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CHAPITRE VII.

LES PARCELLES DU DIAMANT BRISÉ.

Il est temps maintenant de retirer de cette masse mauvaise les parcelles du diamant brisé, de dégager de ce bruit discordant les fragments dispersés de l'exquise mélodie, et de les rassembler.

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Voici ce qui est beau dans le livre de M. Renan. C'est d'abord le nom de Jésus, qui a fait le succès du livre, et puis ce sont plusieurs des traits réels de la face de Jésus, que l'auteur a eu le mérite de ne pas vouloir effacer, mais qu'il a seulement dispersés.

Et d'abord M. Renan a eu le bon esprit de précéder de quelques années le mouvement qui ramène, de plus en plus, sous la

masse des preuves, à l'authencité des Évangiles, les critiques les plus insensés. Il ne craint pas de l'avouer, et de revenir sur ses négations antérieures.

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«En somme (p. xxxvII), j'admets comme authentiques les quatre Évangiles canoniques. Tous, selon moi, remontent au premier siècle. »

Et quant aux apocryphes, «ces composi» tions (p. XLIII) ne doivent être en aucune » façon mises sur le même pied que les Evangiles canoniques. Ce sont de plates » et puériles amplifications, ayant les canoniques pour base, et n'y ajoutant rien qui >> ait du prix. >>

>>

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Voilà donc, après tant d'égarements, la critique revenue, quant aux grandes masses des faits, au point de départ, aux données de la tradition posée par la critique de l'Église primitive.

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En outre, M. Renan reconnaît que tout le Nouveau Testament était achevé dans sa

forme actuelle avant la fin du premier siècle. Telles sont, selon l'auteur et selon la vérité, les sources authentiques où nous

Jésus,

trouvons les actes et les paroles du Christ. D'ailleurs, pour ce qui est des paroles de « une espèce d'éclat à la fois >> doux et terrible, une force divine, SI » j'ose le dire, souligne ces paroles, les » détache du contexte et les rend facile»ment reconnaissables... Les vraies paroles » de Jésus se décèlent pour ainsi dire d'elles» mêmes; dès qu'on les touche... on les >> sent vibrer; elles se traduisent comme » spontanément et viennent d'elles-mêmes » se placer dans le récit, où elles gardent un » relief sans pareil » (p. xxxvii). Cela est vrai, je vérifie cela et plus encore, depuis de longues années, dans toutes les paroles de Jésus que nous transmettent les Évangiles... Elles vivent toujours, s'appliquent toujours, sont éternelles, toujours nouvelles, à la fois plus nouvelles et aussi plus anciennes que chaque état de l'àme, que chaque époque du monde. Ce sont les vraies paroles de la vie éternelle.

Quant à son œuvre, Jésus « créa l'objet » et le point de départ de la foi future de » l'humanité (p. 2). L'événement capital

» de l'histoire du monde (p. 1) est la révo» lution par laquelle les plus nobles portions » de l'humanité ont passé des anciennes >> religions, comprises sous le nom vague » de paganisme, à une religion fondée sur » l'unité divine, la trinité, l'incarnation du >> Fils de Dieu. >>

Lorsque Jésus allait paraître, dit M. Renan, d'après l'histoire, le monde attendait quelque chose. « Des rêves de palingénésie universelle» (p. 17) se répandaient dans tout le monde romain et « faisaient naître » de toute part des espérances illimitées >> (p. 18).

« En Judée, l'attente était à son comble. » Et c'est alors que paraît « l'homme >> incomparable auquel la conscience uni>> verselle a décerné le titre de Fils de Dieu. » et cela avec justice, puisqu'il a fait faire » à la religion un pas auquel nul autre ne >> peut et probablement ne pourra jamais >> être comparé. »

Au sein du peuple qui le premier << ait >> eu souci d'une théorie générale de la » marche de notre espèce,... et qui, grâce

» à une espèce de sens prophétique,» se trouvait «< merveilleusement apte à voir les >> grandes lignes de l'avenir » (p. 47), il naquit un homme, le plus puissant des hommes, dont voici l'étonnant caractère : « Il eut une résolution personnelle fixe, » qui, ayant dépassé en intensité toute >> autre volonté créée, dirige encore, à >> l'heure qu'il est, les destinées de l'hu» manité » (p. 46).

Cet homme fait ce qui suit :

Il trace « le plus beau code de la vie parfaite qu'aucun moraliste ait tracé >> (p. 84).

« Une idée absolument neuve, l'idée >> d'un culte fondé sur la pureté du cœur » et sur la fraternité humaine, faisait par >> lui son entrée dans le monde» (p. 90).

<«< Par là il a posé une pierre éternelle, » fondement de la vraie religion, et, si la >> religion est la chose essentielle de l'hu» manité, par là il a mérité le rang divin » qu'on lui a décerné » (p. 90).

« Il a senti le bien, et au prix de son » sang i l'a fait triompher. Jésus, à ce

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