1 un mot bien remarquable, que que ces derniéres efpéces de la brutale volupté foient de grands péchez; les autres, comme dit Tertullien dans fon livre de la Pudicité, font des monftres d'iniquité & de péché. Or Caffien ne croit pas, ni moy non-plus que S. Bafile ait voulu s'accufer d'un déreglement pareil, quand il dit qu'il n'étoit pas vierge: Et je croy avec raison, qu'il n'entendoit parler que des feules penfées voluptueufes, qui ne font que fallir l'imagination, l'efprit & le cœur ; dont la chasteté a toûjours été fi chére aux ames généreufes,qu'elles en ont été extrêmement jalouses. N'ayez jamais de commerce avec des perfonnes, dont vous connoîtrezque les mœurs foient gâtées par la volupté; fur-tout quand l'impudence eft jointe à l'impureté, ce qui arrive prefque toûjours. L'on prétend que fes Boucs touchant feulement de la langue les Amandiers, qui font doux de leur efpéce, en rendent le fruit amer: Et ces ames brutales & infectes ne parlent guére à perfonne, ni de même (exe, ni de fexe différent, qu'elles ne faffent un grand. tort à leur pudeur; femblables aux Ba-filics, qui portent leur venin dans leurs yeux & dans leur haleine. Au contraire faites une bonne liaison avec les perfonnes chaftes & vertueufes, occupez-vous fouvent de la lecture des livres facrez; car la parole de Dieu eft chafte, & rend chaftes ceux qui l'aiment : C'eft pourquoy David la compare à cette pierre précieufe, qu'on appelle Topafe; & dont la propriété fpéciale eft d'amortir l'ardeur de la concupifcence. Tenez-vous toûjours auprés de Jefus-Chrift crucifié, foit fpirituellement par la méditation, foit réellement & corporellement par la fainte Communion. Vous fçavez que ceux qui couchent furl'herbe nommée Agnus caftus, prennent infenfiblement des difpofitions favorables à la chafteté : Penfez donc, que repofant vôtre cœur fur notre Seigneur qui eft véritablement l'Agneau immaculé ; vous trouverez bien-toft vôtre ame, vôtre cœur & vos. fens entierement purifiez de tous les plaifirs fenfuels. CHAPITRE XIV. Dela Pauvreté d'efpirt dans la Ienheureux font les pauvres d'efprit, B parce que le Royaume des cieux eft à eux: Malheureux donc font les riches d'efprit, parce que la mifére de l'enfer eft pour eux Celuy-là eft riche d'efprit, qui a l'efprit dans fes richeffes, ou fes richeffes dans fon efprit: Et celuy-là eft pauvre d'efprit, qui n'a nulles richeffes dans fon efprit, ni fon efprit dans les richeffes. Les Alcyons font leur nid d'une conftruction admirable: Laforme en eft femblable à une pomme, & ils n'y laiffent qu'une trés-petite ouverture par en haut; ils le placent fur le bord de la mer, & le font fi ferme & fi impénétrable , que quand elle vient fondre fur le rivage avec fes flots, il n'y peut entrer aucune goutte d'eau, parce qu'il tient toûjours le deffus des vagues, dont il prend le mouvement: Ainfi il demeure au milieu de la mer, fur la mer, & maître de la mer. C'eft l'image de vôtre cœur, Philothée, qui doit toûjours être ouvert au ciel, & toûjours impénétrable à l'amour des biens périffables: Si vous êtes riche, conservez vôtre cœur dans un grand détachement de vos richeffes, & qu'il s'élève toûjours au-deffus d'elles, de forte qu'au milieu des richeffes, il foit fans richeffes, & maître des richeffes, Non, ne permettez pas que cet efprit célefte fe plonge dans les biens terreftres: Et faites au contraire, que fupérieur à ce qu'ils ont de plus aimable, il s'élevé de plus en plus vers le ciel. 1 Il y a bien de la différence entre avoir du poifon, & être empoisonné ; Ceux qui font la Pharmacie , ont prefque tous des poifons pour plufieurs bons ufages de feur art; & l'on ne peut pas dire pour cela, qu'ils foient empoifonnez, puifqu'ils n'ont ces poifons que dans leurs cabinets. Ainfi vous pouvez avoir des richeffes, fans que le poifon qui leur eft naturel, aille jufqu'à vôtre cœur; pourveû que vous les ayez feulement en vôtre maifon & non pas dans votre cœur. Eftre riche en effet, & pauvre d'affection; c'eft le grand bonheur du Chrétien: Car il a tout enfemble les commoditez des richeffcs pour ? |