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CHAPITRE DEUXIÈME

LA PLAINE SUBPYRÉNÉENNE

1. FORMATION DU SOL. || II. LE TRAVAIL DES EAUX. || III. PLAINES AGRICOLES. ||

IV. LE PYRÉNÉEN ET LE PAYSAN DE LA PLAINE.

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FORMATION

DU
SOL

A PLAINE où se déroule la Garonne, entre les Pyrénées L et le Massif central, est plus ouverte, plus ample, taillée à plus grands traits que celles qu'étreignent les Alpes et les Cévennes. Cette région est bien aussi une dépression définie, d'un côté, par une zone de plissements récents, de l'autre, par la bordure d'un ancien massif. Mais un tel écartement s'introduit entre les deux lignes qui l'encadrent, qu'il en résulte un type de contrée fort différent de la vallée du Rhône. Sous le méridien de Carcassonne, il n'y avait guère que 50 kilomètres de distance entre les avant-chaînes pyrénéennes et la Montagne-Noire la distance est près de cinq fois plus grande sous le méridien de Toulouse, entre les Petites-Pyrénées et les sombres lignes qui, au Nord de Brive, annoncent le Massif central. L'intervalle ne fait encore que s'accroître vers l'Ouest. Dans l'espace que circonscrivent les Pyrénées et les zones jurassiques et crétacées du flanc méridional du Massif, il y a eu place pour de vastes nappes lacustres qui s'y sont étendues pendant la période miocène. Lorsque du haut des coteaux de Moissac on embrasse le grand horizon de plaine où la Garonne et le Tarn mêlent leurs eaux, l'œil est attiré au Sud par la rangée uniforme et sombre des coteaux de la Lomagne. C'est la tranche des plateaux d'argile et de molasse qu'ont laissés après eux ces lacs. Ils s'étendent à l'Est comme à l'Ouest du fleuve ; et c'est à leurs dépens qu'ont été découpées d'immenses plaines d'alluvions.

Les débris des Pyrénées et du Massif central se rencontrent dans ces plaines, comme s'y sont rencontrées les races: les Ibères aux affinités espagnoles et africaines, avec les populations dites celtiques, depuis longtemps en possession du Massif central.

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LE TRAVAIL

DES EAUX

La quantité d'alluvions arrachées aux Pyrénées est énorme. Ces amas détritiques s'amoncellent au débouché des principales vallées pyrénéennes en une série de plateaux. Souvent, à leur entrée en plaine, les rivières ont changé de place. Les eaux torrentielles, issues des glaciers d'autrefois, ont vagabondé avant de se fixer dans leur lit actuel. Le phénomène, fréquent au pied des Alpes, de vallées qui, ayant perdu leur rivière, sont devenues des vallées sèches, se présente nettement entre Lourdes et Tarbes.

D'énormes entailles ont été pratiquées par ces torrents dans le plateau de molasse qui constitue le sol de la plaine. L'Ariège à Pamiers, la Garonne à Muret, l'Adour à Tarbes couvrent de larges espaces sous leurs alluvions. On voit par les terrasses de galets et de graviers qui s'étagent au-dessus du niveau actuel de la vallée, le résultat de déplacements et creusements successifs, comme si on assistait aux spasmes de l'action torrentielle d'autrefois. Ailleurs d'immenses dépôts de cailloux roulés, de sables et de limons occupent le milieu des vallées, séparant et rejetant sur les bords latéraux les rivières qui les sillonnent. L'Ariège et l'Hers, dans la plaine de Pamiers, maintiennent ainsi pendant longtemps leur cours à distance. Dans la vaste plaine que surmonte Montauban, un énorme amas de ce genre tient séparés pendant 30 kilomètres la Garonne et le Tarn. Des bois, surtout entre Montauban et Moissac, s'étendent sur ces graviers. De brusques inondations rappellent de temps en temps les débâcles qui ont laissé ces traces. Il suffit de quelques heures, comme il est arrivé le 23 juin 1875, pour qu'un flot furieux arrive des Pyrénées à Toulouse, et de cinq jours pour que le même fleuve, après avoir monté de 9 mètres, revienne à son ancien niveau.

Mal fixée dans l'encadrement de mamelons argileux qui la bordent, la Garonne a largement rongé ces terrains mous. Ce n'est que dans l'Agenais, quand elle rencontre la masse plus résistante des calcaires dont les blanches corniches surmontent les coteaux, que sa vallée, sans cesser d'être ample, se réduit à des dimensions moins démesurées.

L'homme ne s'avance que timidement jusqu'aux bords de telles rivières. La partie basse de la vallée n'est peuplée que de maisonnettes en pisé et en briques, auxquelles un double cordon de cailloux roulés forme une sorte de ceinture. Les bourgs, les anciens villages, les villes sont établis sur les terrasses anciennes, ou au pied des coteaux marneux, attirés comme d'habitude par le contact de sols différents. Un promontoire découpé dans le plateau argileux a prêté à Montauban ses qualités défensives. Toulouse s'est appuyée à une rampe de collines, lambeau épargné par hasard dans les déblaiements du fleuve. Le pays a sa livrée, fournie par les matériaux auxquels il est réduit. Les cailloux roulés hérissent le sol des rues. La brique règne dans les constructions. Elle s'élève à la dignité monumentale dans les tours des capitouls, les cloîtres, les anciens hôtels, les églises de Toulouse ou la cathédrale d'Albi. Mais Toulouse, malgré sa position sur un fleuve, est une ville toute terrienne, régnant sur une grande région agricole.

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PASSAGES

DU. LANGUEDOC

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DE LARGES VALLÉES D'EROSION, qui ont entaillé les argiles des plateaux, convergent vers Toulouse. L'une vient de la Méditerranée; c'est celle que suivent le canal, le chemin de fer, la voie romaine la nature de ses alluvions anciennes fait supposer qu'elle a été creusée par des eaux venant de la MontagneNoire (voir fig. 275). Ce sont au contraire des débris pyrénéens qui encombrent la vallée de la Garonne et s'étagent sous forme de terrasses que le fleuve, inclinant toujours vers sa droite, a successivement délaissées. Des témoins épargnés par l'érosion ont fourni aux hommes un site à l'abri des inondations du fleuve, Toulouse est ainsi devenue le marché central des plateaux agricoles qui s'étalent de toutes parts.

(Fig 287)

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LES

CHALOSSES

sont les fragments du plateau de molasse compris en1

tre le Gave de Pau à Orthez et l'Adour à St-Sever. Des mamelons argileux se succèdent. L'eau est partout sur ces terres fortes. Aussi les bordes s'éparpillent, à demi cachées par les arbres. Des cultures variées s'entrecroisent, chaque métairie étant une unité où un peu de pré, de vigne, de bois, de touyas se combine avec le ble et le mais pour les besoins de la famille.

Phot. de M. litier (Fig. 288.)

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L

ES MONTAGNES granitiques et primaires (600-700 mètres) du Pays basque, vues de Cambo. La topographie émoussée n'a plus rien de pyrénéen: cimes arrondies, versants doux, entre les digitations desquels se serrent les vallées. Les chênes superbes, dont les groupes opulents se pressent au bas des pentes, ne tardent pas à éclaircir leurs rangs et finissent par disparaître au voisinage des croupes. Partout, dans le Pays basque, l'oeil rencontre en s'élevant ces croupes revêtues d'une brousse de landes. Dans la surface énorme qu'occupent ces patis, s'expriment des habitudes invétérées de vie pastorale.

Phot. de M. Hitier. Laboratoire d'agriculture comparée de l'Institut agronomique (Fig. 289).

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