LE PAYSAN DU DANUBE. Il ne faut point juger des gens sur l'apparence. Me servit à prouver le discours que j'avance. On connaît le premier: quant à l'autre, voici Son menton nourrissait une barbe touffue; Représentait un ours, mais un ours mal léché. 3 Et ceinture de joncs marins. Cet homme, ainsi bâti, fut député des villes Ne pénétrât alors, et ne portât les mains. Sans leur aide il ne peut entrer dans les esprits l'entraînement, 4) V. Chrestomathie I, p. 543. 2) La pensée. - 3) Vêtement grossier. — 4) Un discours destiné à la fois à émouvoir et à instruire ne pourrait être formé sur le modèle de celui-ci. Mais celui-ci, dans son genre, est parfait; et l'orateur de profession peut l'étudier avec profit. La liaison, la continuité, certes n'y manquent pas; une idée suscite l'autre; c'est comme la propagation du feu dans un incendie. Sans doute le rustique orateur se met à la merci de ses transitions; elles le mènent où elles veulent; mais il importe peu dans ce sujet et dans cette situation. S'il s'agissait d'expliquer, d'exposer, en un mot d'enseigner, ce serait autre chose. Étudiez la marche de ce discours; il en vaut la peine. — 5) << Bene ac sapienter majores instituerunt, ut rerum agendarum, ita dicendi <«<initium, a precationibus; ut nihil rite, nihilque providenter homines sine Deorum <«<immortalium ope, consilio, honore, auspicarentur.» Plin. Traj. Paneg. — L'exorde du discours de Démosthène pro Coronâ est une prière. Que tout mal et toute injustice: Faute d'y recourir on viole leurs lois; Rome est, par nos forfaits, plus que par ses exploits, Craignez, Romains, craignez que le ciel quelque jour Nos esclaves à votre tour. Et pourquoi sommes-nous les vôtres? qu'on me die1 Nous cultivions en paix d'heureux champs; et nos mains Ils ont l'adresse et le courage: S'ils avaient eu l'avidité, Comme vous, et la violence, Peut-être, en votre place, ils auraient la puissance, La majesté de vos autels Elle-même en est offensée : Car sachez que les immortels Ont les regards sur nous. Grâces à vos exemples, Ils n'ont devant les yeux que des objets d'horreur, D'avarice qui va jusques à la fureur. Rien ne suffit aux gens qui nous viennent de Rome: Font, pour les assouvir, des efforts superflus. Cultiver pour eux les campagnes. Nous quittons les cités, nous fuyons aux montagnes ; Vieilli, pour dise. V. p. 520, 1. 19. * 1 Nous ne conversons plus qu'avec des ours affreux, Nous souhaitons de voir leurs jours bientôt bornés; Les Germains comme eux deviendront Gens de rapine et d'avarice. C'est tout ce que j'ai vu dans Rome à mon abord. Point de pourpre 2 à donner? C'est en vain qu'on espère Je finis. Punissez de mort Une plainte un peu trop sincère. On le créa patrice; et ce fut la vengeance Le Sénat demanda ce qu'avait dit cet homme On ne sut pas longtemps à Rome Cette éloquence entretenir ". LE MÊME. 4) Converser, dans les vieux auteurs, signifie vivre, communiquer. 2) Métonymie, pour dignité. 3) Dans les lois. 4) Inversion qui n'est pas permise, même en poésie. LE STATUAIRE ET LA STATUE DE JUPITER. Un bloc de marbre était si beau Il sera dieu même je veux L'artisan exprima si bien Le caractère de l'idole, Qu'on trouva qu'il ne manquait rien Même l'on dit que l'ouvrier Le cœur suit aisément l'esprit : Chacun tourne en réalités, LES ÉTOILES. PYTHAGORE des cieux entendait l'harmonie ; Mais lui, montrant le nord, il dit : « La plus fidèle. »> J. J. PORCHAT. VIII. POÉSIE DIDACTIQUE ET DESCRIPTIVE. LA BIBLE. M. DE FONTANES, né à Niort en 1761, se fit connaitre de bonne heure par des productions poétiques d'un grand mérite. Il porta au plus haut degré la noblesse de la diction et la douceur du langage. Quelques poëmes descriptifs ou didactiques, (le Verger, la Forêt de Navarre, l'Essai sur l'Astronomie), de très-belles élégies (le Jour des Morts, la Messe de Minuit, la Chartreuse), une traduction de l'Essai sur l'Homme de Pope, forment le recueil peu volumineux des productions poétiques de Fontanes. Persécuté pendant la révolution, il vécut quelque temps en exil. De retour en France, il devint membre, et bientôt président du corps législatif; en cette qualité, il fut le panégyriste infatigable de Bonaparte, dont il était, à ce qu'il paraît, l'admirateur sincère; et l'orateur parut encore supérieur au poëte. L'Éloge de Washington se distingue parmi les productions de cette éloquence qui, bien qu'elle ne démontre rien, a reçu des rhéteurs le nom de démonstrative. Si la force n'était pas un élément nécessaire de la beauté, il n'y aurait pas, au 19e siècle, de plus belle prose que celle de M. de Fontanes. Ce poëte, cet orateur est encore un critique habile et judicieux, bien que quelques préoccupations, plus sociales peut-être que littéraires, aient nui quelquefois à la liberté de sa pensée et même à l'équité de ses jugements. Nommé, en 1808, grand-maître de l'université, il occupa cette place jusqu'en 1814, et mourut en 1821. Les œuvres de Fontanes ont été recueillies, en 1839, en 2 vol., par les soins de M. SainteBeuve, qui les a accompagnées d'une notice très-intéressante sur l'auteur. Qui n'a relu souvent, qui n'a point admiré |