Tout les cœurs font émus..... fçène tou chante & tendre! La terre en treffaillant l'offre aux regards des Cieux ! La Croix, dont nos regrets honorent la mémoire, En marchant ton égal, merita notre encens, Les Ponce les Sirven impriment à fa gloire Le fceau qui de l'envie écrafe les ferpens. 11 vengea la vertu du crime qui l'affiège; Fit refpecter les loix, cherir l'humanité ; Soutint les malheureux dont l'augufte cortège Le conduit en triomphe à l'immortalité. Vertueufe Eftinés, fur fes lèvres glacées (1) Ton nom erroit encore à la fin de fes jours; Tes malheurs occupoient fes dernières pensées; (1) Le dernier Mémoire de M. la Croix, célèbre Avocat au Parlement de Toulouse, a été pour Catherine Eftinès accufée de parricide & relaxée de ladite accufation avec 6000 liv. de dommages-intérê s. Ce Mémoire respire cette fenfibilité touchante qui caractérise tous les écrits. Mais il ne put, hélas! en terminer le cours; Ce regret l'a fuivi fur le fombre rivage... Tandis que réfervé pour un fort plus heureux, Tu peux, homme immortel, jouir de ton Quvrage, Et te montrer encor l'appui des malheu reux. Aux flammes du bûcher tu ravis une proie; C'est affez pour ta gloire & trop peu pour ton cœur : A nos yeux attendris que ton ́ame déploie Toute fa bienfaifance & toute fa gramdeur. Un généreux foldat pour cette infortunée Sentit les mouvemens d'une douce pitié. Salmon, dans les cachots ton oreille étonnée Entendit foupirer la voix de l'amitié. Si ce lieu que jamais l'aftre du jour n'éclaire Dérobe à Savary le bonheur de te voir; Ses cris ont fçu du moins en percer la barrière, Et porter dans ton cœur les rayons de l'efpoir. Un intérrêt fi tendre obtient fa récom penfe ; Tu permets, Lecauchois, à la main de l'amour D'acquitter le tribut de la reconnoiffance. Tes voeux ardens hâtoient l'aurore de ce jour. Vois autour de Salmon, quelle pompe s'apprête ; Ce n'eft plus le cyprès, fymbole du mal heur, C'est le myrte amoureux qui va ceindre fa tête. Les flambeaux de l'hymen brillent pour fon bonheur : Le Ciel qui de fes feux approuve l'inno cence L'enchaîne à Savary par des noeuds folem nels; Et les grands dépofant l'orgueil de leur naiffance, Viennent la couronner aux pieds des faints autels. (1) (2) L'on fçait qu'une Princeffe du Sang ne dédaigna pas de couronner Salmon le jour de fon mariage lej 26 Août 1786. La Déeffe aux cent voix a reveillé l'envie ; Ta gloire eft un poignard qui déchire fon fein. Ce monftre ténébreux fur ta brillante vie A déjà commencé d'épancher fon venin.. Il ourdit fourdement fa déteftable trame; De fes vaines clameurs pourquoi t'offense-tu A se justifier, abaiffer ta grande ame! C'est la marche du crime & non de la vertu. Quand le flambeau des cieux, du fond des marécages, Elève des vapeurs dans les plaines des airs, En poursuivant fa route il chaffe les nuages, Et d'un torrent de feux inonde l'univers. Recueille en paix le fruit de ton zèle héroïque ; L'envie, & Lecauchois, loin de ternir ton nom A rehauffé l'éclat de la Palme civique Dont la France attendrie a couronné ton Toulouse, qui a remporté le Prix à l'Académie des Jeux Floraux. LETTRE XX. Effai hiftorique fur l'Hôtel-Dieu de Paris, ou Tableau Chronologique de fa fondation & de fes accroiffemens fucceffifs,&c.dédié à tous les Citoyens qui ont foufcrit en faveur des quatre nouveaux Hôpitaux ; par M. Rondonneau de la Motte. A Paris chez l'Auteur, à l'Hôtel de Noailles, rue St. Honoré, près de la Place Vendome & chez Nyon l'aîné Libraire, rue du Jardinet. C'EST 'EST s'y prendre un peu tard que de faire l'hiftoire de l'Hôtel-Dieu, au moment où il va ceffer d'exifter. Une partie de fes bâtimens ne formera plus qu'un Hofpice peu vafte mais commode & fain. Sur les débris du refte, on doit bâtir un Quai défiré depuis fi long-temps, pour contribuer à l'embelliffement & à la falubrité du quartier de Paris le plus |