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SBRIGANI.

Ah, ah! Vous étes donc de complexion amoureuse; & vous avez ouï parler que ce Monfieur Oronte a une fille...

M. DE POURCEAUGNAC. Oui. Je viens l'époufer.

SBRIGANI.

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Ah! C'eft une autre chofe ; je vous demande pardon. M. DE POURCEAUGNAC,

Qu'est-ce que cela veut dire?

Rien.

SBRIGANI,

M. DE POURCEAUGNAC.

Mais encore?

SBRIGANI.

Rien, vous dis-je. J'ai un peu parlé trop vite.
M. DE POURCEAUGNAC.
Je vous prie de me dire ce qu'il y a là-dessous.
SBRIGANI.

Non, cela n'eft point néceffaire.

M. DE POURCEAUGNAC.

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Point. Je vous prie de m'en difpenfer.

M. DE POURCEAUGNAC, Eft-ce que vous n'étes pas de mes amis? SBRIGANI.

Si fait. On ne peut pas l'être davantage.

M. DE POURCEAUGNAC, Vous devez donc ne me rien cacher.

SBRIGA NI.

C'est une chofe où il y va de l'intérêt du prochain. M. DE POURCEAUGNAC.

Afin de vous obliger à m'ouvrir votre cœur, voilà une petite bague que je vous prie de garder pour l'a mour de moi.

SBRIGANI.

Laiffez-moi confulter un peu fi je le puis faire en confcience.

(après s'être un peu éloigné de M de Pourceaugnac) C'est un homme qui cherche fon bien, qui tâche de pourvoir fa fille le plus avantageufement qu'il eft poffible ; & il ne faut nuire à perfonne. Ce font des chofes qui font connues à la vérité ; mais j'irai les dé couvrir à un homme qui les ignore, & il eft défendu de fcandalifer fon prochain. Cela eft vrai; mais, d'autre part, voilà un étranger qu'on veut furprendre, & qui, de bonne foi, vient le marier avec une fille qu'il ne connoît pas, & qu'il n'a jamais vûe; un gentilhomme plein de franchife, pour qui je me fens de l'inclination, qui me fait l'honneur de me tenir pour fon ami, prend confiance en moi & me donne une bague à garder pour l'amour de lui.

Cà M. de Pourceaugnac.)

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Oui, je trouve que je puis vous dire les chofes fans bleffer ma conscience; mais tâchons de vous les dire le plus doucement qu'il nous fera poffible, & d'épargner les gens le plus que nous pourrons. De vous dire que cette fille-là méne une vie déshonnête, cela feroit un peu trop fort; cherchons, pour nous expliquer, quelques termes plus doux. Le mot de galante auffi n'eft pas affez; celui de coquette achevée, me fempropre à ce que nous voulons, & je m'en puis fervir, pour vous dire honnêtement ce qu'elle eft.

ble

M. DE POURCEAUGNAC. L'on me veut donc prendre pour dupe? SBRIGANI.

Peut-être, dans le fond, n'y a-t-il pas tant de mal que tout le monde croit ; & puis il y a des gens, après tout, qui fe mettent au-deffus de ces fortes de chofes, & qui ne croyent pas que leur honneur dépende...

M. DE POURCEAUGNAC.

Je fuis votre ferviteur, je ne me veux point mettre fur la tête un chapeau comme celui-là, & l'on aime à aller le front levé dans la famille des Pourceaugnacs.

Voilà le pere.

SBRIGANI.

M. DE POURCEAUGNAC,

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Serviteur, Monfieur, ferviteur.

M. DE POURCEAUGNAC, Vous étes Monfieur Oronte, n'eft-ce pas ? ORONTE,

Qui.

M.

M. DE POURCEAUGNAC.

Et moi, Monfieur de Pourceaugnac.

'A la bonne heure.

ORONTE.

M. DE POURCEAUGNAC. Croyez-vous, Monfieur Oronte, que les Limofins foient des fots?

ORONTE.

Croyez-vous, Monfieur de Pourceaugnac, que les Parifiens foient des bêtes?

M. DE POURCEAUGNAC. Vous imaginez-vous, MonfieurOronte, qu'un homme comme moi, soit affamé de femme ?

ORONTE.

Vous imaginez-vous, Monfieur de Pourceaugnac, qu'une fille, comme la mienne foit affamée de mari?

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SCENE VI.

JULIE, ORONTE, MONSIEUR DE POURCEAUGNAC.

JULIE.

N vient de me dire, mon pere, que Monfieur de Pourceaugnac est arrivé. Ah ! Le voilà fans doute, & mon cœur me le dit. Qu'il eft bien fait! Qu'il a bon air! Et que je fuis contente d'avoir un tel époux! Souffrez que je l'embraffe, & que je lui témoigne...

ORONTE. Doucement, ma fille, doucement.

Tome Vl

M. DE POURCEAUGNAC à part. Tudieu! Quelle galante! Comme elle prend feu d'a bord!

ORONTE.

Je voudrois bien savoir, Monfieur de Pourceaugnac, par quelle raifon vous venez ...

JULIE s'approche de M. de Pourceaugnac, le regarde d'un air languiffant, & lui veut prendre la main. Que je fuis aife de vous voir! Et que je brûle d'impatience...

ORONTE.

Ah! Ma fille, ôtez-vous de là, vous dis-je.
M. DE POURCEAUGNAC à part.
Oh, oh! Quelle égrillarde!

ÖRONTE.

Je voudrois bien, dis-je, favoir par quelle raison, s'il vous plaît, vous avez la hardieffe de... (Julie continue le même jeu.)

M. DE. POURCEAUGNAC à part. Vertu de ma vie !

ORONTE à Julie.

Encore? Qu'est-ce à dire cela?

JULIE.

Ne voulez-vous pas que je careffe l'époux que vous

m'avez choifi?

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Je ne veux pas, moi, &, fi tu ne rentres tout-àl'heure, je...

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