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doctrine de Luther ou de Calvin dans fes Etats eft de nature à y produire de funeftes effets, ne doit-il pas, en vertu de la décifion de notre Docteur, faire tout ce qui eft en lui pour empêcher 2. que cette doctrine ne s'y introduife? Voilà donc nos Rois juftifiés par les principes mêmes de l'Auteur Proteftant.

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4°. Il abandonne fans peine au bras fèculier les Athées, les Matérialistes, & autres Impies de cette nature. Mais quoi! ne vient-il pas d'applaudir à cette Tolérance univerfelle qu'il prétend que toute l'Antiquité profane accordoit à toutes les Sectes & à toutes les opinions des Philofophes? Exclut il de cette tolérance Straton ou Epicure? Ou penset-il que les principes de ces deux Philofophes ne combattent point les préceptes généraux de la Morale? Il plus, Monfieur. Pour prouver que l'Eglife de JESUS-CHRIST doit tolérer ces Philofophes, l'Auteur cite en exemple la tolérance que la Synagogue accordoit aux Sadducéens qui, felon lui-mênioient la réfurrection des morts & l'immortalité de l'ame [h], qui nioient

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[h] Ibid. p. 164.

y a

même l'existence des Efprits, comme le témoigne l'Ecriture-fainte [i]. Il veut donc qu'on tolére les Matérialistes & autres gens qui ont des principes pernicieux à la fociété, en même temps qu'il décide qu'on ne doit leur accorder aucune tolérance. Pourquoi fe mêler d'écrire, quand on combine fi mal fes idées, & qu'on entend fi peu les matiè res que l'on traite? Comment l'Auteur n'a t-il pas fenti qu'approuver, comme il le fait, l'ancienne Rome d'avoir adopté tous les cultes & accueilli indiftinctement toutes les Sectes des Philofophes, c'étoit demander encore aujourd'hui la même faveur pour tous ces cultes & pour toutes ces Sectes? Je dis que l'Auteur approuve cet usage de l'ancienne Rome: & en effet n'eft-ce pas l'approuver hautement, que de dire d'un ton d'approbation: » Les Dieux de tou» tcs les Nations devinrent les Dieux » de Rome; parce que Rome devint » la maîtreffe de toutes les Nations? Elle »ne fit pas un moindre accueil à tou»tes les Sectes des Philofophes qu'elle » rencontra dans le monde, & elle leur

[i] Act. c. 23. ¥. 8.

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permit de foûtenir leurs fentimens » avec autant de liberté qu'ils l'avoient » fait à Athènes & à Corinthe [k] «

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5o. Quelles font les bornes de la Tolérance que demande l'Auteur? Jugeons en par ce qu'il nous dit, qu'il n'y avoit que l'aimable Tolérance qui put rendre tranquilles tous les anciens peuples, qu'ils ont joui fous fes aîles d'un repos inaltérable & fans fin. Il est évident que ceci doit s'entendre de la Tolérance la plus illimitée : car fi on en eût excepté une feule Secte, ce repos univerfel n'eût point eu lieu. Or ce fyftême d'une Tolérance fans bornes eft moins digne d'un Proteftant que d'un Déifte, ou plutôt d'un Athée, d'un Pyrrhonien : c'eft ainfi que puifer fa doctrine chez les plus grands Impies. Nous ne croyons cependant pas qu'il le foit lui-même; mais il pofe des principes dont il ne voit pas les fuites naturelles il avance des affertions manifeftement contradictoires, dont il n'apperçoit pas la contradiction: peut-être

P'Auteur va

[k] L'Efp. de J. C. fur la Tolér. p. 139.

même y trouve-t-il une liaifon admira ble. Que faire à cela, Monfieur ? Le plaindre & le détromper, s'il eft pof fible.

Je fuis, &c.

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L'intolérance eft-elle un dogme de l'Eglife Catholique ?

Ous avons déja dit, Monfieur, N qu'il falloit diftinguer deux fortes d'intolérances, l'une Ec cléfiaftique, l'autre civile ; & nous avons fait voir que la première qui fe borne à anathématiser toute doctrine. contraire à la doctrine de JESUS CHRIST, étoit effentielle au Chriftianifme. Mais PAuteur de l'Esprit de Jefus - Christ, &c. les confond toutes deux, pour l'in térêt de fa caufe; il vous préfente l'intolérance en général comme un dogme de l'Eglife Romaine, lors même qu'il ne parle que de l'intolérance purement' civile, C'est ce qui lui arrive fur- toug

Tome XII, Décembre 1760, P

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