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espèce, prouvent que cette grande fenfibilité de J. J., n'étoit qu'un pur égoïsme, qu'un efprit faux, accompagné d'un amour-propre effréné, On affecte aujourd'hui de confondre avec la fenfibilité, cette facilité à s'offenfer, cet efprit de travers qui transforme en injures même jufqu'aux égards & aux marques d'amitié : c'eft prefque l'unique fenfibilité des femmes, qui s'en piquent le plus, & qui en parlent fans ceffe la véritable fenfibilité eft bien différente; c'eft cette difpofition de l'ame qui fait que nous nous affectons vivement de ce qui a le moindre rapport avec les perfonnes qui nous font chères, & que nous attachons une grande importance à de petiteschofes, que les yeux indifférens zegardent comme puériles.

Les Mémoires de M. Goldoni font furchargés de détails minutieux, d'obfervations communes ; ils font très - fuperficiels, très-frivoles, trèspeu inftructifs; le ftyle en eft fouvent incorrect & négligé; mais ils amufent, ils intéreffent par la vivacité, la gaieté du récit, par un ton charmant de

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candeur, d'honnêteté; & ce qui eft peut-être l'effet le plus flatteur de toute efpèce de livre, ils font aimer & eftimer l'Auteur.

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A M. LECAUCHOIS,

Avocat au Parlement de Rouen, défenfeur & libérateur de la fille SALMON lue dans une Séance publique du Mufée de Toulouse, le 11 Août 1787.

DES

ES Puget, des Wandyck les ames enflammées

S'empreffent de tranfmettre à la postérité Ces marbres éloquens, ces toiles animées Où refpire un mortel cher à l'humanité ; Et tu reftes muette, augufte Poëfie!...: Si dès mes jeunes ans, je vécus fous tes loix, Allume dans mon fein la flamme du génie Unis à mes transports les accens de ta voix:

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Toi qui chante les Dieux, consacre`rom
langage

A célèbrer les noms des généreux mortels,
Qui, par leur bienfaifance en retraçent
l'image :

La terre à la vertu doit dreffer des autels.

Que tu me parois grand dans ce lieu

folitaire,

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Où tenant de Thémis le glaive suspendu
Lecauchois tu répands ces faisceaux de lu-

mière

Qui démafquent le crime & vengent la

vertu!

Mais que j'aime à te voir, quand de tom éloquence

La pitié retenant les foudres dans ta main, Tu vas dans les cachots aux yeux de l'innocence,

Faire briller l'efpoir d'un jour pur & ferein.

Tandis que tu parcours ces voûtes fouter-
reines,

Quel objet a frappé ton œil compatissant ?
Ton filence, ô Salmon, le bruit fourd de

tes chaînes

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Le crime pâiffant fuit devant fon flambeau.

Retrace-toi ce jour de mémoire immor

telle;

Salmon, fans accufer les hommes ni le fort,

D'une mâle affurance héroïque modèle, Attends d'un front ferein fon triomphe ou la mort.

Quels cris ont diffipé les préfages finif

tres

Qui glaçoient de terreur les efprits éperdus? Entendez de Themis les auguftes Miniftres Annoncer à Salmon que fes fers font rompus. Pour toi, mortel heureux, quel moment plein de charmes !

Je la vois à l'instant s'élancer dans tes bras, Tomber évanouie & baigner de fes larmes La main qui la dérobe aux horreurs du trépas.

La nature a parlé ; fa voix s'eft fait enténdre;

Des nuages de pleurs obfcurciffent les yeux :

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