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femble plus précieux de talens rares dans le tragique & dans le comique, qu'à l'Epoque de l'arrivée de M. Goldoni en France. Quand on compare ce qu'il étoit alors & ce qu'il eft aujour d'hui, on eft forcé de convenir que l'art dramatique eft tombé à mesure que le ✰ goût du public pour les Spectacles s'eft augmenté. Il y avoit alors des A&teurs excellens & peu de fpectateurs ; aujourd'hui les fpectateurs abondent, & il n'y a plus d'Acteurs.

M. Goldoni ne fut pas d'abord content de l'Opéra il n'entendit pas un mot des paroles, & les airs étoient fi infipides, qu'il ne put jamais les diftinguer du récitatif. La toile baiffée, on lui demanda fon avis ; & quoique ce fut affûrément le meilleur homme du monde, il exprima fon mécontentement d'une manière un peu vive. « La réponse, dit-il, partit de » mes lèvres comme un éclair; c'est le paradis des yeux, c'est l'enfer des »oreilles. Cette répartie infolente inconfidérée, fait rire les uns, fait grincer les dents à d'autres. Deux » Meffieurs de la Chapelle du Roi la trouvent excellente. L'Auteur de la

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»Mufique n'étoit pas loin de ma place, » il m'avoit peut-être entendu, j'étois a au défelpoir; c'étoit un brave homme..... Requiefcat in pace ».

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Il eft enchanté de la forme actuelle du Palais-Royal; & on ne fera pas fâché de connoître ici fes -idées & fon jugement fur cette foire perpétuelle, qui a fait tomber toutes les autres. 27

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« On regrettoit, dit-il, cette fu- perbe allée, qui raffembloit dans les beaux jours, un monde infini, où les beautés de Paris faifoient parade de leurs attraits, où les jeunes gens couroient des rifques, in & rencontroient des fortunes, où » les hommes fenfés s'amuloient quelquefois aux dépens des étourdis. Chaque arbre qui tomboit faifoit 2 une fenfation douloureufe dans l'ame des fpectateurs, je me rencontrai par hazard à la chute de l'arbre de Cracovie, de ce beau Maronnier » qui raffembloit les nouvelliftes autour de lui, qui étoit depuis longtemps le témoin de leurs curiofités de leurs conteftations; & de leurs

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menfonges; je perçai la foule, j'eus » le bonheur de m'emparer d'une » branche qui avoit confervé fes » feuilles, je l'apportai fur le champ

dans une maifon de ma connoiffance; » je vis des Dames prêtes à pleurer, »je vis des hommes en fureur; tout » le monde crioit contre le deftruc»teur; je riois tout bas, j'avois grande confiance dans fes projets, » & je ne me fuis pas trompé.

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"Voilà le Palais-Royal renou» vellé, rebâti, achevé: on a beau » dire, on a beau critiquer ; je n'y > entre jamais fans un nouveau plaifir; » & l'affluence du monde qui le fré» quente actuellement, vient à l'appui » de mon jugement.

>> L'enceinte du jardin eft rétrécie, » dit-on, elle eft encore affez vafte, » pour offrir des allées d'été, des

allées d'hiver, & un efpace très» confidérable au milieu, qui n'est jamais rempli. Il n'y a pas affez d'air. Ceux qui ne cherchent que de l'air doivent préférer les Champs-Élifées; mais ceux qui 22 aiment à rencontrer dans le même

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endroit la fociété, le plaifir & la » commodité, auront de la peine à se détacher du Palais-Royal.

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» Des arcades qui garantiffent de » la pluie & du foleil, des Marchands » très achalandés des Magafins

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d'étoffe, de bijouterie & tout ce » qui peut fournir à la parure, à l'ha» billement & à la curiofité, des Cafés, » des Bains, des Reftaurateurs, des > Traiteurs, des Hôtels garnis, des » établissemens de fociétés, des Spec »tacles, des Tableaux, des Livres, >> des Concerts, des Appartemens » affez commodes en dedans, très» ornés & trop ornés peut-être en » dehors; toujours du monde, des » gens d'affaire, des commerçans, des politiques, chacun ly trouve à s'occuper utilement, à s'amufer » agréablement; autant les goûts font » différens, autant les plaifirs du Palais-Royal font variés.

Il arrive par fois, quelques querelles, quelques tapages. Mais où » n'en arrive-t-il pas ? la Police y veille comme par-tout ailleurs & il y a

de plus, dès. Suiffes toujours prêts aux premiers mouvemens. Se » Des gens de mauvaise humeur trouvent le Palais-Royal indécent; il n'y a rien à craindre pour les perfonnes décentes; j'ai vu fuivre aux Tuileries, des femmes trèshonnêtes, & les forcer de fe retirer, » parce qu'elles avoient quelque chofe d'extraordinaire dans leur parure, » ou dans leur figure; cela n'eft jamais » arrivé au Palais-Royal, il y a trop » de foule pour qu'une perfonne foit fixée & entourée d'une cohue de -> curieux ou d'étourdis,

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>> On a foin dans certains jours & dans certains momens de féparer le » peuple d'avec le monde comme il faut; s'il s'en mêle quelquefois malà-propos, les cotillons des Bonnes ne faliffent pas les robes des Dames parées c'eft en paffantry on n'y » prend pas garde; cleft un endroit public, un endroit marchand, utile, » commode, agréable; vive le PalaisRoyal.

Ce qu'il dit fur de Magnétifme, eft

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