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et l'âne sont pour maman. Voyez, mon père, comme elle y sera bien. Nous avons voulu essayer la voiture dès qu'elle a été finie: maman dormait, Ernest, qui était à la fenêtre, nous aperçut, il descendit, et nous l'avons mis dedans pour qu'il pût nous dire était bien.

si on y

ERNEST. A merveille! mais il faudrait deux coussins, un pour s'asseoir, l'autre pour s'appuyer, cela irait encore mieux. »

Toujours mon paresseux, pensai-je; mais je saisis cette idée pour retarder la sortie de ma femme. Il s'agissait d'aller chercher du coton, de le préparer, de coudre les toiles, et tout cela devait nous laisser le temps de réparer le jardin et de faire la galerie. Je mis François dans le panier à côté de son frère, je dis à Fritz d'aller avec la voiture et ses frères visiter nos terres ensemencées, et je revins auprès de ma femme, qui dormait encore paisiblement. A son réveil, je lui dis ce dont nous étions convenus; que le jardin et les arbres avaient besoin de quelques jours de travail, et que nous le com

mencerions dès le lendemain, en lui laissant Ernest pour la soigner et lui faire sa lecture. La main de ce dernier allait assez bien pour pouvoir rendre à sa mère tous les services dont elle avait besoin; mais il n'aurait pu encore travailler à la terre. Je dis à ma femme que je les avais envoyés tous quatre visiter nos champs. 11s revinrent vers le soir, et nous en rendirent un triste compte ; le blé était complétement perdu, tant par la grêle que par l'éboulement des terres; nous le regrettâmes d'autant plus, qu'il nous en restait très peu pour semences nous nous étions fait une fête de manger du vrai pain; il fallut l'ajourner jusqu'à l'année suivante, et nous contenter de gâteaux de manioc ou de cassaves, et de pommes de terre. Le maïs avait moins souffert, et nous offrait aussi une ressource pour la farine; mais ce gros grain si dur nous donnait beaucoup de peine à réduire en poudre fine pour le pétrir. Fritz en revenait souvent à la nécessité de construire un moulin près de la cascade de

Zelilteim; mais ce n'était pas l'ouvrage d'un moment, et nous avions le temps d'y penser; nous n'étions pas encore prêts à avoir du blé à moudre.

Sur quelques propos de mes aînés, je compris que François leur avait conté tous nos projets ; ils ne dirent rien cependant qui pût les trahir, mais il fut convenu que, le lendemain, de grand matin, je me rendrais à Zeltheim avec Fritz, Jack et François, qui demanda à être de la partie, en disant, d'un petit air important, qu'il dirigerait les travaux du jardin, l'ayant déjà fait une fois avec sa mère. Celle-ci donna ses directions, se fit apporter sur son lit le sac des graines de légumes; elle les tria, les étiqueta, en indiquant le site qui convenait le mieux à chacune, et soupira en pensant que ce n'était pas elle qui les sèmerait.

Je pris ce moment pour insister sur le remède qu'elle avait refusé jusqu'alors; l'impatience d'être guérie lui fit consentir à l'employer. Elle s'en trouva si bien, que je me crois obligé de l'indiquer comme le

meilleur spécifique contre les entorses ou luxations et foulures (1). Quand son pansement fut terininé, que nous eûmes fait un léger souper et adressé nos prières à Dieu, nous allâmes nous coucher pour nous préparer aux travaux du lendemain.

(1) Remède très simple, et pour lequel on doit surmonter sa répugnance. Il consiste à envelopper le pied brûlé dans des linges trempés dans de l'uriue humaine chauffée, et à renouveler souvent le pansement.

CHAPITRE XLIII.

Les projets pour Zeltheim; la caisse; le jardin, etc.

Le lendemain, nous nous levâmes tous de bonne heure et animés du même zèle ; le pa resseux Ernest même s'affligeait de ne pouvoir travailler avec nous, ainsi que la bonne mère. Après les soins ordinaires du matin, nous les quittâmes pour toute la journée, en leur donnant notre bénédiction et les provisions nécessaires pour leur dîner ; nous emportâmes de notre côté une oie cuite de la veille et des pommes de terre prêtes à manger. Je fis atteler le char avec le buffle et le taureau, et j'envoyai Fritz et Jack au bois des bambous, avec l'ordre d'en mettre sur le char autant qu'il en pourrait contenir, et d'en choisir des plus gros pour ma ga. lerie: les autres étaient destinés au soutien de mes jeunes arbres, et c'est par eux que

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