Oraifon de faint François de Sales, qui préfente fon ouvrage à Jefus Christ. O Doux Jefus, mon Seigneur, mon Sauveur, & mon Dieu, me voicy profterné devant vôtre Majefté, pour vous préfenter cet ouvrage, &le confacrer à vôtre gloire. Animez en toutes les paroles de vôtre fainte bénédiction; afin que les Ames pour l'édification defquelles je l'ay entrepris, en puiffent recevoir les faintes infpirations que je leur defire, & Spécialement celle d'implorer efficacement fur moy vôtre immenfe mifericorde: De peur qu'en montrant aux autres le chemin de la Dévotion en ce monde, je ne fois réprouvé & confondu éternellement en l'autre. Faites donc ô mon Dieu qu'à jamais je chante avec elles, pour le cantique éternel du triomphe de vôtre amour,cette parole que je prononce maintenant de tout mon cœur comme une marque de l'inviolable fidélité que je veuxvous garder parmi les hazards de cette vie mortelle: Vive JESUS, Vive JESUS. Ouy Seigneur JESUS, vivez & regnez en nos Cours aux fiècles des fiècles.. Ainfi foit-il. C PREFACE DU SAINT. Mon cher Lecteur, je vous prie de lire cette préface pour votre fatisfaction, & pour la mienne. NE femme nommée Glycéra fçavoit fi bien diverfifier la difpofition & le mêlange desmêmes fleurs,dont elle faifoit fes bouquets, qu'ils paroiffoient fort différents les uns des autres: Et l'on dit que Paulas célébre peintre, voulant imiter cette diverfité d'ouvrage, ne put jamais avec toute la variété de fes couleurs, exprimer tant de divers afförtimens. C'eft ainfi: que le faint Efprit qui nous donne tant d'inftructions fur la Dévotion la plame & par la bouche de fes fer 7 , par viteurs, fait entrer dans leurs difcours une fi heureuse variété, qu'encore que la doctrine y foit par tout la même, la méthode dont ils font compofez nous y fait trouver une grande différence. Je ne puis donc certainement & ne prétens en aucune façon rien dire dans cette Introduction, que ce qui a été dit par ceux qui ont écrit fur ce fujet avant moy. Ce font pour ainfi parler, mon cher Lecteur, les mêmes fleurs qui ont paffé déja par les mains des autres, que je vous préfente icy: Mais le bouquet que j'en ay fait, fe trouvera tout différent par la diverfité de la difpofition que je leur ay don née. Ceux qui ont traité de la Dévotion, ont eû prefque tous en vûël'inftruction des perfonnes, qui font fort retirées du commerce du monde: Ou du moins ils ont enfeigné une forte de dévotion, qui conduit à cette retraite entiére & univerfelle. Pour moy, je me fuis propofé d'inftruire les perfonnes qui vivent dans les villes, dans leurs ménages, & même à la Cour ; qui font obligées par leur condition à un certain dehors d'une vie commune ; & qui fouvent fous le prétexte d'une préten düe impoffibilité, ne veulent pas feulement penfer à effayer ce que c'est que vie dévote. Ils veulent toûjours. croire que comme aucun animal n'ofe goûter de la graine de la plante que les Naturaliftes appellent Palma Chrifti; nul homme occupé des affaires du fiécle ne doit afpirer à la palme de la Piété Chrétienne: Mais qu'ils fçachent que la Grace n'eft pas moins féconde en fes ouvrages que la Nature. Les Mére-perles fe forment & fe nourriffent dans la mer, fans en prendre une feule goutte d'eau; toute amére & falée qu'elle eft, on y trouve des fources d'eau douce, vers les Ifles Chélidoines; & les Pyrauftes volent au milieu des flammes, fans fe brûler les aîles: De même une ame foûtenue par une généreuse résolution peut vivre dans le commerce du monde, fans en prendre l'efprit, goûter la douceur du fervice de Dieu, parmi toutes les amertumes du fiécle; & à travers toutes fes convoitises les plus ardentes,s'élevenà Dieu par les defirs fincéres de fon amour. Il eft vray que cela porte de grandes difficultez: Et c'eft pourquoy je voudrois bien, qu'on s'appliquât avec plus d'ardeur, qu'on n'a pas fair |