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LES

FEMMES SAVANTES.

ACTE PREMIER.

SCÈNE I'.

ARMANDE, HENRIETTE.

ARMANDE.

Quoi! le beau nom de fille est un titre, ma sœur,
Dont vous voulez quitter la charmante douceur ?

1 Cette comédie, représentée sur le théâtre du Palais-Royal le 11 mars 1672, est mise, par les connoisseurs, dans le rang du Tartuffe et du Misanthrope. Elle attaquoit un ridicule qui ne sembloit propre à réjouir ni le peuple ni la cour, à qui ce ridicule paroissoit être également étranger. Elle fut reçue d'abord assez froidement, mais les connoisseurs rendirent bientôt à Molière les suffrages de la ville, et un mot du roi lui donna ceux de la cour. L'intrigue, qui en effet a quelque chose de plus plaisant que celle du Misanthrope, soutint la pièce longtemps. Enfin, plus on la vit, plus on admira comment Molière avoit pu jeter tant de comique sur un sujet qui paroissoit fournir plus de pédanterie que d'agrément. (V.) — Les Précieuses, représentées treize ans avant les Femmes savantes, avoient montré le ridicule du jargon des ruelles et des romans; mais l'envie de se distinguer n'étoit pas éteinte, et puisqu'on ne pouvoit plus y parvenir par le langage précieux, on entra dans une nouvelle carrière qui n'étoit pas moins périlleuse : on se piqua de purisme et de correction, comme on s'étoit piqué de recherche et d'afféterie. Les travaux de Vaugelas et de Ménage avoient mis à la mode les discussions grammaticales, et la grammaire devint le sujet des belles conversations; on y joignit le goût des sonnels et des madrigaux, et enfin celui de la science et de la philosophie. Descartes avoit alors beaucoup de vogue: on venoit de le substituer à Aristote dans toutes les écoles; et cette grande dispute pénétrant dans les salons, il n'étoit pas rare d'entendre les sociétés les plus

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