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que peut le permettre l'état des manuscrits; mais ce n'est pas tout; c'est là, sans doute, une section fort importante de l'écrivain grec; mais ce n'est que la partie opératoire; ce n'est pas toute la Chirurgie de Paul d'Egine, et il reste une lacune à remplir. M. René Briau le sait mieux que nous, car il l'avoue dans sa préface: « L'oeuvre chirurgicale de Paul d'Egine laissera quelque chose à désirer, tant qu'on ne públiera pas aussi les IVe et Ve livres de son ouvrage, dans lesquels il traite des maladies externes et des plaies, en tant qu'elles peuvent être guéries par les médicaments, et sans l'emploi de la main. Ils renferment véritablement la pathologie externe des anciens, et à ce titre, ils sont un prélude, en quelque sorte, nécessaire à la médecine opératoire. »

Oui, sans aucun doute, c'est là un complément indispensable; et nous devons encourager le savant éditeur à poursuivre son œuvre ; nous serions heureux de n'être point étranger à la détermination qu'il prendra, sans doute, d'achever sa tâche, et de continuer ses laborieuses investigations. Mais, qu'il nous soit permis de le lui dire, il ne devra point se borner à ces IVe et Ve livres; il devra encore, pour rendre ce tableau complet, ajouter la partie du IIIe livre qui comprend la chirurgie oculaire, l'art du dentiste, et la chirurgie auriculaire, etc. Alors il aura élevé un monument à

Il se tient scrupuleusement aux manuscrits, je l'en louc fort. Il offre au chirurgien qui veut prendre connaissance de l'art antique, une traduction fidèle et intelligente; à celui qui veut consulter l'original, un texte purgé de bien des fautes; à l'érudit qui veut s'exercer à son tour sur ce vieil auteur, le précieux appareil des variantes fournies par tous les Mss de la bibliothèque impériale. » (Journ. des Savants.)

M. Daremberg : « J'ai lu le volume en entier, j'ai sans cesse comparé le texte avec la traduction, ou le texte adopté par l'éditeur avec le résultat des variantes consignées au bas des pages, et je puis dire que, sous ce double rapport, M. Briau a fait un bon travail qui témoigne d'une grande habitude du grec et de beaucoup de sagacité. - Le texte est généralement

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Paul d'Egine (16), comme M. Littré à Hippocrate, comme M. Daremberg à Galien, etc. Le monde lettré doit applaudir à ces publications importantes, et la médecine française ne peut que s'enorgueillir de voir sortir de son sein des savants qui porteront si honorablement le drapeau de la science et des lettres chez tous les peuples et dans tous les siècles.

bien établi d'après les Mss, la traduction exacte et sévère, et le tout fort bien imprimé par les soins de M. Masson, éditeur intelligent et ami des beaux livres. >>

(16) La Chirurgie complète de Paul d'Egine pourra former un beau volume in-8o compacte. On devra suivre un plan typographique différent de celui de 1855: en termes d'imprimerie, il y a trop de blanc, des caractères grecs qui chassent, trop de place pour les titres, enfin, beaucoup d'espace et de papier perdu. Un bon modèle à suivre sera l'édition d'Hippocrate, par M. Littré, édition dont les tomes 11, v et vii, renferment chacun plus de matières que la chirurgie complète de Paul d'Egine, avec les introductions, notes et variantes dont elle devra être accompagnée.

Nous voudrions avoir à signaler bientôt l'apparition de cet important

ouvrage.

DE

L'ACCROISSEMENT DES VILLES

PAR LA DÉPOPULATION DES CAMPAGNES

ET SUR LA NÉCESSITÉ D'AVISER AUX MOYENS DE PRÉVENIR L'ÉMIGRATION DES POPULATIONS RURALES,

lue

PAR M. VALENTIN-SMITH,

à l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon,

dans la séance du 19 janvier 1858.

I.

Le recensement de 1856 nous apprend que, dans cinquante-quatre départements (1), par un déplacement exté

(1) Cinquante-quatre départements ont vu leur population diminuer au lieu de s'accroître, depuis 1851; trente-deux seulement se sont accrus, et, sur ces trente-deux, il en est douze environ où l'accumulation a été considérable. Parmi les départements qui ont perdu, les plus frappés sont ceux de la Haute-Saône, de l'Isère, de la Meurthe, du Bas-Rhin, de la Meuse, des Vosges, de l'Ariège, etc.; celui de la Haute-Saône a perdu à lui seul le dixième de son effectif. Parmi les départements qui ont le plus gagné, figure au premier rang celui de la Seine, qui s'est accru de 305,000 âmes en cinq ans. Un accroissement aussi gigantesque était tout à fait sans exemple. (Léonce de Lavergne. Population et agriculture. Paris, 1857, p. 314).

« Les quarante-trois départements de l'est, du sud-ouest et du centre, déjà beaucoup moins peuplés que les autres, ont perdu ensemble 350,000 habitants, dont moitié par la mortalité et moitié par l'émigration. (Ibid., p. 328.)

rieur de département à département, il y a eu, en France, pendant la période quinquennale de 1851 à 1856, une diminution de population de 370,000 personnes, qui, des campagnes, se sont portées dans les villes, dont 305,000 dans le département de la Seine.

Ce recensement nous apprend aussi que, dans cette même période, par l'effet des déplacements qui se sont opérés dans les départements mêmes, joints aux déplacements extérieurs, les villes de dix mille âmes et au-dessus se sont accrues de 900,838 individus, c'est-à-dire que la proportion de la population urbaine au préjudice de la population rurale, s'est élevé de 43 p. % de 1850 à 1856 sur la période précédente; accroissement énorme qui ne s'est jamais vu à aucune époque, ni dans notre pays, ni dans aucun autre pays, pendant un aussi court espace de temps.

Enfin le recensement de 1856 constate un ralentissement bien marqué dans l'accroissement de la population générale de la France; tellement que cet accroissement a été cinq fois moins fort dans la période de 1851 à 1856, que dans la période de 1841 à 1846.

Ces résultats appellent d'autant plus de méditations que la situation économique et sociale d'un pays n'a pas de manifestation plus sûre que le mouvement de la population.

II.

Un mot rapide d'abord sur le ralentissement de la population en France.

Il provient sans doute, pour partie, pendant la période de 1851 à 1856, de causes accidentelles, particulièrement de la cherté des subsistances, c'est-à-dire de la disette avec laquelle, suivant une loi mise en évidence par la science statistique, l'on voit toujours se produire parallèlement moins de naissances et plus de décès. Mais ce ralentissement pro

vient aussi d'une cause générale que révèle également la statistique, à savoir la diminution de la famille, par la diminution du nombre des enfants.

Il y a soixante et dix ans que l'on comptait, en France, en moyenne, 4, 19 naissances par mariage (1); aujourd'hui, l'on n'en compte plus que 3, 19 (2). La fécondité conjugale, en moins d'un siècle, a diminué d'un quart; significatif ralentissement dans l'expansion de la population, qui reporte la pensée à ce que disait Aristote, il y a plus de deux mille ans, que les législateurs grecs, avant de s'épuiser en combinaisons destinées à maintenir l'équilibre des richesses, auraient bien dû rechercher s'il existait un moyen de rendre les unions plus fécondes.

dès que le luxe s'y fut

L'on sait avec quelle rapidité, introduit, marcha à Athènes la diminution de la population des citoyens obligés de se recruter par des adjonctions successives de motèques ou de peuples conquis (3),

(1) Voir Moreau de Jonnès. Éléments de statistique. Paris, 1846, p. 236. Voir aussi Statistique générale de la France, par Schnilzler. Paris, 1846. p. 283. Il donne le relevé du nombre des naissances par mariage, en 1841, dans les pays suivants :

Belgique.
Autriche.

Angleterre...

4. 60

4. 58 4. 25

(2) M. Legoyt, chef du bureau de la statistique, au ministère de l'agriculture et du commerce, qui a plusieurs fois signalé le fait caractéristique de la diminution générale en France du nombre moyen des enfants par mariage, constate à cet égard, dans l'Annuaire de l'économie politique de l'année 1856 (p. 7), les résultats suivants :

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(3) Voir Dureau de la Malle. Économie politique des Romains. Paris,

1811, 1, 418.

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