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défire la continuation de ce projet, & ne regrette que M. Martini ne Tait pas entrepris plutôt. Cet Artifte a fait paroître une pareille Eftampe fur le Salon de 1785; mais celle que M. Martini vient de mettre au jour eft préférable à la première fous tous les rapports. Elle le trouve à Paris chez M. Bornet, Peintre, rue Guénégaud no. 24, & à Londres n°. 7, Georges Row-hyde-Park: prix, 4 livres.

Théorie des Matières féodales & cenfuelles où l'on développe la chaîne de cès matières, dans un ordre & fous un afpect qui en facilitent l'intelligence, y repandent de nouvelles lumières, & menent à des définitions neuves des Contrats de fiefs & de cens; par M. Hervé, Avocat au Parlement. Tome VI, faifant le premier de la quatrième Partie. A Paris, chez Knapen & Fils, Li braires-Imprimeurs, au bas du Pont St. Michel, 1787, avec approbation & privilége du Roi,

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L'ANNÉE

LITTÉRAIRE;

LETTRE

XIX.

Mémoires de M. Goldoni, pour fervir à l'Hiftoire de fa Vie & à celle de Son Théâtre, dédiés au Roi, trois Volumes in-12. A Paris, chez la veuve Duchefne, Libraire, rue St. Jacques, au Temple du Goût.

IL y a bien peu d'Auteurs modernes,

qui n'aient été curieux de faire paffer à la poftérité avec leurs Ouvrages, l'hiftoire de leur Vie. On ignore même le lieu où Homere a pris naiffance & l'époque précife où il a vécu; on ne fçait prefque rien de la vie de Sophocle, d'Euripide, de Plaute,de Thucidy de, de Virgile, de Tite-Live, de Tacite, &c. mais on eft parfaitement inftruit des

N°. 43. 23 Octobre 1787. K

actions même les plus indifférentes, d'une foule d'Ecrivains de nos jours, grace à l'amour-propre qui les porte à devenir eux-mêmes leurs propres Hiftoriens.

S'il eft dans ce fiécle un homme de lettres dont la vie privée foit digne d'attirer les regards du public, c'est fans doute le célèbre Goldoni; le feul génie vraiment créateur que notre fécle ait produit dans l'art dramatique, l'Auteur de la plus heureuse & de la plus difficile des révolutions fur tous les Théâtres d'Italie. La patrie de Ciceron & de Virgile, avoit été la première éclairée de l'aurore des Arts dès le treizième fiécle, avant même que les Sçavans échappés de Conftantinople, vinffent y apporter les trésors de l'ancienne Grèce. L'Europe étoit encore enfevelie dans les ténèbres les plus épaifles, lorfque Petrarque & Bocace fignaloient déjà leurs talens dans l'Italie; la Poëfie, la Mufique, la Peinture, la Sculpture, l'Architecture tous les Arts d'agrément y firent des progrès rapides qui étonnèrent

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le refte du Monde. On jouoit encore en France des myftères & des moralités, lorfque le Prélat Triffino faifoit repréfenter la Sophonisbe, lorfque l'Ariofte & Machiavel publioient la Cafina & la Mandragore. Mais par une fatalité particulière à l'Italie, l'art dramatique n'a jamais pu s'y élever à une certaine hauteur. Les Romains dans leur plus beau fiécle, n'eurent prefque que des traductions des Tragédies & des Comédies grecques : leur fureur pour les jeux du cirque, & pour les pantomimes, découragèrent entièrement les Auteurs dramatiques: de même les Italiens imitèrent fervilement Sophocle & Euripide, Plaute & Térence; leur extrême paffion pour les Opéra, les empêcha d'avoir de bonnes Tragédies. Leur goût fingulier pour la pantomime & les Lazzi, fit dégénérer leurs Comédies en farces, en bouffonneries, en jeux de Théâtre, où il n'y avoit ni caractère, ni mœurs, ni peinture de la vie civile, Tel étoit l'état de la Comédie, lorfque Goldoni entreprit d'y introduire la décence, la régularité, la vraisemblance, &

une image fidelle de la fociété. Cette nouveauté fi contraire au goût de la Nation, trouva d'abord bien des détracteurs; mais le vrai génie triomphe à la fin de tous les obftacles; on rend tôt ou tard juftice au mérite, & le petit nombre des bons efprits & des connoiffeurs entraîne, à la longue, la multitude..

L'exemple de Goldoni rend plus croyable le nombre prodigieux de pièces qu'on attribue à Sophocle, à Euripide, à Menandre: le Poëte Vénitien a fait jouer & imprimer cent cinquante Comédies, foit en vers, foit en profe, tant de caractère que d'intrigue, dont la plupart ont réuslì : toutes ces pièces ne font pas excellentes, mais il n'y en a aucune où l'on n'apperçoive un vrai génie, & cet art fi précieux de faifir & de peindre

la nature.

Le Moliere de l'Italie a cela de commun avec le Moliere François, que l'un & l'autre, après avoir fait de bonnes études, ont trompé les vues de leurs parens ; & entraînés Far un penchant irréfiftible, le font

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