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Elifabeth; & qu'elle n'y étoit préfentée que de loin en loin, pour ne Ha pas laifler oublier. Dans ce troisième volume, on la voit plus fouvent; mais ce n'eft encore que pour y jouer un rôle fecondaire & odieux de tyran, dans la fanglante tragédie de Marie Stuart, Reine d'Ecoffe; tragédie qui ne finit pas même à ce volume, & dont la catastrophe ne fe trouvera que dans le quatrième. Puifque tout l'intérêt de celui-ci roule abfolument fur la Reine Marie, il faut bien que nous donnions une idée des faits antérieurs è ceux dont nous allons parler, & que nous avions écartés de notre première analyfe, pour nous occuper feulement d'Elifabeth.

On fait que Marie Stuart, fille de Jacques V, Roi d'Ecoffe, & dẹ Marie de Lorraine, hérita du Trône de fon Père, huit jours après fa naissance, en 1442, Henri VIII, Roi d'Angleterre, voulut la marier avec le Prince Edouard, fon fils, afin de réunir les deux Royaumes, Mais ce mariage n'ayant pas eu lieu, elle époula en 1558, François, Dauphin de France, fils & fucceffeur de Henri

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H. François Il étant mort en 1500. Marie repaffa en Ecoffe, quittant la France avec peine & avec douleur. Ses regrets font éternifés dans ces vers, qu'elle écrivit en pleine Mer quand elle eut perdu de vue nos côtes :

Adieu, plaifant pays de France,
O ma patrie,

La plus cherie

Qui as nourri ma jeune enfance.
Adieu France, adieu mes beaux jours y
La nef qui disjoint nos amours,
N'a cy de moi que la moitié.

Une part te refte, elle eft tienne

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Je la fie à ton amitié,

Pour que de l'autre il té fouvienne.

De retour en Ecoffe, Marie époufa en fecondes nôces, Henri Stuart, fon coufin. Le Comte de Murray, frère de la Reine, ambitieux, fourbe & cruel, médita dès-lors de la perdre & de règner à fa place. Marie étoit imprudente & fenfible; il la fit foupçonner de galanterie. Un Muficien Italien, nommé David Rizzo, fut accufé d'être dans fes bonnes graces.

Henri, Prince groffier & prefque stupide, qui n'avoit que le nom de Roi, méprifé de fon épouse, aigri & jaloux, quoique Rizzo fût un vieillard dégoûtant, entre, par un efcalier dérobé, fuivi de quelques hommes armés dans la chambre où fa femme foupoit avec le Muficien &une de fes favorites. On renverse la table, & on tue Rizzo aux yeux de la Reine, enceinte alors de cinq mois, & qui fe mit en vain au-devant de lui. Murray jetta enfuite les yeux fur le Comte de Bothnel, qu'il présenta à fa fœur. Bothnel s'étant flatté de lui plaire, & portant son ambition jufqu'à l'époufer, forme avec Murray, le complot de la mort du Roi, après avoir tenté inutilement tous les deux de faire confentir la Reine au divorce, Le Roi fut donc affaffiné à Edimbourg, dans une maifon ifolée, que les meurtriers firent fauter par une minè. Bothnel fut accufé du crime, & fut lavé de l'accufation par des Juges qui étoient vendus à Murray, La Reine même ne parut pas fâchée de le croire innocent, Bothnel, qui ne démêloit

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pas les vues de Murray, voulut profiter de fon crime mais la mémoire du Roi, fa perte encore récente, ne lui permettoient pas de demander fi-tôt à fa Veuve, le prix de fes foins. Cependant fon projet demandoit une célérité de laquelle dépendoit le fuccès. Il imagina donc de fe faire. préfenter à la Reine, par la Nobleffe du Royaume. Lorfqu'il eut féduit les Noble's, chacun en particulier, il les invita tous à fouper chez lui, & leur perfuada de figner en corps, une Adreffe à la Reine, par laquelle ils le recommandoient à cette Princeffe comme digne d'obtenir fa main, & y joignoient l'assurance de la réfolu→ tion où ils étoient d'approuver fes prétentions. Dans tout cela, le plan de Murray étoit de rendre odieuse la Reine, en la forçant d'époufer celui que toute la Nation regardoit comme l'affaffin du Roi; de la perdre ensuite avec fon nouvel époux, comme tous deux complices de cet affaffinat, & de gouverner au moins comme Régent, s'il ne pouvoit fe défaire du fils de la Reine qui fut depuis

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vi.

Jacques VI. Toute la conduite de 'Murray, & tout ce qui arriva, prouve que tel fut effectivement fon projet.

Le Comte de Bothnel, maître de la plus grande partie de la Nobleffe, voulut l'être auffi de la perfonne de la Reine. Le 22 avril 1567, cette Princeffe fe rendit au Château de Stirling, où étoit le Prince d'Ecoffe. Bothnel raffembla mille chevaux, fous prétexte de protéger les frontières du Royaume contre de prétendus ennemis, & joignit Marie le 24, à fon retour dans la Capitale. Suivi de fa troupe armée, il prit le cheval de la Reine par la bride, & la conduifit au Château de Dumbar. On peut juger de la furprise & de l'indignation de Marie, arrêtée comme prifonnière par un Courtifan qu'elle avoit comblé de distinctions: mais le Comte, attribuant fa témérité à la violence de fa paffion, prenant un extérieur timide & refpectueux, & la conjurant de lui accorder fa grace & fa main, lui montra l'acte figné par la Nobleffe Ecoffoife. Marie

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