Malherbe avec Racan parmi les chœurs des Anges Là-haut de l'Eternel célebrant les louanges, Ont emporté leur Lyre ; & j'efpere qu'un jour J'entendrai leurs concerts au céleste séjour. Digne & fçavant Prélat, vos foins & vos lu mieres Me feront renoncer à mes erreurs premieres. Comme vous, je dirai l'Auteur de l'Univers. Cependant agréez mon Rhéteur & mes Vers. DE LA FONTAINE, JA M. DE BONREPAUX, ..... A Londres, le...... Le Roi eft parfaitement guéri. Vous ne fçauriez vous imaginer combien fes Sujets en ont témoigné de joye.' Ils offriroient leurs jours pour prolonger les fiens. Ils font de fa fanté le plus cher de leurs biens. Les preuves qu'à l'envi chaque jour ils en don nent, Les vœux & les concerts, dont leurs Temples refonnent, Forcent le Ciel de l'accorder. On peut juger à cette marque, Par la crainte qu'ils ont de perdre un tel Mo narque, Du bonheur de le poffeder. De quelle forte de merite Plus que jamais eft la Vertu. Pour la grandeur & pour la gloire : Son cœur devient ambitieux. Les vaines paffions chez lui font étouffées. L'Hiftoire a peu de Rois, la Fable point de Dieux Qui fe vantent de ces trophées. Il pourroit fe donner tout entier au repos. Que digne en cent façons du titre de Héros; Les deux Mondes font pleins de fes actes guer riers : Cependant il poursuit encor d'autres lauriers. I Il veut vaincre l'Erreur ; cet ouvrage s'avance; Il eft fait : & le fruit de ces fuccès divers la Vérité regne en toute la France 2 Non content que fous lui la Valeur se signale, II mét la Piété sur le Trône à son tour: C'est pour lui plaire auffi qu'Aftrée eft de retour. Mais je crains de passer le but de mon ouvrage, Une Mufe modefte & fage Ne touche qu'en tremblant à des sujets fi hauts. Je me tais donc, & rentre au fond de mes retraites. J'y trouve des douceurs fecrettes. La fortune, il eft vrai, m'oubliera dans ces lieux; Ce n'est point pour mes vers que ses faveurs font faites. Il ne m'appartient pas d'importuner les Dieux. DE LA FONTAINE Ces deux Piéces parurent imprimées à Paris, au commencement de Février 1687, fur une feuille volante, qui n'eft fûrement pas com mune. Mon édition de la Fontaine ne les contient pas, & ainfi de deux ou trois autres. Je ne fais donc pas mal de les dépofer dans ce Recueil; & j'ofe ici avec quelque confiance prier touts les gens de Lettres & amateurs, de me communiquer les Piéces fugitives qui peuvent intéreffer par quelque endroit le goût délicat des Lecteurs. Il n'y a d'exception que pour les genres qui s'excluent d'eux-mêmes. A REQUÊTE PRESENTÉE AU ROY à fon retour de la Campagne de 1745, lors de fon paffage à la Villette, par Prieur-Curé du lieu le 7 Septembre 1745. SIRE, le Un Cordelier, frere lais, & bon-homme, Aux vœux ardents de ce pauvre vieux Frere,. Le demander; &, fans trop grande audace, Croyent pouvoir prétendre à cette grace. Ces bonnes gens, dignes d'être écoutés, Ont pour touts droits leur zèle & vos bontés. Sur ce dernier, besoin n'est qu'on s'explique ; Louis eft bon, la preuve en est publique. Heureux François ! vous qui l'avez nommé ; Venez, voyez Louis le bien-aimé ! Quant au premier, j'en suis témoin moi-même ; Mes Paroiffiens, SIRE, ont un zèle extrême. En votre honneur, du haut de leur gofier, Depuis cinq mois, ils ne font que crier, Soir & matin chanter, danser, & boire, Et, de leur mieux, célébrer votre gloire. Ils ont chacun fait tout ce qu'ils ont pû. Or maintenant, comme ils ont un peu bû, Notre Frater, qui n'est tout-à-fait âne, Veut, pour leur bien, les mettre à la ptifanne. J'ai déja dit d'en faire un plein tonneau ; Mais, pour la faire, il faut avoir de l'eau ; Et nous n'avons, la chose est trop certaine, Dans ce lieu-ci, ni ruiffeau, ni fontaine. S'il vous plaifoit, SIRE, dans ce besoin De dire un mot; l'eau de nous n'eft fi loin, Qu'en peu de temps nous n'en puiffions, fans peine, Avoir dequoi fournir une fontaine. Ces fiers Courfiers qui dans les Champs de Mars Vous ont cent fois vû braver les hazards, |