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M. Lombard de Quincieux déclare que les deux personnes dont parle le général sont M. Olivier, avocat de Paris, et un de ses amis.

Messieurs, ajoute-t-il, je suis maintenant satisfait, puisque le général ne reproduit plus l'accusation qu'il avait d'abord dirigée contre moi. Il a compris qu'elle blessait mon honneur. C'était sans doute de sa part une malheureuse préoccupation, et peut-être aussi une ancienne habitude du despotisme... »

M. le général Bertrand, à mi-voix: « En tout cas, j'ai eu le temps de m'en corriger depuis douze ans. »

Une légère discussion s'engagea entre M. Lombard de Quincieux et M° Merilhou, défenseur du général Bertrand. Le premier se contentait d'un désaveu, pourvu qu'on lui en donnât acte; le second désirait qu'on fût satisfait de l'explication donnée, mais refusait d'accéder à la sup pression de la lettre imprimée de son client.

Après des plaidoiries où les avocats des parties et les parties elles-mêmes furent entendues, le tribunal a rendu son jugement, dont voici la substance:

Attendu que M. Lombard de Quincieux a eu tort de faire un appel à l'opinion publique et d'employer dans son mémoire des expressions fâcheuses pour le général Bertrand;

Attendu, d'autre part, que Bertrand a eu tort d'employer dans la lettre incriminée des expressions qui offraient une interprétation fâcheuse pour Lombard de Quincieux;

Renvoie le prévenu de la plainte et compense les dépens. »

Ainsi finit ce procès, dont on attendait des révélations plus piquantes dans une affaire encore peu connue du public.

4. Paris. Jalousie de femme. On vient de publier un acte d'accusation dont les détails montrent à quel excès d'exaltation une passion immorale peut porter une femme.

Un horloger mécanicien nommé Waguer vivait depuis long-temps avec une femme Lucquet, marchande de modes, et en avait déja deux enfans, lorsqu'il rompit cette liaison pour contracter une union légitime. Cependant une dame Brodier avait connu chez une sœur de la femme Lucquet le sieur Wagner; celui-ci marié continua de la voir fréquemment; et cette intimité causa à la marchande de modes le plus violent dépit; son ressentiment éclata bientôt.

Après avoir pris chez la portière de

Mme Brodier tous les renseignemens qui lui étaient nécessaires, la femme Lucquet se rendit le 11 octobre dernier, entre sept et huit heures du matin, chez sa rivale. Celle-ci, obligée de se lever pour ouvrir, n'était vêtue que d'un manteau de mérinos. « Tu m'as enlevé mon amant, s'écrie en entrant la femme Lucquet; je viens d'en informer son épouse; elle me suit. Je suis enceinte de Wagner! » En vain Mme Brodier cherche à la calmer et à Ini persuader qu'elle est dans l'erreur; la femme Lucquet, hors d'elle-même, détache son schali et sa robe, découvre sa gorge, et dit : « Vois, je suis plus belle que toi. Puis tirant de son sac un flacou de verre noir, elle répand la liqueur qu'il contenait sur le seiu de la femme Brodier en disant : « Voilà comme une femme se venge! »

Saisie à l'instant des plus violentes douleurs, Mme Brodier pousse des cris et vent ouvrir la fenêtre; mais la femme Lucquet, la retenant avec violence, lui frotte la gorge et les épaules avec ses gants qu'empreignait la substance corrosive sortie du flacon, La victime finit cependant par sortir des mains de son bourreau; ses plaintes sont entendues du dehors, et la femme Lucquet est arrétée au moment où elle prenait la fuite.

Son système de défense consistait à soutenir qu'elle était complétement innocente; que dans l'intérêt de ses enfans elle s'était rendue chez Mme Brodier pour lui faire des reproches; que celle-ci avait voulu lui lancer à la figure une fiole de liqueur qui se trouvait près de son lit, mais que cette attaque ayant été repoussée, celle qui l'avait tentée était devenune par hasard victime de cette tentative. Mais on avait saisi chez l'accusée des lettres dans lesquelles elle annonce le projet du crime.

(Cette malheureuse femme Lucquet, traduite devant la cour d'assises le 22 avril, a été condamnée à six ans de travaux forcés, au carcan et à 4,000 fr. de dommages et intérêts envers la femme Brodier.)

8. Académie française. Réception de M. le duc Mathieu de Montmorency. La réception d'un nouvel académicien est toujours une solernité littéraire; mais celle-ci excitait plus qu'une autre l'intérêt ou la curiosité du public par le rang et la position politique du récipiendaire aussi se trouvait-il à cette seance une foule de personnes distinguees dans les classes supérieures de la société, entre

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lesquelles on distinguait Mme la duchesse de Berri, mère de l'auguste enfant dont le noble duc était appelé à diriger l'édu

cation.

Le récipiendaire commençait son discours comme tous ceux qui l'ont précédé, mais avec la caudeur d'une modestie vraie, par s'excuser de l'insuffisance de ses titres littéraires.

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Peut-être, dit-il, l'indulgence de l'Académie a bien voulu me tenir compte des bonnes études que j'ai eu le bonheur de faire dans l'ancienne université de Paris. (En effet, M. de Montmorency a été l'un des élèves les plus distingués du college Duplessis.)

Ne me serait-il pas facile de chercher autrement à m'expliquer l'honneur de vos suffrages? Ne le dois-je pas à votre constante fidélité, aux usages, je pourrais dire aux règles de conduite et aux exem ples dont vous avez si diguement recueilli l'héritage? L'Académie française n'a-telle pas toujours mortré ce dessein, qui n'est ni sans grandeur, ui sans utilité publique, de former dans ses rangs les plus heureuses alliances,de resserrer des nœuds de mutuel attachement et de douce copfraternité entre les grands écrivains et leurs simples admirateurs; entre ceux que recommandent à l'estime publique les glorieux succès, les bons ouvrages, et ceux qui ont toujours mis un grand prix à perpétuer les pures traditions de notre belle langue?»>

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M. de Montmorency a tiré également un parti avantageux de cette circonstance, que l'académicien auquel il succède, M. le comte Bigot de Préameneu, était plus connu par ses vertus modestes que par ses travaux littéraires, et par l'utilité de ses services que par leur éclat. La conséquence que l'orateur en a déduite n'est qu'une vérité oratoire, et ne pouvait se trouver que dans la bouche de M. de Montmorency.

Après avoir rendu un juste hommage aux qualités de M. Bigot de Préameneu, M. de Montmorency s'est plu ensuite à peindre tous les bienfaiteurs de l'humanité souffrante. Les portraits qu'il a tracés avec une vérité frappante de saint Vincent-de-Paul, de l'abbé de Boismont, de l'abbé de Besplas, de cet abbé de Fénélon, digue et infortuné neveu de l'auteur de Telemaque et de l'instituteur du duc de Bourgogne, de l'abbé Legris-Duval, successeur de l'abbé de Fénélon dans l'œuvre des Petits-Savoyards; et dans un style académique, les portraits de Cor

neille, de Racine, du cardinal de Richelieu, fondateur de l'Académic, dont des souvenirs de famille, a dit l'orateur avec l'accent le plus touchant, ne doivent pas m'empêcher de rappeler les services et la gloire de Louis XIV, de Bossuet, de Delille, de notre roi qui fut son bienfaiteur et qui a été l'objet de ses hommages.

M. de Montmorency a terminé par un hommage rendu au roi, qui venait de l'honorer de la marque la plus écla tante de sa confiance, ainsi qu'à S. A. R. MADAME. C'est la partie de son discours qu'on attendait avec le plus d'intérêt.

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Messieurs, dit-il, vous attendez encore quelques paroles de moi, et il me semble qu'un grand événement de ma vie me doune un devoir de plus à remplir envers vous. J'ai l'intime conviction que vous n'êtes pas tout-à-fait étrangers à cet immense et redoutable honneur, l'effroi de ina faiblesse et la perpétuelle occupation de ma conscience. Oui, Messieurs, quand je pense à tout ce qui me manque, à toutes les sollicitudes, à tous les besoins de garanties qui ont dû assaillir une auguste confiance, je ne peux douter, et il in'est doux de le croire, que le roi n'ait daigné faire entrer l'honneur de mon élection dans la balance de sa bonté.

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J'appelle encore à mon secours les paroles d'un roi :

<< Louis XIV commandait, dit l'illustre évêque de Meaux, à ceux à qui il confiait l'éducation de son fils, de le rendre digne de le proposer pour modèle à la jeunesse, pour exemple à la nation, pour protecteur à tous les amis de la vertu, des sciences et des lettres, Voilà le Code tout entier des institutenrs des rois, dicté par un graad Roi et transmis par un grand homme! Quand je lis ces paroles hereditaires, je crois entendre le petit-fils de Louis XIV donnant les mêmes ordres au sujet obéissant et fidèle à qui il confie l'enfant du miracle, l'espoir de la France, cette tête si chère sur laquelle se réunissent encore une fois la tendresse d'un père et les projets d'un roi. Je crois entendre l'auguste mère, qui secondera si bien les royales leçons, puisqu'elle n'aura besoin, pour inspirer à son fils le goût des lettres et des arts, que de lui montrer les seules consolations de sa noble vie; pour lui enseigner le courage et les hautes vertus, que de lui raconter son histoire et ses malheurs.

« Paroles de Louis XIV! paroles de Charles X souvenirs de Bossuet et de Fénélon, vous serez à jamais présens à

la pensée de celui qui, de l'immortel héritage de ces grands hommes, n'a recueilli que la fidélité à leurs doctrines, le goût de leurs écrits, l'admiration de leur génie, l'amour de leurs vertus, le culte de leur gloire ! »

L'émotion générale produite par cette peroraison s'est manifestée ici par des acclamations et par un mouvement universel d'enthousiasme.

M. le comte Daru, chargé, en sa qualité de directeur, de répondre au discours du récipiendaire, avait pris pour sujet principal du sien l'alliance des lettres avec les connaissances sérieuses et les études utiles.

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L'orateur rappelant les différens périodes que l'organisation académique a parcourus depuis sa fondation jusqu'à nos jours, et passant de là à M. Bigot de Préameneu et à son successeur, a loué le premier du courage politique qu'il déploya dans l'assemblée législative, de sa cooperation au Code civil, de la tolérance et de la modestie qu'il déploya dans son ministère des cultes; le second, du talent qui a signalé ses débuts à la tribune, de la bienveillance éclairée qu'il a constamment professée pour les hommes de lettres, du goût exquis, de l'élégance et de la propriété de langage qui ont signalé ses productions les moins importantes; de ces travaux qui ont gardé leur place dans le souvenir des défenseurs des libertés publiques; Mais ici, disait M. Daru, il ne s'agit plus des applaudissemens, il s'agit de la reconnaissance de la patrie.» Ailleurs, M. Daru, tout en relevant l'illustre origine de son nouveau collégue, repoussait adroitement l'idée qu'on eût pu avoir, que l'académie avait choisi dans lui un protecteur : « Cette compaguie, disait-il avec autant de fermeté que de mesure, tout en s'ho norant des illustrations sociales qui « viennent se fondre dans son sein, se « fait un devoir de ne reconnaître d'autre protection que la protection royale. » Et parlant du talent que le récipiendaire venait de montrer dans l'éloge de saint Vincent de Paul; « Ce sont, Ini dit-il, de ces portraits, dont on ne saisit bien « la ressemblance que, quand on eu a trouvé le modèle dans son cœur. »

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M. Daru termina en présentant l'hommage reconnaissant de l'académie et de la littérature française au monarque ami de la Charte, de la vérité et des lettres, dont le premier acte fut l'abolition de cette censure ennemie des lettres, inconci

liable avec la vérité, en opposition avec la Charte, qui a consacré la liberté de la presse.

Les applaudissemens de l'assemblée avaient souvent interrompu le discours de M. le directeur... Ils ont redoublé lorsque M. de Châteaubriand s'est levé pour lire un fragment de son Introduc tion à l'Histoire de France, fragment où les uns ont retrouvé le génie brillant et vigoureux de l'auteur, d'autres, une prodigalité de figures et de couleurs qui conviendrait plus au roman poétique qu'à la måle sévérité de l'histoire.

L'idée dominante de ce morceau religieux, politique et moral, est d'expliquer comment l'établissement du christianisme est devenu, non seulement un bienfait, mais une nécessité pour l'univers, à l'époque où il amena, en paraissant sur la terre, la réforme des mœurs et la reconstruction d'une société nouvelle. C'est du contraste de l'organi satiou corrompue de la civilisation romaine, et de la vie encore sauvage des habitans des déserts, que M. de Châteaubriand faisait résulter la preuve de l'influence aussi irrésistible qu'incontes table du christianisme.

Il fallait remarquer la différence des opinions sur le mérite de ce morceau; mais il est inutile de dire qu'il fut accueilli par des applaudissemens unanimes et qu'il termina la séance d'une manière digne de l'auditoire distingué quelle avait attiré.

Theatre-Francais. - On donnait dans la soirée du même jour, au Théâtre-Français, la première représentation d'une comédie en trois actes et en vers, iutitulée l'Amitié des deux áges, par M. Monier, qui l'année dernière avait donné à Lyon une tragédie de Virginie. L'objet de sa comédie nouvelle est de montrer qu'en amitié, la jeunesse sait tout sacrifier, mais que la vieillesse en oublie bien vite les plus sacrés devoirs, lorsqu'ils contrarient ses intérêts ou sou ambition. Cette idée affligeante, mais vraie, est developpée dans une action dégagée de tout incident étranger, écrite en vers élégans et faciles. On y a trouvé plus de grace que de vigueur comique, mais une sorte de candeur spirituelle et de bon goût qui ont enlevé tous les suffrages.

15. Paris. Ouverture du Jubilé. (Voy. 'Histoire, p. 126.)

Id. Berlin. Suicide.-La gazette de cette ville rapporte aujourd'hui le fait suivant :

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M. d'E..., lieutenant des grenadiers de la garde, se trouvait au bal avec deux de ses camarades. Une jeune personue laissa tomber, en dausant, une boucle garnie de diamans. M. d'E... la ramassa et la mit dans sa poche, en disant qu'il ne la rendrait qu'à la demoiselle en particulier. Un bijoutier, amoureux de la jeune danseuse, ayant entendu ce propos, et en ayant paru offensé, l'officier rendit aussitôt la boucle, mais alla le lendemain demander réparation à l'aruast. Les compagnons ouvriers se précipitèrent sur lui, lui arracherent son épée, et ne voulurent la lui rendre qu'à des conditions déshonorantes. Rentré chez lui, M. d'E.., croyant son houneur compromis, chargea son fusil et mit fiu à ses jours.

13. Melun. Exécution.-La Cour d'assises de cette ville avait été dernièrement occupée d'une cause qui présentait une effroyable accumulation d'assassinats, dont le premier remonte à 1820. Le priucipal accusé était un nommé Guiilaume, forçat libéré, qui a été convaincu d'avoir tué six personnes et condamné à mort. Une foule immense était accourue de tout le pays dont il avait été la terreur pour assister à son exécution qui a eu lieu aujourd'hui avec des circonstances qui caractérisent la profonde perversité de ce scélérat.

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Après sa condamnation, il n'a point été mis au cachot; il a été gardé à vue nuit et jour dans une chambre, où il y avait du feu. Ses gardes, autant pour le distraire que pour se distraire eux-mêmes, ont joué au piquet avec lui. Guillaume, à plusieurs reprises, leur disait en riant: Allons, 10,000 fr.; allons, cette fois, 100,000 fr., à payer dimanche matin.»> Il leur racontait, tout en jouant, diverses anedoctes de sa vie, et notamment celleei, qu'il citait comme sa plus belle action: « A l'époque de la terreur, l'argenterie et les bijoux de M. l'abbé de Flay, son parrain, furent coufisqués. Guillaume, ayant découvert le lieu où ils étaient déposés, parvint à les voler; il les vendit a un juif de Paris, et en remit fidèlement le prix à son parrain.»> M. l'aumônier des prisons, qui avait fait auprès de lui plusieurs tentatives infructueuses pour le ramener à des sentimens religieux, l'a visite le matin du jour de l'exécution. Il lui a demandé comment il allait.... Mal, a répondu << Guillaume; je sens les angoisses de la Mais vous « mort; je suis à l'agonie.

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vouliez mourir avec tant de courage, « lui a dit le respectable ecclésiastique. - Oh, je ie retrouverai,» a répliqué Guillaume, il a remercié l'aumônier de l'offre qu'il lui faisait de l'accompagner à l'échafaud. La veilie de l'exécution, il a écrit à M. le procureur du roi qu'il désirait avoir pour son déjeuner un poulet et trois bouteilles de vin, afin de finir sa vie comme il l'avait passée. Quelques heures avant l'iustant fatal, il a bu un litre de vin chaud avec du sucre, et au moment de monter sur la charrette, il a envoyé chercher pour huit sous d'absinthe, qu'il a avalée tout d'un trait. Pendant le trajet, on lui a plusieurs fois entendu dire, en jetant ses yeux sur la foule immense des spectateurs : Les imbéciles de Français, de venir voir un tel spectacle!... Ne «courez pas si vite... on ne fera rien << sans moi. » D'aussi loin qu'il a aperçu l'échafaud, il a dit: Ah! le voila; cette fois-ci je ne l'échapperai pas! Au moment de descendre de la voiture, il a prononcé ces mots d'une voix assurée: Adieu, mes amis, je suis innocent; j'ai toujours le même courage pour mourir. Il avait enfin consenti à laisser monter avec lui sur la charrette M. Mareil, curé de NotreDame et ancien aumônier de la maison de justice. Mais, pendant les exhortations de ce vénérable vieillard, il tournait la tête de tous côtés, et paraissait n'y prêter aucune attention. La crucifix n'était pas en évidence. Jusqu'au dernier moment, Guillaume n'a pas quitté son ton de plaisanterie. En arrivant sur l'échafaud, il a frappé le plancher avec son pied, en disant à l'exécuteur : « Est« ce solide ici?-Oui, ne craignez rien», lui a répondu le bourreau. Quelques secondes après, le malheureux n'était plus.

20. Paris. Odéon.-Première représentation d'Amour et Intrigue, drame en cinq actes et en vers, traduit de Schiller par M. Gustave de Wailly. - Ce drame a été jugé sévèrement par Mme de Staël, qui le met au nombre de celles des pièces de Schiller que les principes de l'art, comme ceux de la morale, peuvent réprouver; et par M. de Barante, qui y trouve un caractère marqué d'hostilité contre la classe supérieure de la société, présentée dans cet ouvrage sous un aspect faux et forcé...

« On ne peut nier, dit-il, qu'il n'y ait une intention beaucoup trop marquée dans l'écrivain aHemand, qui à affecté de

inettre tous les vices du côté du pouvoir suprême, et de flétrir sans ménagement les dépositaires de l'autorité, tandis que les vertus héroïques, la fierté des sentitimens, la bienfaisance et le courage semblent s'être donné rendez-vous dans le cœur de deux femmes, dont l'une a abjuré depuis long-temps la première vertu de son sexe, et dont l'autre, par sa position sociale et par la nature de son éducation, semble destinée à cultiver, dars une douce obscurité, la simplicité et la pudeur des mœurs domestiques.

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M. de Wailly a bien, il est vrai, pris soin d'adoucir les traits exagéres de son ouvrage, et il en est résulté que les scènes les plus fortes et les caractères les plus originaux en ont été affaiblis; mais le mérite du style a fait passer sur les défauts de la composition.

22. Paris, Police correctionnelle.- Aujourd'hui, tandis que la Cour de cassation s'occupait de la réception de M. Fréteaude-Pény, réintégré dans ses fonctions d'avocat général, à la grande satisfaction du public et de la Cour suprême, le tribunal correctionnel s'occupait d'une brochure que Me Dupin avait signalée dans sa plaidoirie pour le Constitutionnel, et qui porte pour titre: Lettre à Satan, et Réponse de Satan.

Après avoir signalé les divers délits qui se trouvent dans ce libelle, M. l'avocat du roi, Bérard-Desglajeux, en a cité plusieurs passages, et cutre autres ceux qui suivent:

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Que le roi dise, du fond de son cœur, ce seul mot: Seigneur, sauvez-moi! et le Seigneur lui répondra : Je t'ai donné ton glaive: frappe!

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«La plupart des maisons d'éducation sout comme de vastes repaires où le démon entasse les génératious présentes pour te (à Satan) les offrir en sacrifice. »

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Quel est le dessein caché d'une législation qui autorise les Français à être à la fois juifs, luthériens, calvinistes? N'est-ce pas leur inoculer l'atheisme? C'est depuis que tu as introduit ce chefd'œuvre d'impiété que tu (Satan) dis: Les Français sont à moi; leurs codes et leurs lois, leur politique et leurs institutions! » Trois personnes étaient traduites en justice à l'occasion de l'écrit incriminé; le sieur Waille comme auteur, le sieur Lachevardière comme imprimeur, et le sieur Potey comme libraire. Le premier s'est retranché dans la question intentionnelle; il a déclaré qu'en répétant ce que beaucoup d'autres avaient dit avant

lui, il n'avait aucunement voulu offenser ui le roi ni les chambres législatives; le libraire a facilement prouvé qu'il était étranger aux délits; quant a l'imprimeur, il a protesté de sa boune foi, en ajoutant qu'il était dans l'habitude d'imprimer de confiauce toutes les brochures que lui donnaient ces messieurs du bureau du Me morial Catholique. Le sieur Waille seul, déclaré coupable de provocation à la désobéissance aux lois, et d'attaques contre l'autorité constitutionnelle du roi et des chambres, a été condamné à un mois d'emprisonnement.

24. Paris, découverte singulière. Aujourd'hui vers midi, un garçon de han que passait sur le Pont-Royal, chargé d'une sacoche contenaut 9,000 francs environ. Voulant se reposer, il s'appuie sur le parapet; mais la sacoche lui échappe, et tombe dans la rivière, très profonde en cet endroit. Des plongeurs surviennent, et se mettent en devoir de repêcher l'argent; mais le premier objet qu'ils rapportent du fond de l'eau est une petite cassette de fer dont ils font l'ouverture et qu'ils trouvent remplie de louis d'or au millésime de 1784. Il y eu avait à peu près pour 12,000 francs, qu'ils se sont partagés. La sacoche a été ensuite repéchée et remise au garçon de bauque, qui voulait témoigner sa gratitude aux plongeurs; mais ceux-ci ont généreusement refusé la récompense, et ont forcé le porteur du sac à accepter quelques-unes des pièces d'or que le hasard leur avait procurées.

27. Paris, Cour d'assises, affaire d'Henriette Cornier.- renvoyée à une autre session pour que son état mental soit constaté. (Voy. art. du 24 juin, )

MARS.

1. Paris. Découverte. Nouvelle machine.-M. Payen, récemment arrivé de Londres, a fait à la société philomathique une communication très intéressante sur une nouvelle machine qui paraît destinée à suppléer aux inconveniens des machines à vapeur à hante pression, et qui, sous ce rapport, serait à la machine à vapeur ce que celleci est aux manèges et aux autres mécanismes qu'elle a remplacés avec tant d'avantage.

L'inventeur est M. Brunel, ingénieur français, que des travaux en Amérique et en Angleterre ont rendu justement célèbre, et qui en ce moment s'occupe de construire un passage sous la Tamise.

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