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ENCYCLOPÉDIE

DES

SCIENCES RELIGIEUSES

FOI. - Ce mot désigne quelquefois un ensemble de croyances auxquelles adhèrent des Eglises plus ou moins nombreuses. C'est dans ce sens qu'on dit de païens ou de juifs qu'ils se sont rattachés à la foi chrétienne, ou bien qu'on oppose la foi protestante à la foi catholique. Ce n'est pas de cette foi objective qu'il s'agit ici. Nous prenons ce terme dans sa signification subjective; c'est la foi telle qu'elle apparaît dans l'homme que nous devons étudier. Elle est une intuition de l'âme par laquelle nous percevons des vérités qui sont en dehors du monde des sens et de la sphère du raisonnement. Prise dans ce sens général, la foi s'exerce dans un domaine immense, puisque chacun croit infiniment plus de choses qu'il n'en voit, ou qu'il n'en a scientifiquement vérifiées. La vue ni la logique n'ont jamais suffi à l'homme. La plupart du temps, nous nous déterminons, nous agissons, nous vivons sans preuves. Au début de tout effort, de tout élan du cœur, comme dans toute affirmation, se trouve un acte de foi, chacun partant d'une certitude instinctive de la réalité des choses et de la fixité des lois du monde et de la pensée, certitude qui repose, en dernière analyse, sur une confiance plus ou moins inconsciente en la fidélité du souverain dispensateur de toutes choses. Si l'on n'avait pas foi en la valeur du témoignage, bien qu'il manque de garanties absolues, il n'y aurait point de sciences historiques dans le monde. Les démonstrations mathématiques les plus rigoureuses reposent elles-mêmes sur des axiomes indémontrables. Enfin, sans un certain degré de confiance mutuelle, née spontanément dans les cœurs, on ne saurait concevoir aucune relation sociale. Privée de, l'élément de la foi, renfermée dans le domaine des sens ou du raisonnement, la vie humaine s'arrêterait. -La foi est spécialement l'organe de la vie religieuse. Celle-ci a sa racine dans la confiance au Dieu vivant : « Si vous ne croyez pas, vous ne subsisterez pas » (Es. VII, 9), telle est la parole que l'Eternel adresse à son peuple. On ne saurait imaginer un autre lien que la

foi entre l'homme et Dieu (Hébr. XI, 6). C'est dans la foi, non ailleurs, que se rencontrent le Dieu qui parle, qui commande, qui donne, et l'homme qui écoute, obéit et accepte. Dieu est absolument fidèle (en hébreu amen, Es. LXV, 16; moтós, 1 Cor. I, 9); l'homme religieux est celui qui se confie en sa fidélité. Cette confiance (πíTc) est le point de départ et devient la norme de la vie religieuse. Sitôt qu'elle est née dans une âme, elle fait autorité, même en dépit des apparences (Rom. IV, 19. 20); elle saisit, par une perception immédiate, ce qui est éternel et saint, et ce qu'elle affirme dans le domaine religieux (pourvu qu'elle s'y renferme et qu'elle ne prétende pas faire accepter comme religieuses des affirmations qui appartiendraient à la science ou à la théologie) a autant de valeur que ce qu'affirment les sens dans le domaine physique, ou la raison dans le domaine philosophique. En effet, la foi a ses motifs propres et ses méthodes de démonstration. Loin d'être aveugle ou de se complaire en l'ignorance, elle sait en qui elle croit (2 Tim. I, 12), elle connaît (à sa manière) ce qui surpasse toute connaissance (Eph. III, 19; cf. Jean, VI, 69), elle comprend ce que les saints peuvent seuls comprendre (Eph. III, 18); en un mot, la foi a sa certitude, indépendante de la logique, comme « le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas » (Pascal). On voit que des trois éléments de la foi une connaissance plus ou moins claire de son objet, c'est-àdire de Dieu, la conviction que sa parole est vraie, et la confiance en lui, c'est le dernier qui constitue essentiellement la foi religieuse. Pascal l'a définie: «Dieu sensible au cœur. » Il y a donc nécessairement dans la foi un élément de volonté. Quelle que soit pour nous la certitude de la vérité religieuse, celle-ci agit sur nous, non par la contrainte de l'évidence, mais par l'attrait de la sainteté et d'une ineffable beauté. Si la religion était évidente, elle ne serait plus pour nous l'objet d'une persuasion morale; le simple bon sens remplacerait la foi. On voit également de quelle importance est la foi dans la vie religieuse, puisque seule elle nous permet d'en apprécier la réalité; nos actes, même nos actes religieux, sont loin d'être suffisants pour une telle appréciation, car la valeur de ces actes dépend précisément du principe dont ils découlent, en d'autres termes, de la position que nous avons prise vis-à-vis de Dieu; or, notre relation avec lui est déterminée, non par des actes extérieurs, mais par la foi, puisque seule elle montre ce que nous sommes. Aussi l'Ecriture sainte suppose-t-elle, d'un bout à l'autre, la foi au vrai Dieu, la possibilité et la réalité d'une communion personnelle de l'âme avec lui c'est la foi qui donne la vie (Habac. II, 4; Hébr. X, 38; Rom. I, 17; Gal. III, 11), ce ne sont pas les cérémonies, les ordonnances ou les traditions; Moïse, Samuel, David, les prophètes n'ont été ce qu'ils furent que par la foi (Hébr. XI, 24 ss.; 32 ss.); c'est la foi d'Abraham, appelé « le père des croyants, » qui constitua sa justice (Gen. XV, 6 ; Rom. IV, 3. 22; Gal. III, 6. 7). — Si Dieu lui-même est l'objet de la foi, il en résulte qu'elle s'éclaircit et s'affermit, à mesure que Dieu se révèle plus complétement. Dans l'ancienne alliance, l'objet de la foi

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