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5o Géographie, ethnographie, voyages, statistique; 6° Traductions d'ouvrages anciens ou étrangers, se rapportant à chacune des cinq divisions précédentes.

Essayons de relever, parmi les principales publications historiques de l'année, celles qui peuvent se grouper dans le premier seulement de ces six chapitres, consacré à l'histoire de France.

Études sur l'histoire de France. Aperçu général. Les grandes histoires; les monographies; l'histoire par périodes.

L'histoire de France est traitée à la fois dans toutes ses parties, à tous les points de vue et dans toutes les mesures. Si on veut l'embrasser dans son cadre général depuis les origines jusqu'aux temps modernes, trois ouvrages considérables s'offrent à nous en 1860, dont l'un, après de profonds remaniements, est aujourd'hui, pour la troisième fois, complet c'est l'Histoire de France depuis les temps les plus reculés jusqu'en 1789, par M. Henri Martin 1. La seconde publication générale est l'Histoire de France depuis les origines gauloises jusqu'à nos jours, par M. Amédée Gabourg qui vient d'aborder le dix-huitième siècle. La troisième est l'Histoire de France de M. Michelet, entreprise depuis si longtemps, et qui se compose peu à peu, d'année en année, d'une suite de monographies, consacrées, sous des titres particuliers, aux diverses époques : le dernier volume s'intitule Louis XIV et la révocation de l'édit de Nantes. Chacune de ces publications générales mérite, à des titres différents, de fixer l'attention et d'être l'objet d'un examen approfondi.

1. Tome XVI et dernier; tome XVII, Table analytique. Voy. ci-dessous, S 4.

2. Tome XV (1680-1715), in-8; 644 p. et une carte. Gaume frères. 3. Chamerot, in-8.

Ce qui prépare les bonnes histoires générales, ce sont les recherches sur les points les plus particuliers d'une époque ou d'un pays. La patience ne manque pas, de nos jours, pour ces travaux utiles; on voit surtout s'y livrer avec succès des savants modestes relégués au fond d'une province, et consacrant à l'étude les loisirs que leur fait la fortune ou que leur laissent leurs fonctions. C'est ainsi que nous pouvons citer l'Alsace romaine, études archéologiques, par M. A. Coste, juge au tribunal de Schelestadt1; puis, sur la même province, Histoire du conseil souverain d'Alsace, par M. Gillot, président à la cour impériale de Colmar, et M. Neyremand, conseiller à la même cour2. Une province qui ne paraît pas avoir une importance historique de premier ordre, la Beauce, a été, pour M. E. Mérault l'objet de travaux mentionnés honorablement par l'Académie des inscriptions et belles-lettres et remarqués par les érudits: ce sont les Essais historiques sur les villages royaux, seigneuriaux et monacaux de la Beauce, dont le tome I est une monographie du village royal Angerville-la-Gate . M. Al. Assier a recueilli les Légendes, curiosités et traditions de la Champagne et de la Brie'. M. Victor Develay, faisant le même travail sur une province voisine, a publié la Bourgogne pendant les Cent-Jours, d'après les documents originaux et des traditions contemporaines3. Un certain nombre de villes ont eu leurs historiographes. M. Fl. Lefils a publié, presque en même temps, l'Histoire de la ville du Crotoy et de son château, et l'Histoire civile, politique et religieuse de la ville de Rue et du pays de Marquenterre: ces deux ouvrages avec des annotations de

1. Mulhouse, J. P. Risler, in-8, avec deux planches.

2. Colmar, Hoffmann, Paris, Durand, in-8; 568 p.

3. A. Aubry, in-8; 456 p.

4. Troyes, Bouquot; Paris, Aubry, in-8; 316 p.

5. Corréard, in-8; 268 p.

6. Abbeville, Housse, in-18; 320 p.

7. Même libr., in-18; 422 p.

M. Dusevel. Un travail plus important du même genre est l'Histoire de la ville de Saint-Mihiel, par M. Dumont, juge dans cette ville 1.

Nous pourrions multiplier outre mesure ces indications de travaux spéciaux sur de simples villes ou sur de simples communes de France. Il y a des points historiques d'un intérêt plus général, qui gagnent aussi à être examinés à part, et qui projettent sur des périodes entières la lumière. dont ils ont été éclairés: tel est le fruit des études qui embrassent l'histoire de toute une province, celle d'un règne ou seulement celle d'un événement capital, d'un personnage important. Ici les travaux intéressants s'offrent en foule, et nous pouvons à peine choisir. Tandis que le comte d'Haussonville refond dans une nouvelle édition son Histoire de la réunion de la Lorraine à la France, le général Moline de Saint-Yon écrit une Histoire des comtes de Toulouse, tableau complet des vicissitudes d'une province qui a eu pendant près de cinq cents ans ses destinées particulières, quoique mêlées aux destinées de la France. Du premier comte, Chorson, au dernier, Raymond VII, c'est-à-dire de Charlemagne à saint Louis, l'auteur expose avec une certaine chaleur des faits dignes d'être plus connus, et met en scène des personnages qui inspirent un grand intérêt.

La dernière phase française du plus grand événement militaire et religieux du moyen âge est devenue l'objet d'une étude à part pour M. Ernest Gervais, qui écrit les Croisades de saint Louis". Les Communes françaises en Espagne et en Portugal pendant le moyen âge, de MM. Helferic et de Clermonts, sont une dissertation propre à éclairer

1. Nancy, veuve Dard; Paris, Derache, t. I-II, 355 p., 407 p.; l'ouvrage aura 3 vol.

2. Michel Lévy, 4 vol. in-12; la 1re édition, in-8, est de 1854-1859. 3. Arthus Bertrand, 2 vol. gr. in-8, avec cartes et pl.

4. Michel Lévy frères, in-8; 327 p.

5. Belin et Paris, in-8.

un point aussi intéressant qu'obscur : les auteurs mettent en lumière les relations réciproques de la France et des pays voisins à une époque où les nations paraissaient être si étrangères les unes aux autres.

La réforme et le mouvement social, philosophique ou religieux qui l'a préparée, excitent une juste curiosité. M. A. Michiels nous raconte, dans les Anabaptistes des Vosges1, des faits qui offrent tout l'intérêt d'un roman et provoquent la sympathie en faveur de ces humbles et austères disciples de la morale évangélique ramenée à sa pureté primitive. D'autre part, M. Antony Méray nous fait voir, dans les Libres prêcheurs devanciers de Luther et de Rabelais', des exemples incroyables de la hardiesse de langage où se laissait emporter, du quatorzième au seizième siècle, la prédication; il justifie ce mot de M. Henri Martin qui lui sert d'épigraphe : « Jamais la liberté de la chaire.......... n'a été poussée aussi loin. » Cependant M. F. Puaux poursuit son Histoire de la réformation française 3; M. Dargaud achève son Histoire de la liberté religieuse", qui est particulièrement celle du protestantisme.

La courte mais vive époque de la Fronde ne manque pas non plus d'explorateurs. M. Cousin ajoute à ses Études sur les femmes illustres et la société du dix-septième siècle un volume de plus : Mme de Longueville pendant la Fronde. C'est une suite de récits ou plutôt de dissertations sur la fin de la Fronde; Mme de Longueville ne figure sur le titre « que pour la parure. » Dans un ton plus simple, M. A. Chalamel raconte l'Histoire anecdotique de la Fronde .

Le règne de Louis XIV arrête encore davantage les

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historiens. Nous avons vu M. Michelet consacrer à la révocation de l'édit de Nantes un volume entier de son histoire générale. M. H. de Marne publie une étude spéciale intitulée Du gouvernement de Louis XIV dans ses rapports avec la religion 1. M. Eug. Pelletan raconte, dans un volume de la Bibliothèque utile, le règne de Louis XIV, sous un titre qui indique suffisamment la sévérité de l'auteur à l'égard du grand roi : Décadence de la monarchie française2.

Des études spéciales relatives au siècle suivant, nous ne citerons que l'Alliance anglaise au dix-huitième siècle, depuis la paix d'Utrecht jusqu'à la guerre de la succession d'Autriche, par M. Filon 3, intéressant mémoire lu par l'auteur à l'Académie des sciences morales et politiques.

A mesure qu'on approche des temps modernes, les publications historiques consacrées à de courtes périodes deviennent de plus en plus nombreuses. La Révolution est particulièrement étudiée à une époque où la politique se fait gloire tour à tour d'en défendre ou d'en combattre les principes. Un ouvrage propre à éclairer toutes les questions politiques ou sociales soulevées, résolues ou tranchées par l'époque révolutionnaire, est celui que M. P. Boiteau a intitulé: État de la France en 1789*: c'est un simple livre de statistique patiente et fidèle, et qui ne recherche qu'un genre d'éloquence, l'éloquence des chiffres. L'auteur, partisan déclaré de la cause libérale, a pensé que le meilleur moyen de faire aimer la liberté était de résumer, dans un tableau général de la situation politique de la France avant 1789, toutes les atteintes que le gouvernement, l'administration, les lois et les usages dirigeaient contre elle.

L'histoire de la Révolution française n'est souvent qu'un

1. Bar-le-Duc, Constant Laguère; Paris, Dentu, in-12. 2. Pagnerre, Havard, Martinon, etc., in-16.

3. Durand, in-8; 70 p.

4. Perrotin, in-8; 535 p.

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