqu'à la mort tous les droits sacrés ci-dessus mentionnés, et de n'en jamais reconnaître aucuu autre, comme étant usurpé ou imposé par la force et entièrement opposé anx lois fondamentales du royaume, qui obligent les sujets et les souverains. Ainsi, que Dien me soit en aide. »

[ocr errors]

de longue durée, soit faute de vivres ou de munitions, soit découragement de la garnison; le colonel Valdès se vit obligé d'accepter le 26 une capitulation signée de l'autre côté par le vicomte de Montealegre comme deuxième général en chef, d'après laquelle tous les caporaux et soldats étaient pardonnés, mais tous les chefs soldats et bourgeois retenus prisonniers de guerre dans le fort où ils se trouvaient : «< comme unique moyen, dit la capitulation, de leur conserver la vie, et de les soustraire aux insultes du peuple!..» ce qui n'empêcha point qu'il ne se commît ensuite bien des excès envers ceux qui refusèrent de suivre les drapeaux de Chavès.

Après la prise de Bragance, une partie de l'armée royaliste se porta sur Chavès, une autre sur Villa-Réal, où la marquise de Chavès donna le signal de l'insurrection; c'est là que les deux divisions devaient ensuite se réunir pour marcher sur Porto, qui fut durant un mois dans la terreur.

De leur côté, les généraux de la régence Stubbs, du côté de Porto, Claudino, Mello, Azeredo, défendaient pied à pied leurs positions contre un ennemi fort supérieur en nombre, au milieu d'une population peu affectionnée au nouvel ordre de choses. Porto fut mis à l'abri, mais à la date du 4 décembre, toute la province de Tras os Montes et une partie du Beira étaient envahies à la suite de plusieurs actions ou les vainqueurs perdirent plus de monde que les vaincus.

Dans l'Estramadure, l'invasion opérée quelques jours plus tard par le brigadier général Magessi, n'obtenait pas le même succès. Il s'était fait précéder par une proclamation dans laquelle il annonçait que le marquis de Chavès était entré dans les provinces septentrionales à la tête d'une puissante armée sans rencontrer aucun obstacle,« parce que leur cause était celle de Dieu et du monarque légitime. » Puis faisant un appel aux sentimens du peuple, il invoquait sa vengeance sur les partisans du régime de la Charte.

Les députés actuels des cortès, dit cette proclamation, sont les mêmes factieux qui, à cette époque à jamais exécrable, ont attiré sur ce royanme tant de calamités irréparables. Quels sont les chefs des tronpes de la régence? les mêmes mécréans qui, à la même époque, furent les instrumens qu'on employa pour

« PrécédentContinuer »