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renonciation à la Couronne, en fa? veur de fon fils; un autre acte pour conférer au Comte de Murray, la régence du Royaume; & un troifième pour élire les membres d'un Confeil national. Une demande aufft imprévue confterna cette malheu reufe Princeffe. Sa réfiftance fut auffi vive que fon indignation. On ofa la menacer de les lui faire figner de fon propre fang, fi elle perfiftoit dans cette opiniâtreté. » noncerai plutôt à la vie qu'au » trône,» s'écria-t-elle en verfant des Jarmes de défefpoir. L'Ambaffadeurd'Elifabeth eut l'adreffe de lui perfuader qu'elle pourroit figner les. actes propofés, en lui failant obferver que tout ce que la crainte & la force arrachent à celui qui n'est pas libre n'est d'aucune valeur lors qu'il le défavoue en pleine liberté. Marie eut encore la foibleffe de fuivre ce Confeil; & l'on verra quel ufage fit Elifabeth de ce conlentement, pour empêcher Marie de rentrer dans fes Etats en Souveraine. Cependant un parti se formoit

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en Ecoffe, en faveur de Marie; les Hamilton étoient à la tête. Ces nouveaux confédérés s'engagerent, au prix de leur vie & de leurs biens à remettre leur Reine en liberté, à lui rendre la Couronne, à concouFir au châtiment des meurtriers du feu Roi & à la confervation du jeune Prince. Ceux du parti de Murray ne tardèrent pas à célébrer le couronnement de cet enfant ; & deux Lords, au nom de la Reine fa mère, renoncèrent publiquement au Gou vernement du Royaunre d'Ecoffe Aucun des Seigneurs Ecoffois du parti de Marie, ne parut à cette cé rémonie. Murray n'avoit plus qu'à se: montrer i fe hâta de paroître revêtu, pour ainfi dire, du pouvoir Souverain maître d'un enfant au berceau, & d'une femme captive, & foutenu des fecours d'Elifabeth. Sả politique alla plus loin, il voulut être obligé d'accepter la Régence,. par la volonté de la Reine elle-même;

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l'alla voir dans fa prifon, contint: fa joie, cacha fes deffeins, & la reçut: dans les bras, où l'infortunée couruj

fe jetter. La préfence de ce frère perfide lui parut être celle d'un confolateur & d'un ami. Il en prit le langage & la douceur, écouta fes plaintes, le détail de fes malheurs prit foin d'effuyer les larmes qu'elle répandoit; il la preffa de lui ouvrir fon cœur, comme à fon unique ami, & à fon plus fidèle fujet; & affectant d'unir la févérité d'une vertu éprouvée à la fenfibilité d'un frère tendre, & à la politique d'un homme 'd'Etat, il lui recommanda de ne lui cacher aucune des foibleffes qu'on pouvoit avoir à lui reprocher. Marie féduite par cet extérieur de tendreffe, pénétrée de reconnoiffance, éblouie par un faux efpoir, fit l'aveu de quelques erreurs, mais s'emporta vivement contre ceux qui la déchiroient par des calomnies atroces. Enfin il la fit tomber dans un violent défefpóir, lorfqu'en lui promettant de faire tout ce qui dépendroit de lui pour affurer fa vie, il lui fit entendre qu'elle devoit renoncer au trône, & même à fa liberté. Sa doujeur & fes larmes ne furent à fes yeux

qu'un orage paffager, dont la violence alloit affurer fon triomphe. En effet, elle fe leva, elle se jetta une feconde fois dans fes bras, & le conjura d'accepter la régence, afin de ne point l'abandonner à d'autres mains que les fiennes. Enfin preffé par les follicitations, Murray lui laiffa entrevoir qu'il pourroit la fatisfaire, & prit congé d'elle. Elle l'embrafla encore, & le chargea de fa bénédiction pour fon fils.

Au milieu de fes fuccès, un criminel ne peut fe dérober à tous les affronts qu'il a mérités. Murray en éprouva un fenfible de la part du Roi de Dannemarck. Ce prince ayant appris que Bothnel étoit prifonnier dans fes états, ne voulut pas rendre la liberté à l'affaffin du Roi d'Ecoffe, & le retint dans les fers. Murray crut déja tenir dans fes mains la vie de ce complice redoutable & Fenvoya demander au Roi de Dannemarck. Ce Prince, qui avoit rendu juftice à Bothnel, la rendit auffi à Murray; il lui fit dire que, le regardant comme l'ufurpateur des droits

'de fa Souveraine, il n'avoit rien à lui répondre. Ce mauvais fuccès lui caufa les plus vives inquiétudes. Tant que Bothnel refpiroit, il pouvoit découvrir l'odieux myftère qu'on efpéroit enfevelir avec lui.

Murray, après avoir noirci la réputation de Marie dans les Cours Etrangères, voulut la diffamer publiquement en Ecoffe. Il chargea Buchanan de cette diffamation, & Buchanan fabriqua les fameufes lettres qui fervirent à la ruine de Marie. Ces lettres, dont on ne vit jamais que des copies, puifque les origi naux n'exiftoient pas, marquoient une paffion effrénée de la Reine pour Bothnel, & une complicité de l'affaffinat du Roi. On vit bientôt s'ouvrir les féances du premier Parlement, convoqué fous le nom de Jacques VI, par le Régent Murray Ce fut là qu'on jugea Marie Convaincue des crimes dont on l'accufoit, d'après des lettres adreffées. à Bothnel " & que perfonne n'avoit vues; il fuffit que Murray affurât les avoir entre les mains; on ne l'obli

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