Images de page
PDF
ePub

Saint Paul dans les regles qu'il donne de l'œconomie chrétienne, laiffe en partage aux femmes le foin de la maifon: Et véritablement l'on a raison de croire que leur piété eft plus utile au bon ordre d'une famille, que celle de leurs maris, qui font trop occupez des affaires du dehors, pour pouvoir regler leur Domestique. C'eft auffi pour cette raifon, que Salomon en fes Proverbes attribue l'ordre & le bonheur de la famille, à la prudence & aux foins de la Femme forte, dont il nous fait le caractére.

L'Ecriture nous apprend, qu'Ifaac pria le Seigneur pour Rébecca fa femme qui étoit ftérile; & le Texte Hébreu marque que l'un & l'autre prioit chacun de fon côté ; & leur priére fut exaucée: Voila juftement la plus excellente, & la plus utile union qui puiffe être entre un mari & une femme, que celle de la dévotion, à laquelle ils fe doivent porter l'un l'autre avec une fainte émulation. Car un homme fans la dévotion eft naturellement fâcheux, violent, dur & incommode; femblable à ces fruits, qui ayant un fuc trop âpre, comme le Coin, ne font guéres bons qu'en confiture: Et une femme

[merged small][ocr errors][merged small][ocr errors][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors]

fans la dévotion eft extrémément foible, fragile, & fujette à perdre ce qu'elle a de vertu ; femblable à ces fruits tendres & délicats comme la Cerife,qui ne confervent jamais leur bonté qu'étant confits. L'homme infidelle, a dir faint Paul, eft fanctifié par la femme fi delle; & la femme infidelle fanctifiée par l'homme fidelle; parce que l'amour conjugal porte un grand attrait à fuivre la vertu où elle paroît : Mais quelle bénédiction répandra donc le Ciel, fur un mari & une femme tous deux fidelles ; qui fçavent fe fanctifier l'un l'autre, par une véritable crainte de Dieu?

Au reste, il faut qu'ils fçachent fi bien fe fupporter l'un l'autre dans leurs imperfections, que du moins ils ne fe fâchent jamais tous deux en même temps; de peur de donner lieu à de mauvaises conteftations & à la diffention: Parce que comme les Abeilles ne s'arrêtent pas dans les lieux, où l'on entend la voix retentir par des Echos; le faint Efprit n'habite point en une maifon de tumulte, de bruit, & de querelles.

Nous fçavons de faint Grégoire de Nazianze, que de fon temps les Chré-tiens. faifoient tous les ans une Fête du R. V.

jour de leur mariage : Et j'approuve rois fort cet ufage parmi nous, pourveûr que l'on voulût en bannir toute la joye mondaine & fenfuelle; de forte qu'on fanctifiât ce jour par la Confeffion & la Communion, par l'application à demander au Seigneur la continuation de fes bénédictions, par le renouvellement des intentions & des defirs de fe fauver, & par une nouvelle proteftation d'amitié & de fidélité; car ainfi on prendroit de nouvelles forces en Jefus-Chrift, pour remplir tous les devoirs de fon état, & en foûtenir patiemment les peines.

CHAPITRE XXXIX.

De l'Honnêteté du lit nuptial.

Limaculé, c'est-à-dire, exempt de 'Apôtre appelle le lit nuptial, imtoute forte d'impureté: Et c'eft

être

peutpour cette raifon que Dieu voulut inftituer le prémier mariage dans le Paradis terreftre, où il n'y avoit encore eût aucun déreglement de la cupidité.

Or pour vous expliquer la perfe

[merged small][ocr errors][ocr errors][ocr errors][ocr errors][ocr errors]

tion que l'Apôtre exige des perfonnes mariées fur cet article; je me fers d'une comparaifon affez naturelle, & c'est. celle de la nourriture & de la tempérance. 1. La nourriture eft néceffaire à la confervation de la vie ; & pour cela l'ufage en eft bon, faint, & commandé. 2. Cependant manger non pas préci fément pour cette fin, mais pour s'ac quiter des devoirs aufquels la fociété humaine nous oblige les uns envers les autres, c'est une chofe jufte & honnête.3. Si l'on mange par la raifon de ces devoirs, il faut que ce foit avec une douce liberté, & en marquant qu'on y prend plaifir. 4. Manger fimplement pour contenter fon appétit, c'eft une chofe fupportable, mais nullement loüable: Carle fimple plaifir de l'appé tit fenfuel, ne peut rendre une action honnête; & c'eft bien affez fi elle eft fupportable. 5. Manger au-de-là de fon appétit & par excez, cela eft plus ou moins blâmable à proportion de l'excez : Et cet excez ne confifte pas feule ment en la quantité, mais auffi en la maniére. 6. C'eft une marque d'une ame baffe, groffiére & toute animale, de faire tant de réflexions, & de s'épancher en paroles fur les viandes

R vi

[ocr errors]

avant le repas, & encore plus aprés : Comme font plufieurs fottes gens, qui ont toûjours l'efprit dans les plats; qui préviennent fans ceffe, ou rappellent le plaifir de la bonne chére; & qui en un mot font, comme dit faint Paul, un Dieu de leur ventre : Aulieu que les honnêtes gens ne penfent à la table, qu'en s'y mettant; & fe lavent les mains & la bouche aprés le repas, pour n'avoir plus ni le goût, ni l'odeur des viandes.

Voila les regles qui font communes à la tempérance, & à l'honnêteté du lit conjugal.

1. L'ufage des droits du Sacrement étant néceffaire à la propagation de la fociété humaine, il eft indubitablement honnête, loüable, & fpécialement faint dans le Chriftianifme.

2. Cet ufage eft appellé par l'Apôtre un devoir reciproque;un devoir fi grand que bien qu'on puiffe ne pas l'exiger, l'on eft indifpenfablement obligé de le rendre : De maniére que l'un n'y puiffe manquer, fans le libre confentement de l'autre; non pas même pour les exercices de la dévotion, beaucoup moins pour des prétentions capricieufes de vertu, pour des aigreurs, & pour des mépris

« PrécédentContinuer »