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peuplé, & qui a le plus de befoin de ̈ la circulation libre de l'air. Quatre Hôpitaux de 1200 lits chacun, vont fuppléer à l'avenir, à l'infuffifance de PHôtel-Dieu, dont la fituation ne peut plus s'accorder avec fa deftination primitive.

M. Rondonneau dans fon Introduction, remonte à l'origine des Hôpitaux; il fait voir qu'ils ont été inconnus chez les peuples de l'antiquité, qui aimoient mieux donner Phofpitalité que de faire l'aumône; & prévenir la misère, que de lui offrir des refuges & des hofpices publics. Conftantin fut le premier qui fonda de fpacieux Hôpitaux pour les pauvres Chrétiens. Son exemple fut fuivi par des Princes charitables & quelques pieux Prélats; & dès le quatrième écle, on comptoit un grand nombre de ces hofpices.

L'adminiftration des Hôpitaux étoit alors une fonction eccléfiaftique qu'on ne donnoit qu'à des Prêtres ou à des Diacres d'une charité connue, qui ne rendoient de compte qu'à leur Evêque. Dans le relâchement de la difcipline, les Clercs avoient converti

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cette adminiftration en titre de bénéfice, dont ils ne rendoient aucun compte; & ils appliquoient à leur profit la plus grande partie du revenu. On a demandé pourquoi la plupart des Hôpitaux, qu'on nomme HôtelDieu, & qu'on nommoit alors maifonsDieu, font placés auprès des Métropoles, & dirigés par des Chanoines. L'origine de cet ufage peut fe rapporter au Concile d'Aix-la-Chapelle,

en 816. On lit dans les Statuts de la Règle des Chanoines, qui furent dreffés par ce Concile, à la demande de Louis-le-Débonnaire, fils & fucceffeur de Charlemagne : a Les Evêques » établiront un Hôpital pour recevoir » les pauvres, & lui affigneront un » revenu fuffifant aux dépens de l'Eglife. Les Chanoines y donneront

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la dixme de leur revenu même

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des oblations; & un d'entr'eux » fera choifi pour gouverner l'Hôpital, même au temporel. Les Cha»noines iront au moins en Carême, » laver les pieds des pauvres ; c'eft pourquoi l'Hôpital fera tellement » fitué, qu'ils puiffent y aller aifé»ment». C'étoit-là une inftitution bien

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fage, & digne d'un fiècle éclairé. Certainement fi l'on propofoit encore au Clergé d'établir & d'entretenir les Hôpitaux, il le feroit un honneur & un devoir de confacrer une grande partie des biens de l'Eglife à ces fonctions de charité, qui font de l'effence même & de l'efprit de la Religion Chrétienne.

Aujourd'hui la France renferme plus de 700 Hôpitaux, & une centaine d'établiffemens de trois ou quatré lits fondés par des particuliers, non compris les Hôpitaux Militaires, qui font au nombre d'environ 700. On eftime de cent à cent dix mille le nombre des malheureux qui peuplent habituellement ces différentes Maifons; mais il y en a un beaucoup plus grand nombre qui, dans le cours d'une année, y trouvent un afyle, puisque la mort & la guérifon renouvellent les places très- fréquemment.

Les revenus des Hôpitaux dérivent de leurs biens patrimoniaux, en terres en maisons ou en rentes, des droits fur les Communautés levés à leur profit, fous l'autòrité du Souve rain, des fecours annuels en argent,

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fournis par le Tréfor Royal, ou affignés fur d'autres caiffes; enfin, des dons & des aumônes des ames charitables. C'est entre dix-huit & vingt millions qu'on évalue le revenu annuel dont les Hôpitaux ont la difpofition; & le quart de cette fomme, à-peu-près, appartient à l'Hôpital. Général & à l'Hôtel-Dieu de Paris. Il me femble qu'une pareille fomme, judicieulement repartie entre les citoyens pauvres, pour les aider dans leurs travaux, feroit fuffifante pour qu'aucun d'eux déformais, n'eût befoin d'aller à l'Hôpital. Il feroit bien étonnant que vingt millions de revenus ne puffent pas procurer le néceffaire à cent mille malheureux qu'un pareil fecours exciteroit au travail au lieu que les dépenfes, l'entretien & la régie des Hôpitaux, abforbe peutêtre plus de la moitié des revenus, en pure perte pour les indigens.

L'opinion commune eft que l'HôtelDieu a été fondé vers l'an 600, par St. Landry, Evêque de Paris. Depuis ce moment, les Souverains, les Prélats & les citoyens charitables n'ont ceffé de fubvenir par des donations,

aux befoins toujours croiffans de cet hofpice de misère. St. Louis eft le premier de nos Rois qui fe diftingua le plus par fes bienfaits. Ses Miniftres fe plaignirent de ce qu'il faifoit de trop grandes charités, il les laissa murmurer, fans vouloir rien changer à fa manière d'agir: « il eft quelquefois néceffaire, difoit-il, que les » Rois excèdent un peu dans les dé» penfes ; & s'il y a de l'excès, j'aime » mieux que ce foit en aumônes, qu'en » chofes de luxe & fuperflu ».

Ce fut en 1505, que le mauvais ordre qui régnoit dans la régie de l'Hôtel-Dieu, obligea d'en ôter l'administration temporelle aux Doyen & Chapitre de Paris, pour la confier à huit Bourgeois, qui furent nommés par le Prévôt des Marchands & par les Echevins. Ce ne fut pas fans beaucoup d'oppofitions de la part du Chapitre, que le Parlement le força enfin de céder, & même de rendre compte. Le Chapitre n'a confervé que l'adminiftration fpirituelle.

Sous François I, où le luxe commençoit à paroître, le nombre des pauvres augmentoit chaque jour ; des

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