Le Dieu porte au respect, et n'a rien qui n'enchante; Rien en grace, en douceur, en vive majesté, Qui ne présente à l'œil une divinité; Elle est toute en ses traits si brillants de noblesse : La bonté, la puissance; enfin ces traits font voir Et donne à ce projet, et si grand et si beau, C'est à ton ministère à les aller saisir Pour les mettre aux emplois que tu peux leur choisir; Cet amour du travail, qui toujours règne en eux, Qui de leurs beaux talents te nourrit l'excellence. Et que ton nom, porté dans cent travaux pompeux, 'Molière s'entendoit mieux à peindre le moral de l'homme, qu'à décrire les parties et les procédés de l'art qui a pour objet d'en représenter les formes extérieures. Ces vers sur l'humeur indépendante, et même un peu sauvage, de l'homme de génie, sont énergiques et fiers; ils ont la couleur du sujet ; ils honorent celui qui les a faits, comme celui qui les a inspirés. Mignard y est peint avec fidélité; et Molière lui rendoit un service d'ami en présentant sous le jour le plus avantageux des singularités de caractère et de conduite dont on s'étoit servi probablement pour lui nuire dans l'esprit de Colbert. (A.) FIN. SUPPLÉMENT A L'HISTOIRE DE LA TROUPE DE MOLIÈRE. La Comédie françoise possédoit autrefois dans ses archives un registre tenu par La Grange, l'un des comédiens de la troupe de Molière. Ce registre, commencé le 20 octobre 1658 (époque des débuts de Molière à Paris), se terminoit le 1er septembre 1785, et comprenoit l'histoire de l'administration du théâtre, et tous les faits relatifs aux droits d'auteurs, aux acquisitions d'ouvrages dramatiques, aux frais de représentations, aux recettes, aux parts des acteurs, etc., etc. La note que nous publions, extraite autrefois de ce registre, est d'autant plus précieuse que le registre s'est égaré, et que probablement il n'existe plus. Nous devons cette note à l'obligeance de M. Labitte, qui l'a tirée des archives mêmes de la Comédie françoise. Elle commence ainsi : « Les frais ordinaires du théâtre de Molière montoient à Pâques, 1660, par jour, à 42 livres 19 sols. On a donné à Molière pour les Précieuses ridicules, en décembre 1659 et janvier 1660, en plusieurs à-comptes : 1660. Pour M. Gilbert, auteur de la Vraie et Fausse 1661. A Molière, pour Don Garcie, 38 louis 1. 550 liv. L'an 1662, la troupe étoit composée de 13 Sur 1,500 liv. dont le Roi fit don à la troupe Le louis valoit alors 11 livres. 114 liv. |