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Mavrocordatos et Colocotroni. - Plan de campagne d'Odyssée. — Arrivée de Sélim pacha à Thaumacos.- Division de douze mille hommes qu'il envoie dans la Magnésie; — battue les Grecs. par -Mort d'Abdoulla pacha qui la commandait. Invasion de la Phocide

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les Turcs.

par Panorias. par

Battus

Ils brûlent le

Ils sont attaqués et battus par

Odyssée dans la vallée du Permesse, - à Dobréna, — rejetés dans la Béotie.

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Ils y égorgent trois cents femmes et Défaites successives que leur font éprouver Ni

Ils ren

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cétas, Scaltzo Dimos, Diamantis, Cara Tassos. trent en Thessalie. Courage de Modéna Mavrogénie. Apathie du capitan-pacha. - Monopole auquel il se livre. Peste sur sa flotte. Ne peut ravitailler l'Acrocorinthe. - Échec qu'il éprouve dans le golfe de Cyllène. — Épuisement des finances des Grecs. Mauvaise administration de leurs chefs. — Le président du pouvoir exécutif part pour l'armée. Dissensions dans le gouvernement hellénique. - Meurtres. Anarchie. Discours d'A. Mavrocordatos. Il se démet de la présidence du corps législatif. -Orgueil de Colocotroni. — Échec éprouvé par Khoreb pacha au port de Calydon. - Mort du Réala bey. - Succès partiels des Hellènes. - Audace de quatre femmes de Iolcos, qui montent des corsaires. Alarmes du capitan-pacha.

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Seconde et formidable invasion des Turcs dans la Hellade. Défection de l'amiral Khoreb pacha. Nouvelles qu'il colporte dans l'Anatolie.

CONQUEREZ le Péloponèse, disait au divan le comité directeur de ses plans, car en attaquant les iles de l'Archipel, leurs populations reflueraient vers cette partie volcanisée du continent, et leurs

désastres tourneraient au profit de l'insurrection qu'il faut étouffer dans le sang de ses fauteurs.

Du sang, toujours du sang! Ce cri parti de Smyrne et le ton menaçant, quoique amphibologique, de la prétendue déclaration du congrès de Vérone, annonçaient aux Grecs qu'il n'y avait de salut pour eux que dans la victoire. Déja leurs croisières éparses se rapprochaient de l'Archipel, comme ces corps d'éclaireurs qu'un général rappelle au moment d'une grande bataille. Les navarques chrétiens savaient qu'en y comprenant les escadres barbaresques, la flotte du capitan-pacha se composerait, dans le courant du mois de mai, de cent vingt voiles de guerre.

D'après les dispositions du gouvernement Hellénique, on s'était mis en mesure d'opposer à ces forces, non des bâtiments de l'échantillon de ceux des Turcs, puisqu'on n'en avait pas, mais ces navires agiles, convenables à une mer entrecoupée d'iles, qui avaient immortalisé jusqu'alors l'étendard de la croix. Les Hydriotes avaient en conséquence armé quarante bricks de premier rang, portant huit cents canons, montés par quatre mille huit cents marins, auxquels ils avaient joint douze brûlots. Psara équipait vingtquatre navires de même rang, équipés de quatre cent quatre-vingts canons et de deux mille huit cent quatre-vingts hommes, l'élite de leur marine, avec six brûlots. Spetzia fournissait le même nombre de bâtiments, d'équipages, d'artillerie et de brûlots, de sorte, que sans compter les armements particuliers des autres îles de l'Archipel, l'escadre grecque devait

être composée de quatre-vingt-huit voiles de guerre, armées de dix-sept cent soixante canons et de dix mille cinq cent soixante matelots.

Malgré ces moyens de défense, comme on savait qu'on n'était pas en mesure de se présenter en ligne devant l'ennemi à cause de la supériorité de ses frégates, les Psariens, qui croyaient leur île menacée, redoublaient d'activité pour se mettre en état de résister à toutes les forces de terre et de mer de l'empire Ottoman. Hommes, femmes, enfants, étaient sans relâche occupés aux travaux des fortifications, en s'animant tour-à-tour par des chants religieux ou guerriers, qui échauffaient les esprits de la multitude du plus véhément enthousiasme, quand un de leurs bâtiments vint annoncer que la flotte des barbares était arrivée aux Dardanelles. Il avait échappé miraculeusement à l'escadre algérienne au milieu de laquelle il était tombé. On avait aperçu sa manœuvre des hauteurs de Psara, lorsque canonné et poursuivi, il s'était subitement entouré d'une fumée épaisse, au moyen d'une grande quantité d'algue marine étalée sur ses gaillards, à laquelle il avait mis le feu. On le reçut au milieu des acclamations, et on ne douta plus que la Providence veillât au salut de Psara, dont on compléta le système de défense, en établissant deux télégraphes qui servaient à communiquer et à recevoir les avis de l'intérieur et de l'extérieur de la place.

Ces mesures étaient relatives à une attaque par mer, car les levées qu'on faisait alors dans l'Anatolie

n'étaient importantes qu'aux yeux du Spectateur oriental, qui annonçait emphatiquement l'arrivée de vingtsix chameaux chargés de munitions de guerre destinées à composer le fond d'une nouvelle expédition contre Samos. Nous ignorons si l'Observateur autrichien releva cette particularité importante; mais ce qu'aucun de ces héroïques avocats de la cause turque n'osa sans doute publier, c'est que les Samiens ne furent pas plus tôt informés de l'arrivée de ces vingtsix chameaux à Scala-Nova, qu'ils débarquèrent aux douanes de ce port, où ils enlevèrent les munitions qui devaient servir à les foudroyer.

Pendant ce temps, un navire Spetziote coupait les vivres aux Turcs assiégés dans la place de Candie. Il avait aperçu, en relâchant à Standia, deux bricks ottomans occupés à transborder des provisions de bouche sur trois navires anglais, qui devaient les consigner au sérasker Hassan pacha. Il s'en empara (quoique les connaissements fussent au nom de la maison anglaise Briggs d'Alexandrie) ainsi que des transports ennemis, en donnant, pour prix du fret, aux bâtiments étrangers, quelques tonneaux de marchandises, ainsi que les esclaves turcs qu'il leur abandonna. Le héraut des bazars de Smyrne, en rapportant cette mésaventure, s'en dédommageait en annonçant qu'il venait de partir pour Constantinople dix-huit compagnies de cinquante hommes chacune pour faire partie de l'armée destinée à agir contre les Hellènes. C'étaient les contingents d'autant de Déré-beys ou princes des vallées de l'Anatolie, qui s'étaient

rachetés à prix d'argent de l'honneur d'aller en personne moissonner des lauriers dans le Péloponèse, qu'on devait reconquérir (1).

Les palmes du mont Ida ne tentaient pas davantage les mahométans asiatiques, informés que les Crétois brûlaient tout ce qui était turc, dans la crainte que leurs soldats, en s'emparant des dépouilles des vaincus, ne répandissent la peste dans les campagnes. Depuis ces effroyables mesures sanitaires, les garnisons ottomanes épouvantées, qui n'osaient sortir des forteresses, s'éteignaient en détail. Chaque jour la mortalité s'accroissait, quand l'insurrection en masse des habitants de Kissamos et de Sélino, auxquels les Péloponésiens avaient envoyé des armes dès qu'ils se furent emparés de l'arsenal de Nauplie, augmenta le malaise général des Turcs, en refoulant ce qui restait de barbares, dans les forteresses de la Sude et de Spina-Longa.

Les choses en étaient à ce point au moment où l'harmoste Emmanuel Tombazis, ayant pris terre dans le golfe de Cydon avec deux mille Péloponésiens, établit son quartier-général à Saint-Théodore. Voulant sans doute justifier le titre de conciliateur dont il était revêtu, il s'empressa de proposer une capitulation aux Turcs renfermés au nombre de dix-huit cents

(1) De ces dix-huit bayracks ou compagnies, il n'arriva à Constantinople que 72 hommes portant, à la vérité, les 18 drapeaux; le reste ayant déserté chemin faisant. (Note de M. Voutier.)

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