Hé? La, la, la, la, la, la, la; La, la, la, la, la, la, Ne remuez point tant les épaules. LE MAISTRE DE MUSIQUE. Voilà qui eft le mieux du monde. A M. JOURDAIN. propos. Apprenez-moi comme il faut faire une révé◄ rence pour faluer une marquife;j'en aurai befoin tantôt, LE MAISTRE NSE R. Une révérence pour faluer une marquife? Oui. Une marquife qui s'appelle Doriméne. Donnez-moi la main. M. JOURDAIN. Non. Vous n'avez qu'à faire, je le retiendrai bien. LE MAISTRE A DANSER. Si vous voulez la faluer avec beaucoup de refpect, if faut faire d'abord une révérence en arrière, puis mar→ cher vers elle avec trois révérences en avant, & à la derniére vous baiffer jufqu'à fes genoux. M. JOURDAIN. Faites un peu. (Après que le maître à danfer a fait les trois revérences.) Bon. SCENE I I. M. JOURDAIN, LE MAISTRE DE MUSIQUE, LE MAISTRE A DANSER, UN LAQUAIS. Monfieur, voilà votre maître d'armes qui eft là. M. JOURDAIN. SCENE II I. M.JOURDAIN,UN MAISTRE D'ARMES, LE MAISTRE DE MUSIQUE, LE MAISTRE A DANSER, UN LAQUAIS tenant deux fleurets. LE MAISTRE D'ARMES après avoir pris les deux fleurets de la main du laquais, & en avoir préfenté un à M. Jourdain. A Llons Monfieur, la révérence. Votre corps droit. Un peu panché fur la cuiffe gauche. Les jambes point tant écartées. Vos piéds fur une même ligne. Votre poignet à l'oppofite de votre hanche. La pointe de votre épée vis-à-vis de votre épaule. Le bras pas tout-à-fait fi étendu. La main gauche à la hauteur LE MAISTRE D'ARMES. Ils ont tous deux l'audace de vouloir comparer leurs profeffions à la mienne. LE MAISTRE DE PHILOSOPHIE. Faut-il que cela vous émeuve? Ce n'eft pas de vaine gloire & de condition, que les hommes doivent difputer entr'eux; & ce qui nous diftingue parfaitement les uns des autres, c'eft la fageffe & la vertu. LE MAISTRE A DANSER. Je lui foutiens que la danfe eft une fcience à laquelle on ne peut faire affez d'honneur. LE MAISTRE DE MUSIQUE. Et moi, que la musique en eft une que tous les fiécles ont révérée. LE MAISTRE D'ARMES. Et moi, je leur foutiens à tous deux que la fcience de tirer des armes, eft la plus belle & la plus néceffaire de toutes les sciences. Et LE MAISTRE DE PHILOSOPHIE. que fera donc la philofophie? Je vous trouve tous trois bien impertinens, de parler devant moi avec cette arrogance; & de donner impudemment le nom de fcience à des chofes que l'on ne doit pas même honorer du nom d'art, & qui ne peuvent être comprises que fous le nom de métier miférable de gladiateur, de chanteur & de baladin. LE MAISTRE D'ARMES. Allez, philofophe de chien. LE MAISTRE DE MUSIQUE. Allez, belître de pédant. LE MAISTRE A DANSER. Allez, cuiftre fieffé. LE MAISTRE DE PHILOSOPHIE. Comment? Marauds que vous étes... (Le Philofophe fe jette fur eux, & tous trois le char gent de coups.) M. JOURDAIN. Monfieur le philofophe. LE MAISTRE DE PHILOSOPHIE, Infames, coquins, infolens. M. JOURDAIN. Monfieur le philofophe. LE MAISTRE D'ARMES. La pefte de l'animal! Meffieurs. M. JOURDAIN. LE MAISTRE DE PHILOSOPHIE. Impudens. M. JOURDAIN. Monfieur le philofophe. LE MAISTRE A DANSER, Diantre foit de l'âne bâté! LE MAISTRE DE PHILOSOPHIE. Fripons, gueux, traîtres, impofteurs. M. JOURDAIN. Monfieur le philofophe. Meffieurs. Monfieur le philo fophe. Meffieurs, Monfieur le philosophe. (1ls fortent en fe battant.) SCENE V. M. JOURDAIN, UN LAQUAIS. M. JOURDAIN, H! Battez-vous tant qu'il vous plaira, je n'y faurois que faire, & je n'irai pas gâter ma robe pour vous féparer. Je ferois bien fou de m'aller fourrer parmi eux, pour recevoir quelque coup qui me feroit mal. SCENE V I. LE MAISTRE DE PHILOSOPHIE, M. JOURDAIN, UN LAQUAIS. LE MAISTRE DE PHILOSOPHIE raccommodant fon collet. V Enons à notre leçon. M. JOURDAIN. Ah! Monfieur, je fuis fâché des coups qu'ils vous ont donnés. LE MAISTRE DE PHILOSOPHIE. Cela n'eft rien. Un philofophe fait recevoir comme il faut les chofes, & je vais compofer contr'eux une fatire du ftyle de Juvénal, qui les déchirera de la belle façon. Laiffons cela. Que voulez-vous apprendre? M. JOURDAIN. Tout ce que je pourrai, car j'ai toutes les envies du monde d'être favant; & j'enrage que mon pere & ma |