Images de page
PDF
ePub

de 5 p. 100, l'intérêt du cautionnement déposé en numéraire par le cocher.

» ART. 12. Ne pouvant admettre aucune amende, quelle qu'elle soit, le cocher pris pour infraction dans sa recette sera renvoyé par l'entrepreneur, sans pouvoir forcer ce dernier à lui donner un certificat. Si, cependant, le cocher prétendait être pris à faux, il serait jugé par les trois délégués des cochers et les trois délégués des entrepreneurs, et en présence de l'accusateur.

[blocks in formation]

Lettre des délégués des maîtres maréchaux au président de la

Commission.

<< Citoyen, des différends se sont élevés entre les maîtres maréchaux qui ferrent les chevaux des services publics et des ouvriers qui ne travaillent pas dans ces entreprises et qui se sont présentés au nom de leur corporation. Nous désirons que ces différends soient soumis à votre appréciation en présence des délégués des ouvriers maréchaux : nous vous prions donc de nous convoquer avec ces délégués et de nous entendre contradictoirement le plus promptement possible, car ces ouvriers menacent ceux qui sont employés dans les entreprises de les empêcher de travailler.

>> Salut et fraternité.

>> MATHIOT, BISSE, VILLATE,
» Delégués des maîtres maréchaux.

» Ce 7 avril 1848. »

PLOMBIERS-ZINGUEURS

Convention entre les maîtres et les ouvriers.

<< Entre les délégués des ouvriers plombiers-zingueurs d'une

part, et MM. Fontaine, Seiffert, Renaudot, Letalec et Marie jeune d'autre part, tous réunis au Luxembourg, sous la présidence du secrétaire général de la Commission de gouvernement pour les travailleurs, a été amiablement convenu d'un commun accord, entre toutes les parties intéressées :

» Art. 1er. La durée de la journée reste fixée comme précédemment, savoir du jour au jour en hiver, et, en été, à dix heures de travail effectif.

» Art. 2. Le prix de la journée, tant d'hiver que d'été, est fixé, au minimum, à 5 francs pour les compagnons et à 3 francs pour les garçons.

>> Art. 3. Les heures de nuit seront payées double.

>> Art. 4. Il est interdit à tout compagnon de faire des heures en dehors de la journée.

» Art. 5. Il est accordé 1 franc par jour de déplacement aux compagnons et garçons, "quand ils iront travailler hors des murs d'enceinte.

» Art. 6. Le marchandage, même individuel, est interdit.

» Art. 7. La paye se fera tous les quinze jours au plus tard. » Art. 8. Chaque patron ne pourra avoir qu'un apprenti. » Art. 9. Les apprentis, après une année de travail, seront payés comme compagnons.

» Art. 10. Il est expressément défendu aux patrons d'embaucher un compagnon se présentant chez eux, comme il est défendu aux compagnons d'aller s'embaucher chez les patrons.

• Art. 11. Tout compagnon et tout garçon ne peuvent être embauchés qu'à la grève (lieu d'embauchage), les patrons ayant la faculté d'embaucher tel ou tel compagnon, soit individuellement, soit par lettre ou par l'intermédiaire d'un camarade.

» Art. 42. Les patrons sont instamment priés de faire connaître, à la grève, les plaintes qu'ils auraient à faire contre les compagnons ou garçons, pour qu'il soit fait droit à leurs réclamations.

» Art. 13. Tous compagnons de grève, étant porteurs d'une carte, ne peuvent être embauchés que sur la présentation de cette

carte.

» Art. 14. Tous patrons ou compagnons sont instamment priés de signaler à la grève les infractions au présent règlement. » Art. 15. A partir du 1er avril 1848, la grève est et demeure fixée chez M. Durand, marchand de vins, rue Quincampoix, no 69.

▸ Signé : SEIFFERT, RENAUDOT, BERTRAND, MARIE, FONTAINE, LEMOYNE, LETALEC. >>

SCIEURS DE PIERRES

Convention entre les délégués des ouvriers scieurs de pierre et la chambre des entrepreneurs de maçonnerie.

<< Les soussignés, membres de la chambre des entrepreneurs de maçonnerie de la ville de Paris et du département de la Seine, commis à l'effet ci-après par l'assemblée générale du 13 courant, d'une part, et les soussignés délégués des ouvriers scieurs de pierre du département de la Seine, d'autre part;

>> Vu la demande adressée à la chambre par lesdits ouvriers délégués, et tendante à fixer le prix du sciage de pierre;

» Vu le décret du Gouvernement provisoire qui fixe à dix heures la journée de travail;

» Considérant que le moyen d'éviter des grèves, qui sont toujours contraires aux intérêts communs, est, en effet, la fixation du prix du sciage;

>> Considérant, en outre, qu'il est essentiel de faire disparaître l'abus ou la gêne qui se produit fréquemment dans les chantiers, et qui consiste, pour le scieur de pierre, à abandonner, un trait de sciage avant qu'il soit achevé;

>> Par toutes ces causes, les soussignés ont, dans les limites de leurs pouvoirs respectifs, arrêté pour l'avenir le prix du mètre superficiel du sciage de la pierre ainsi qu'il suit... >>>

Ici vient le tarif de la coupe des différentes qualités de pierre, puis un règlement qui se termine ainsi :

» Les articles dont les prix ne sont pas portés, ainsi que toutes

les qualités de pierre non énumérées, seront l'objet d'une fixation de prix entre la chambre et les délégués.

>> Les entrepreneurs promettent leur concours et celui de leurs appareilleurs, pour faire en sorte qu'il n'entre dans leurs chantiers que des scieurs de pierre munis du livret de leur corporation et portant le cachet de la chambre syndicale.

>> Fait en quatre originaux, à la chambre syndicale, aujourd'hui, 29 avril 1848, dont un pour les membres de la chambre, un pour les délégués scieurs de pierre, un troisième pour être déposé à la Commission des travailleurs, au Luxembourg, et le quatrième pour être déposé aux prud'hommes. »

(Suivent les signatures.)

N° 4

LA PRÉSIDENCE ET LE SUFFRAGE UNIVERSEL (1)

Je me propose de prouver :

Que l'élection d'un président de la République par le Peuple tend à décrier le suffrage universel, en le mettant en contradiction avec lui-même ;

Que la Présidence, appuyée sur le suffrage universel, risque d'installer au sommet de l'État l'anarchie;

Que la Présidence enfin est une institution qui peut devenir plus funeste que la royauté elle-même.

— L'élection d'un président de la République par le Peuple tend

(1) Cet article fut publié par moi dans le Nouveau Monde, le 15 juillet 1849. Il contient le développement des idées que je me proposais d'émettre à la tribune, lors des débats sur la Constitution, débats auxquels ma proscription, arrivée avant cette époque, m'empêcha naturellement de prendre part.

à décrier le suffrage universel, en le mettant en contradiction avec lui-même. C'est une inconséquence singulière et pleine de mécomptes que d'aspirer à des réformes politiques d'une haute portée lorsqu'on repousse toute réforme sociale. Les conditions du pouvoir se lient d'une manière si intime à l'état général de la société, qu'il y a "vraiment folie à croire qu'on changera les bases de l'autorité publique sans toucher aux rapports des citoyens entre

eux.

Voyez le suffrage universel: dans cette société française où le vice des institutions fondamentales entretient tant de misères et assure, hélas ! une si humiliante durée au règne de l'ignorance, qu'a produit d'heureux jusqu'ici le soudain élargissement des sources du pouvoir? Je me rappellerai toujours de quel étonnement mêlé de dédain je vis l'Angleterre saisie, le jour où elle apprit que la France, en quête de son premier magistrat, avait choisi Louis Bonaparte. D'où venait donc à un proscrit de la veille cet insigne honneur? Par quels exploits guerriers, par quels écrits lumineux, par quel suprême effort de vertu s'était-il fait un rôle historique? Sur quoi s'appuyait sa candidature à la gloire? Si l'on cherchait dans sa vie politique, on ne trouvait que deux mots qui la condamnaient: Strasbourg, Boulogne. Si l'on cherchait dans sa vie militaire, on ne trouvait rien. Ce pays qu'on lui donnait à gouverner, le connaissait-il, du moins? Il ne l'avait jamais vu que du haut des fenêtres d'une prison, ou à travers le nuage de ses aventures. Deux fois surpris faisant violence à la fortune, deux fois vaincu, longtemps oublié, réduit, pour ressource dernière, à s'évader du fort de Ham en habit de maçon et une poutre sur l'épaule, était-ce tout ce roman de sa jeunesse qui avait dû faire pencher en sa faveur les graves balances de l'élection? « O peuple léger! disaient les Anglais, peuple capricieux!... » Le fait est, cependant, que, même avant que la main des scrutateurs descendit au fond des urnes, personne ne doutait en France que Louis Bonaparte ne fût l'élu des paysans. Et pourquoi? Parce qu'un seul nom parle à leur souvenir; parce qu'un seul nom ouvre à leur pensée des horizons lointains et a puissance sur leur âme; parce qu'une méchante gravure, suspendue aux murs de leurs chau

T. II.

28

« PrécédentContinuer »