Images de page
PDF
ePub

NOTE SUPPLÉMENTAIRE

ET QUI DOIT ÊTRE PLACÉE PAGE 69 DE LA VIE DE MOLIÈRE.

Nous donnons ici le mandement de l'archevêque de Paris contre le Tartuffe. Cette pièce, datée du 11 août 1667, ne se trouve relatée ni dans les placets de Molière, ni dans aucun ouvrage du temps. M. Richard, employé à la bibliothèque Royale, la découvrit seulement en 1843. C'est une grande affiche in-folio imprimée par François Muguet, imprimeur de monseigneur l'archevêque de Paris, rue de la Harpe, aux Trois Roys, avec privilége. L'oubli dans lequel cette pièce si violente étoit tombéc ne peut s'expliquer que par la volonté expresse de l'archevêque lui-même, éclairée soudain par la volonté plus forte du Roi. Elle mérite d'être conservée.

ORDONNANCE

DE MONSEIGNEUR L'ARCHEVÊQUE DE PARIS.

« HARDOUIN, par la grace de Dieu et du Saint-Siége apostolique, archevêque de Paris, à tous Curés et Vicaires de cette ville et faubourgs, salut en Notre-Seigneur. Sur ce qui nous a été remontré par notre promoteur que, le vendredi, quinzième de ce mois, on représentera sur l'un des théâtres de cette ville, sous le nouveau nom de l'Imposteur, une comédie très dangereuse, et qui est d'autant plus capable de nuire à la religion que, sous prétexte de condamner l'hypocrisie ou la fausse dévotion, elle donne lieu d'en accuser indifféremment tous ceux qui font profession

de la plus solide piété, et les expose par ce moyen aux railleries et aux calomnies continuelles des libertins; de sorte que pour arrêter le cours d'un si grand mal, qui pourroit séduire les ames foibles et les détourner du chemin de la vertu, notre dit promoteur nous auroit requis de faire défense à toute personne de notre diocèse de représenter, sous quelque nom que ce soit, la susdite comédie, de la lire ou entendre réciter, soit en public, soit en particulier, sous peine d'excommunication;

« Nous, sachant combien il seroit en effet dangereux de souffrir que la véritable piété fût blessée par une représentation si scandaleuse et que le Roi même avoit ci-devant très expressément défendue, et considérant d'ailleurs que, dans un temps où ce grand monarque expose si librement sa vie pour le bien de son État, et où notre principal soin est d'exhorter tous les gens de bien de notre diocèse à faire des prières continuelles pour la conservation de sa personne sacrée et pour le succès de ses armes, il y auroit de l'impiété de s'occuper à des spectacles capables d'attirer la colère du ciel; avons fait et faisons très expresses inhibitions et défenses à toutes personnes de notre diocèse de représenter, lire ou entendre réciter la susdite comédie, soit publiquement, soit en particulier, sous quelque nom et quelque prétexte que ce soit, et sous peine d'excommunication.

<«< Si mandons aux archiprêtres de Sainte-Marie-Madeleine et de Saint-Severin, de vous signifier la présente ordonnance, que vous publierez en vos prônes aussitôt que vous l'aurez reçue, en faisant connoître à tous vos paroissiens combien il importe à leur salut de ne point assister à la représentation ou lecture de la susdite ou semblables comédies. Donné à Paris, sous le sceau de nos armes, ce onzième août mil six cent soixante-sept.

« HARDOUIN, archevêque de Paris.

Par mondit seigneur, PETIT. >>

Ce mandement fut lancé quelques jours après l'arrêt du parlement qui suspendoit la représentation du Tartuffe. Louis XIV étoit alors au camp devant Lille en Flandre. L'anathème porté contre l'auteur, et contre tous ceux qui liroient sa pièce, l'entendroient lire ou la verroient représenter, put un moment inquiéter la conscience du Roi, mais il ne l'ébranla pas. Son bon sens naturel

parloit plus haut que toutes les excommunications, et le persuadoit qu'il avoit quelque chose de mieux à faire pour l'honneur de la religion que de protéger les tartuffes: c'étoit de laisser parler la vérité. C'est ainsi que la pièce de Molière, jouée à la cour et à la ville, étouffa l'excommunication et la fit oublier. Qui donc, en présence du roi, auroit osé réveiller des foudres qui frappoient le roi lui-même ?

FIN DES NOTES.

TABLE

DES PIÈCES CONTENUES DANS CE VOLUME.

Pages.

[merged small][ocr errors][ocr errors]

LES FOURBERIES DE SCAPIN, comédie en trois actes.

Scène du PÉDANT JOUÉ.

Farce de TABARIN.

LES FEMMES SAVANTES, comédie en cinq actes.

1

401

106

111

151

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors]

SONNET à M. La Mothe-Le-Vayer. .

LA GLOIRE DU DÔME DU VAL-DE-GRACE.

SUPPLEMENT à l'histoire de la Troupe de Molière.
NOTE supplémentaire.

445

447

463

470

FIN DE LA TABLE DU SIXIÈME VOLUME.

« PrécédentContinuer »