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si profondément, que leur front touche quatre Pièces dramafois la terre. Ensuite l'un d'eux présente au tiques.. principal convive un livre dans lequel sont inscrits, en lettres d'or, les noms de cinquante à soixante comédies, qu'ils savent par cœur, et qu'ils sont en état de représenter sur-le-champ. Le principal convive ne désigne celle qu'il adopte qu'après avoir fait circuler cette liste, qui lui est renvoyée en dernier ressort. La réprésentation commence au bruit des tambours de peau de buffle, des flûtes, des fifres, des trompettes, et de quelques autres instruments connus des seuls Chinois.

La scène est de plain-pied et occupe un grand espace vide que laissent les tables, rangées sur deux files. On couvre seulement le pávé de la salle d'un tapis, et, pour coulisses, les acteurs font usage de quelques chambres voisines, d'où ils sortent pour jouer leurs rôles. Ils ont ordinairement plus de spectateurs qu'on n'a rassemblé de convives; l'usage -est de laisser entrer un certain nombre de personnes, qui, placées dans la cour, jouissent aussi du spectacle qu'on n'a point préparé pour elles. Les femmes peuvent y prendre part sans être aperçues. Elles voient les acteurs à travers une jalousie, qui les dérobe elles-mêmes à tous les regards.

Pièces drama

tiques.

flétri à la Chine.

Dans les fêtes et les réjouissances publiques on élève des théâtres dans les carrefours et ai milieu des rues. Les comédiens y représentent diverses pièces dépuis le matin jusqu'au soir, et le peuple yassiste, sans qu'on l'impose à aucune rétribution. Les femmes ne montent jamais sur les théâtres de la Chine; leurs rôles y sont remplis par de jeunes hommes.pollo Art du theatre, Les lettres chinois travaillent peu pour le théâtre, et recueillent peu de gloire de leurs productions en ce genre, parce que la comé die est plutôt tolérée que permise à la Chine. Les anciens sages de la nation l'ont constamment décriée et regardée comme un art dorrupteur. La première fois qu'il est fait mention de pièces de théâtre dans l'histoire, c'est pour louer un empereur de la dynastie des CHAN d'avoir proscrit cette sorte de divertis sements frivoles et dangereux. Siuene-ti, de la dynastie des TCHEOU, reçut des remontrances par lesquelles on l'engageoit à éloigner de sa cour ce genre de spectacles, dont l'effet devoit être funeste pour les mœurs. Un autre empereur fut privé des honneurs funèbres, pour avoir trop aimé le théâtre et fréquenté des comédiens. C'est par une suite de cette manière de penser, qui est universelle à la Chine, que toutes les salles de spectacle,

mises sur le même rang que les maisons de Pièces dramaprostitution, sont reléguées dans les faubourgs tiques. des villes. Les gazettes chinoises s'empressent de publier le nom du plus obscur légionnaire qui s'est montré avec courage dans un combat; elles annoncerónt à tout l'empire l'acte de piété filiale, le trait de modestie et de pudeur d'une simple fille des champs; mais les auteurs de ces papiers seroient punis, s'ils osoient insulter à la nation jusqu'à l'entretenir du jeu, de la figure et des succès d'un histrion.

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chinoise. Ou

L'ÉLOQUENCE chinoise est moins fondée Eloquence sur des préceptes que sur l'imitation d'an- vrages d'éruciens chefs-d'œuvre, consacrés à la Chine dition. comme des modèles dans l'art oratoire. Cette éloquence ne consiste pas dans un certain arrangement de périodes harmonieuses; elle résulte d'expressions vives, de métaphores nobles, de comparaisons hardies, et surtout de l'emploi heureux des maximes et des sentences des anciens sages.

vrages d'éru

Eloquence Les lois ont mis l'éloquence à portée d'inchinoise. Our fluer sur le gouvernement de l'Etat, non pas dition. comme dans les anciennes républiques, en parL'éloquence influe lant directement au peuple assemblé, mais

à la Chine sur le

gouvernement.

par les écrits et les remontrances qu'elle peut adresser à l'empereur et à ses ministres. Dans ces sortes d'écrits, qui exigent la plus sévère circonspection, l'éloquence doit se borner à instruire, réfuter, reprendre, émouvoir, faire sentir la nécessité des réformes; et il faut qu'elle produise ces effets à l'aide de peu de lignes, et dans une première lecture; on n'y souffre dès-lors aucun ornement déplacé, point de mot oisif, de raisonnement foible, de citation ambiguë, de preuve équivoque. Méditez jour et nuit, dit Ly-tsé, pour écrire dix caractères d'une remontrance, et effacez-en six. La foudre part de tous les côtés du trône; une syllabe suffit pour l'allumer, et elle iroit porter la mort jusqu'au fond de l'empire.

L'empereur Kan-hi, comme nous l'avons dit, a fait imprimer et publier un recueil de remontrances, où se trouve rassemblé ce que chaque siècle a produit de meilleur en ce genre. Une traduction bien faite de cette collection offrirait peut-être le moyen le plus sûr de connoître et de bien apprécier l'élo

Eloquence chinoise. Ou

quence chinoise. Les missionnaires assurent
qu'un grand nombre de ces remontrances peu-
vent aller de pair avec les meilleurs ouvrages dition.
des grands orateurs de Rome et d'Athènes.

vrages d'éru

Eloquence acadé

Les discours académiques n'obtiennent pas mique." plus de succès à la Chine que dans certaines contrées de l'Europe. Ces pièces d'éloquence, qu'on nomme chi-ouene, sont ordinairement les productions des lettrés qui aspirent aux places ou cherchent à s'y maintenir. Un bruyant étalage de mots qui ne signifient rien, des images gigantesques, des pensées fausses mais brillantes, et tout le clinquant du bel esprit chinois, se trouvent réunis dans ces compositions, auxquelles un texte tiré des kin sert ordinairement de base. Tous les bons lettrés, partisans de l'élégante précision et de la simplicité mâle des anciens, gémissent sur le faux goût qu'a introduit cette éloquence académique; ils désignent les auteurs de toutes ces bagatelles oratoires sous le nom de kiukeou-mou-ché (bouches d'or, langues de bois). Les rhéteurs chinois comptent un nombre prodigieux d'espèces d'éloquence : il est même difficile de concevoir qu'une nation ait pu fixer et déterminer autant de nuances différentes dans l'art de persuader. Je me borne

Combien les Chid'espères d'élo

nois distinguent

quence.

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