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tâche, mais il s'en faut bien qu'il ait donné à l'édition dont il fe chargea toute la perfection dont elle étoit fufceptible. Il eft vrai que tout ce qui eft forti de la plume de faint François de Sales doit être refpectable, fous telle forme & en tel langage qu'il paroiffe; mais en fuivant l'ordre, la doctrine, les fentiments, les expreffions & la douce fimplicité de fon style, on a cru pouvoir changer quelques termes de l'ancien ufage, qui, fans altérer en aucune façon le fens de ce faint évêque, en rendent la diction plus correcte & plus conforme à l'ufage de nos jours.

Outre un grand nombre de fautes d'impreffion échappées dans les meilleures éditions précédentes, on a cru devoir corriger,

dans celle-ci, plufieurs amphibólogies confidérables qui en interrompoient le fens, & qu'on ne pouvoit regarder que comme des négligences des précédents édi diteurs. Loin de manquer au refpect que l'on doit au faint auteur de cet ouvrage, qui a paffé par tant de mains différentes, ce feroit peu lui en marquer, que de laiffer fubfifter des fautes que certainement il n'a pas commifes. Enfin, fans crainte de trahir la vérité à aucun égard, on peut donner cette édition de l'introduction à la vie dévote de faint François de Sales, comme la plus correcte qui ait paru juf qu'à ce jour.

1X

PRÉFACE

DU

SAINT

MON CHER LECTEUR, je vous prie de lire cette préface pour votre fatisfaction & pour la

mienne.

UNE

NE femme nommée Clycera, favoit fi bien diverfifier la difpofition & le mêlange des mêmes fleurs, dont elle faifoit fes bouquets, qu'ils paroiffoient fort différents les uns des autres : & l'on dit que Paufias, célebre peintre, voulant imiter cette diverfité d'ouvrages, ne put jamais, avec toute la variété de fes couleurs, exprimer tant de divers affortiments. C'eft ainfi que le Saint-Efprit qui nous donne tant d'inftructions fur la dévotion, par la plume & par la bouche de fes ferviteurs, fait

entrer dans leurs difcours une fi heureufe variété, qu'encore que la doctrine y foit par-tout la même, la méthode dont ils font compofés nous y fait trouver une grande différence. Je ne puis donc certainement, & ne prétends, en aucune façon, rien dire dans cette introduction, que ce qui a été dit par ceux qui ont écrit fur ce fujet avant moi. Ce font, pour ainfi parler mon lecteur, les mêmes fleurs qui ont paffé déja par les mains des autres, que je vous préfente ici: mais le bouquet que j'en ai fait, fe trouvera tout différent par la diverfité de la difpofition que je lui aidonnée.

Ceux qui ont traité de la dévotion, ont eu prefque tous en vue l'inftruction des perfonnes qui font fort retirées du commerce du monde ou du moins il ont enfeigné une forte de dévotion, qui conduit à cette retraite entiere & univerfelle. Pour moi, je me fuis propofé d'inftruire les perfonnes qui vivent

dans les villes, dans leurs ménages, & même à la cour; qui font obligées par leur condition à un certain dehors d'une vie commune; & qui fouvent, fous le prétexte d'une prétendue impoffibilité, ne veulent pas feulement penfer à effayer ce que c'eft que la vie dévote. Ils veulent toujours croire que comme aucun animal n'ofe goûter de la graine de la plante que les naturaliftes appellent palma Chrifti, nul homme occupé des af faires du fiecle ne doit afpirer à la palme de la piété chrétienne : mais qu'ils fachent que fa grace n'eft pas moins féconde en fes ouvrages que la nature. Les meres perles fe forment & fe nourriffent dans la mer fans en prendre une feule goutte d'eau toute amere & falée qu'elle eft, on y trouve des fources d'eau douce vers les Ifles Chélidoines; & les Pirauftes volent au milieu des flammes, fans fe brûler les aîles: de même une ame foutenue par

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