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Malherbe avec Racan parmi les chœurs des

Anges

Là-haut de l'Eternel célebrant les louanges, Ont emporté leur Lyre ; & j'efpere qu'un jour J'entendrai leurs concerts au céleste séjour. Digne & fçavant Prélat, vos foins & vos lu

mieres

Me feront renoncer à mes erreurs premieres. Comme vous, je dirai l'Auteur de l'Univers. Cependant agréez mon Rhéteur & mes Vers.

DE LA FONTAINE,

JA M. DE BONREPAUX,

.....

A Londres, le......

Le Roi eft parfaitement guéri. Vous ne fçauriez vous imaginer combien fes Sujets en ont témoigné de joye.'

Ils offriroient leurs jours pour prolonger les fiens. Ils font de fa fanté le plus cher de leurs biens. Les preuves qu'à l'envi chaque jour ils en don

nent,

Les vœux & les concerts, dont leurs Temples

refonnent,

Forcent le Ciel de l'accorder.

On peut juger à cette marque,

Par la crainte qu'ils ont de perdre un tel Mo

narque,

Du bonheur de le poffeder.

De quelle forte de merite
N'eft-il pas auffi revêtu?
Sa principale favorite

Plus que jamais eft la Vertu.
Autrefois il a combattu

Pour la grandeur & pour la gloire :
Maintenant d'une autre victoire

Son cœur devient ambitieux.

Les vaines paffions chez lui font étouffées. L'Hiftoire a peu de Rois, la Fable point de Dieux

Qui fe vantent de ces trophées.

Il pourroit fe donner tout entier au repos.
Quelqu'un trouveroit-il étrange,

Que digne en cent façons du titre de Héros;
Il en voulût goûter à loifir la louange ?

Les deux Mondes font pleins de fes actes guer

riers :

Cependant il poursuit encor d'autres lauriers. I Il veut vaincre l'Erreur ; cet ouvrage s'avance; Il eft fait : & le fruit de ces fuccès divers

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la Vérité regne en toute la France
Et la France en tout l'Univers.

2

Non content que fous lui la Valeur se signale,

II mét la Piété sur le Trône à son tour:
Ses foins la font regner ainfi que fa rivale,
Au milieu même de la Cour.

C'est pour lui plaire auffi qu'Aftrée eft de retour.
Ces trois Divinités font fleurir fon Empire.
Il a fçû les unir pour le bien des Humains.
C'eft proprement de lui qu'on a sujet de dire,
Que le Sage a tout dans fes mains.
Vient-il pas d'attirer par de divers chemins
La dureté de cœur, & l'erreur envieillie,
Monftres, dont les projets fe font évanouis?
On voit l'œuvre d'un fiécle en un mois accomplie
Par la fageffe de Louis.

Mais je crains de passer le but de mon ouvrage,
Il faut plus de loifir pour louer ce Héros.

Une Mufe modefte & fage

Ne touche qu'en tremblant à des sujets fi hauts. Je me tais donc, & rentre au fond de mes retraites.

J'y trouve des douceurs fecrettes.

La fortune, il eft vrai, m'oubliera dans ces lieux; Ce n'est point pour mes vers que ses faveurs font faites.

Il ne m'appartient pas d'importuner les Dieux.

DE LA FONTAINE

Ces deux Piéces parurent imprimées à Paris, au commencement de Février 1687, fur une feuille volante, qui n'eft fûrement pas com mune. Mon édition de la Fontaine ne les contient pas, & ainfi de deux ou trois autres. Je ne fais donc pas mal de les dépofer dans ce Recueil; & j'ofe ici avec quelque confiance prier touts les gens de Lettres & amateurs, de me communiquer les Piéces fugitives qui peuvent intéreffer par quelque endroit le goût délicat des Lecteurs. Il n'y a d'exception que pour les genres qui s'excluent d'eux-mêmes.

A

REQUÊTE PRESENTÉE AU ROY à fon retour de la Campagne de 1745, lors de fon paffage à la Villette, par Prieur-Curé du lieu le 7 Septembre

1745.

SIRE,

le

Un Cordelier, frere lais, & bon-homme,
De Sixte-Quint, par grace, obtint dans Rome,
Pour foulager fes ans foibles & vieux,
Une fontaine, objet de touts fes vœux.
Ce que jadis accorda le Saint Pere

Aux vœux ardents de ce pauvre vieux Frere,.
Mes Paroiffiens, peuple fort alteré,
Viennent ici, grand Roi, par leur Curé

Le demander; &, fans trop grande audace, Croyent pouvoir prétendre à cette grace. Ces bonnes gens, dignes d'être écoutés, Ont pour touts droits leur zèle & vos bontés. Sur ce dernier, besoin n'est qu'on s'explique ; Louis eft bon, la preuve en est publique. Heureux François ! vous qui l'avez nommé ; Venez, voyez Louis le bien-aimé ! Quant au premier, j'en suis témoin moi-même ; Mes Paroiffiens, SIRE, ont un zèle extrême. En votre honneur, du haut de leur gofier, Depuis cinq mois, ils ne font que crier, Soir & matin chanter, danser, & boire, Et, de leur mieux, célébrer votre gloire. Ils ont chacun fait tout ce qu'ils ont pû. Or maintenant, comme ils ont un peu bû, Notre Frater, qui n'est tout-à-fait âne, Veut, pour leur bien, les mettre à la ptifanne. J'ai déja dit d'en faire un plein tonneau ; Mais, pour la faire, il faut avoir de l'eau ; Et nous n'avons, la chose est trop certaine, Dans ce lieu-ci, ni ruiffeau, ni fontaine. S'il vous plaifoit, SIRE, dans ce besoin De dire un mot; l'eau de nous n'eft fi loin, Qu'en peu de temps nous n'en puiffions, fans peine,

Avoir dequoi fournir une fontaine.

Ces fiers Courfiers qui dans les Champs de Mars Vous ont cent fois vû braver les hazards,

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