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scientifique où M. J. Macé excelle, les Métamorphoses d'une goutte d'eau, par Mme Carraud'. Il est impossible de donner à la première instruction de l'enfance une forme plus gracieuse. C'est une suite d'historiettes sans prétention, dont les héroïnes, une goutte d'eau, une fourmi, une guêpe, etc., racontent leurs vicissitudes et expliquent, chemin faisant, les grandes lois de la nature, réduites à leurs notions élémentaires.

Comme tentatives de vulgarisation, nous avons signalé, les Entretiens populaires de l'Association polytechnique, publiés par M. Evariste Thévenin. Il en a donné cette année une nouvelle série où la science tient la première place sans exclure les études d'économie politique ou même de littérature. Les noms de MM. Babinet, Trousseau, de Lesseps, Bourchardat, Barral, Ed. Thierry, Samson, suffisent à indiquer la variété des leçons réunies dans ce nouveau volume.

Des recherches d'un ordre plus spécial, se recommandent par l'autorité du nom de leur auteur. Tel est le livre qu'un des ingénieurs les plus distingués, M. Eugène Flachat, intitule les Chemins de fer en 1862 et en 1863. La grande industrie est tellement mêlée aujourd'hui à tous les intérêts et à toutes les relations de la vie, qu'on aime à voir soumettre au public les questions qui peuvent se débattre devant les commissions officielles. Sur un sujet plus restreint, l'Utilité de l'ouverture permanente des villes fortifiées, de M. Labry, ingénieur des ponts et chaussées, devient une étude sur la routine administrative et l'esprit communal, et l'auteur se met sous le patronage de cette pensée extraite des OEuvres de Napoléon III:

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1. Hachette et Cie, in-18, 216 p. 2. Même librairie, in-16, 390 p. p. 439-450.

3. Même librairie, in-8, 304 p.
4. Eug. Lacroix, gr. in-8, 228 p.

avec 50 vignettes.

Voy. t, V de l'Année littéraire

« Le meilleur moyen de travailler au bien-être de l'humanité, c'est d'abattre les barrières qui séparent les hommes, les races et les nations. »

Ces trop courtes indications de bibliographie scientifique seraient convenablement couronnées par l'étude d'un livre historique important, l'Ancienne Académie des Sciences, de M. Alf. Maury1; mais ce n'est que le début d'une publication plus vaste ayant pour sujet l'histoire des anciennes académies, et qui, par d'autres parties, rentrera mieux dans notre cadre. Disons aujourd'hui, que M. Maury établit, dès le début de son œuvre, entre la gloire scientifique et la gloire littéraire, un antagonisme contre lequel d'illustres écrivains avaient protesté. Rabaissant l'imagination, le goût, la raison elle-même, il élève les mathématiques et les sciences physiques non-seulement au-dessus des lettres et des arts, mais aussi des sciences morales, par un motif assez étrange : « C'est que les premiers besoins auxquels l'homme doit faire face sont les besoins matériels; les besoins moraux ne viennent qu'après eux. Pour penser et pour sentir, il faut, en effet, d'abord vivre et se nourrir. >> A ce propos, M. J. Cherbuliez, dans sa Revue Critique remarque avec beaucoup de justesse, que, pour être logique, il faudrait accorder aux cuisiniers la première place dans l'Académie des sciences. Lapiace, Arago, Biot et tant d'autres entendaient mieux que cela l'union fraternelle des lettres et des sciences.

1. Didier et Ci•, 1 vol. in-8.

RECUEILS PÉRIODIQUES.

Mouvement de la presse périodique littéraire en 1863.

Parmi les journaux qui naissent et meurent dans l'année, je n'en vois point dont l'avénement ou la disparition ait eu le caractère d'un événement littéraire. Ce n'est pas que la fécondité ne soit toujours très-grande dans le monde de la presse périodique, de la petite surtout. Le monde des journaux politiques, sous l'empire de lois qui maintiennent leur propriété comme un privilége, ne tendent pas à diminuer ou à s'accroître. Quelquesuns se transforment, comme l'Écho de la Presse qui devient la Nation et reste dans les rangs de la presse conservatrice. D'autres ne recouvrent l'autorisation de traiter les matières politiques que pour en user dans un intérêt d'un ordre spécial la Revue de l'Instruction publique est redevenue politique, sous la direction de M. Victor Chauvin, qui grâce à cette nouvelle situation, soutient énergiquement les intérêts de l'enseignement dans leurs rapports avec toutes les questions politiques ou sociales.

La littérature, les beaux-arts, le théâtre, l'archéologie, la philosophie, la religion, la bibliographie peuvent multiplier à l'envi leurs recueils spéciaux, et rivalisent avec les autres branches de la civilisation, les sciences, l'industrie, l'agriculture, l'armée ou la marine qui ont toutes des organes en foule à leur service. On comptait, en 1863, jusqu'à près de sept cents journaux, revues et feuilles périodiques

que le Catalogue des journaux de MM. Schulz et Thuillie

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Un fait de la presse périodique qui mérite d'être noté c'est la fondation, vers le milieu de l'année, de petits journaux quotidiens à cinq centimes, consacrés aux nouvelles non politiques du jour, aux faits divers, aux bruits de ville, aux avis et à quelques comptes rendus de théâtre et de bibliographie. Autour du premier-né, le Petit Journal, spéculation hardie d'un banquier célèbre, se sont hâtées d'éclore les imitations et les concurrences : le Journal de Paris, avec la même administration que le précédent, le Parisien, le Peuple, etc.; mais toutes ces feuilles ont végété ou sont mortes rapidement, tandis que le Petit Journal, par une prospérité inouïe, voyait son tirage s'élever successivement à cent mille exemplaires.

Dans la série des journaux littéraires, il faut mentionner le Nain jaune qui s'est fondé avec quelque bruit sous la direction de M. Aurélien Scholl, comme le rival du Figoro. C'est assez dire les allures qu'il a dû prendre, les polémiques qu'il a engagées, la place qu'il aspire à conquérir dans la société littéraire.

Je dois aussi un souvenir à une nouvelle revue mensuelle du grand format, la Revue du Progrès, moral, litteraire, scientifique, et artistique, fondée et dirigée par M. L. X. de Ricard; elle s'annonce hautement comme l'organe indépendant de la jeunesse et de l'esprit moderne, elle se montre très-agressive contre les idées du passé, surtout en matière religieuse. Le directeur, dont la personnalité semble envahir tout le recueil, y publie luimême un roman de longue haleine, des poésies, des articles de discussion religieuse et de critique. La Revue du Progrès témoigne d'une grande sympathie pour les libres penseurs attaqués par les mandements des évêques ou par les journaux catholiques: MM. Littré, Quinet, Michelet, Renan, etc. Une belle pensée de Condorcet sur le progrès, et une maxime un peu emphatique de M. Michelet sur la femme qui est un autel, qui est une école, servent d'épigraphe et de devise à ces lutteurs qui doivent être jeunes; car leurs idées et leur style annoncent plus d'ardeur que de maturité.

Une transformation de la Revue française dont j'ai loué l'année dernière la rédaction, d'autant plus librement que j'y étais alors tout à fait étranger, m'autorise à donner encore quelques lignes à ce recueil estimable. Devenue mensuelle de bi-mensuelle qu'elle était, elle a plus que doublé le nombre de ses pages et a recruté de nouveaux rédacteurs parmi lesquels nous citerons : MM. Philarète Chasles, Demogeot, F. Dübner, F. Sarcey, Ch. de Mouy, Victor Fournel, Paul Mantz, Louis Énault, A. Grenier. Grâce aux remarquables articles produits sous ces noms, la Revue

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