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pécher, lorsque fa confcience eft er»ronée. N'y auroit-il pas là quelque » contradiction? Nullement. Si cet homme péchoit précisément parce qu'il obéit à fa confcience erronée » la contradiction feroit réelle

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fon crime ne confifte pas en cela. En quoi ce crime confifte t-il donc » confifte uniquement en ce que l'hom » me dont nous parlons, ne fait pas » tout ce qui dépend de lui pour recti» fier fa confcience & pour fortir de »fon erreur. C'eft cette négligence » feule de fa part, qui le rend non» feulement criminel, mais encore ref »ponfable de tous les maux que fon » erreur lui fait commettre [k]. Je ne trouve ici que des mots, Monfieur & je n'y apperçois nul fens. L'Auteur y divife des objets qui ne fçauroie nr être divifés. La confcience erronée eft celle d'un homme qui ne fait pas tout ce qui dépend de lui pour la rectifier. Or fi c'eft fa négligence qui fait fon crime, par une conféquence nécessaire c'eft fa confcience qui le fait. D'ailleurs fans cette négligence, il auroit donc

[k] Ibid. p. 355.

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fait tous fes efforts pour trouver la vérité. Dans ce cas, ou il l'auroit trouvée en effet, & fa confcience ne feroit plus alors une confcience erronée : ou il n'auroit pas eu le bonheur de la trouver, & dès lors fa confcience feroit erronée invinciblement; ce qui l'excu feroit de peché. Donc l'addition faite par l'Auteur pour fe difculper de contradiction, n'a fervi qu'à le faire tomber dans une contradiction nouvelle, puifque tout fon raifonnement revient à dire que la confcience erronée rend & ne rend pas l'homme coupable.

Mais il faut entendre ce qu'il ajoûte. En un mot, dit-il, il eft fi vrai » que fa faute ( celle d'un homme dont » la confcience n'eft pas erronée invin» ciblement) ne vient que de là, que » fi fon ignorance étoit invincible, on

ne pourroit l'accufer ni d'ignorance » ni de négligence, ni d'aucun des » maux qu'il auroit caufés. De cette » manière, pourfuit-il, nous n'étendons » pas trop loin les droits de la con» fcience erronée, c'est à-dire jusqu'à » juftifier généralement tout ce qu'elle fait faire; & d'un autre côté, nous

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» confervons en fon entier la règle invariable établie de Dieu en matière » de mœurs, qui eft de fuivre fes lu» mières préfentes [7].« Il est trèsconstant, Monfieur, que le crime de celui qui fuit une confcience erronée, ne vient que de fa négligence à s'inftruire.. Mais ce n'eft que par cette négligence que fa confcience eft erronée: pár conféquent la diftinction que l'Auteur ima gine ici, n'a rien qui puiffe fatisfaire un efprit raisonnable.

Mais est-il vrai qu'il n'étende pas trop loin les droits de la confcience erronée? On voit bien qu'il voudroit les reftreindre, & ne leur pas donner la même étendue que Bayle. Malheureufement fes principes ne répondent pas à fon intention. Son premier principe en cette matière, c'eft que la confcience, même erronée, eft la plus ancienne & la plus facrée de toutes les loix. Or telle eft la maxime de Bayle. Ce der nier a pouffé cette maxime jufqu'à fes dernières conféquences: il en a conclu, comme nous l'avons vu ci-devant, que

[] Ibid. p. 356.

les droits de la vérité putative font égaux à ceux de la vérité réelle. Pourquoi l'Auteur que nous réfutons maintenant, n'a-t-il pas eu affez de logique pour admettre auffi cette conclufion? Où plutôt, Monfieur, pourquoi n'a-t-il pas eu l'efprit affez jufte & le cœur affez droit pour rejetter avec indignation le principe abfurde & impie d'où elle découle? Il eft vrai que ce principe eft la base de tout fon Livre: mais a-t-on befoin de Livres, qui ont besoin d'un pareil appui ?

Je fuis, &c.

LETTRE

XXXV.

Que le fyftême de l'Auteur de l'Esprit de JESUS-CHRIST, &c. favorife l'irréligion.

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vous fuivez de près les plus zélés Prôneurs de la tolérance, vous verrez, Monfieur, qu'ils tendent fourdement à l'indifférence, & conféquemment à la ruine de toutes les Religions: le fcepticisme eft la voie qui les y conduit.

Nous vous avons déja montré que l'Auteur de l'Esprit de Jefus Chrift, &c. pofoit fur la confcience des principes deftructifs de toute Religion; & cela, Monfieur, en faisant trop valoir une faufle certitude: voyons le maitenant aller au même but par une route toute oppofée, c'est-à-dire par la méthode des Sceptiques. » Un homme, dit-il, » se présente & annonce une doctrine qu'il dit importante. Ecoutons le 28 donc. S'il nous convainc de fa vérité, » il faut le croire; s'il ne débite au » contraire que des fauffetés & des men

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fonges, il faut le confondre comme »il mérite [a]." On veut donc, Monfieur que tout Chrétien foit perpétuellement dans la difpofition d'un homme qui cherche la vérité, & qui ne fçait pas fi ce qu'il a regardé jufqu'à préfent comme vérité de foi, l'eft en effet. Sur ce point ainsi que fur beaucoup d'autres, l'Auteur n'a fait que copier Bayle. >> Tout homme, dit celui-ci, ayant éprouvé qu'il eft fujet à l'erreur, & qu'il voit ou croit voir en vieilliffant » la fauffeté de plufieurs chofes qu'il

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[a] L'Esprit de J. C. fur la Tol. p. 189.

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