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gea point à les montrer. On refit auffi le Procès à Bothnel quand il étoit préfent & qu'il pouvoit dénoncer fes complices, il avoit été abfous; abfent, il fut condamné. On fit exécuter quatre de fes domeftiques, qui avouèrent le crime de leur maître, en proteftant, devant Dieu & fes Anges, que le Comte de Bothnel leur avoit dit que les Comtes de Morton & de Murray, étoient les auteurs du meurtre, dont il n'étoit que l'exécuteur & le complice, & que la Reine n'en avoit pas de connoiffance.

Cette Princeffe, à l'aide du jeune Lord Douglas, frère cadet de Murray, s'échappe enfin de Lochleven, & fe retire au Château d'Hamilton, où elle eft reçue en Souveraine. On lui fait voir une armée de trois mille hommes prête à combattre pour elle. Elle eût bientôt un plus grand nom bre de partifans & de défenfeurs. On ne tarda pas à en venir aux mains; le parti de Murray fut vainqueur, & Marie obligée de prendre la fuite. Après une marche pénible, elle arrive

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à Dunderdan. Là elle pouvoit prendre également la route de l'Angleterre ou celle de la France. Son malheur voulut qu'elle fe décidât pour l'Angleterre, & pour fa bonne four Elifabeth. Arrivée à Carlifle, elle écrit à cette bonne fœur, & lui demande une entrevue: l'offre volontaire que Marie lui faifoit de plaider fa caufe devant elle, fut rejettée d'Elifabeth, qui répondit que Marie étant accufée par fes fujets d'un crime abominable, du meurtre de fon mari, elle ne pouvoit ni la condamner, ni l'abfoudre, & qu'un procès public étoit la feule manière de détruire cette imputation. En attendant, Marie fut transférée de Carlille à Bofton, & gardée étroi tement. Murray, fommé par la Reine d'Angleterre, de venir prouver fes accufations, fe fit accompagner de trois personnes, dont l'un étoit Bu chanan, pour lui fervir de confeil. Marie nomma pour les défenseurs l'Evêque de Roff, Prélat d'un carac tère inébranlable dans fa fidélité envers fa fouveraine, & trois Lords diftingués. Elifabeth nomma le Duc

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de Norfolck, le Comte de Suffex, & Sir Ralphs Sadler ; & les conférences s'ouvrirent dans la ville d'York, le 4 Octobre 1568. Après les difcuffions préliminaines, & bien des débats Buchanan produifit enfin la fameufe caffette dont on avoit parlé tant de fois avant de la montrer, Ce n'étoient point cependant des lettres originales; mais de fimples copies non collationnées, non légalisées, non revêtues de quelque forme qui pût en conftater l'authenticité, & dont il ne voulut point fe deffaifir.

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Elifabeth, étonnée du refus que faifoit le Régent d'Ecoffe de communiquerles preuves de fon accufation, dé firant que les Lettres de Marie à Bothnuel fuffent authentiques, ou croyant qu'on pourroit les regarder comme telles, elle réfolut d'attirer à elle une affaire dont elle prétendoit enfin s'attribuer le jugement. Sous prétexte que la ville d'York étoit loin de la capitale, & que cette diftance occafionnoit des retards continuels dans les délibérations & dans les réponses de fon confeil, elle transféra les conférences à

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Londres même, au palais de Weftminfter. En donnant cet ordre, elle recommanda fortement à fes Commiffaires de ne point effrayer Marie, & de lui préfenter au contraire cette nouvelle difpofition comme une marque, de fon amitié, & un moyen d'accélérer la décifion de fon affaire. Elle joignit à fes trois Commiffaires quelques-uns des membres de fon confeil; Cécill, Bacon, le Comte d'Aron-, del, le Comte de Leicester & le Lord Clinton. Elle amufa long-temps les Commiffaires Ecoffois par des protel tations d'amitié pour fa faur. Mais cette duplicité n'en impofoit ni à. l'Evêque de Roff, ni au Lord Herreis Dans une feconde audience, ils lui repréfentèrent qu'ils ne pouvoient, par refpect pour leur maîtreffe, Souveraine indépendante, ouvrir les conférénces dans un lieu où les procès criminels étoient examinés. Ils lui repré fentèrent que Marie Stuart ne pouvoit fouffrir l'humiliation de répondre à fes propres fujets, & qu'elle fe fentoit outragée en voyant Elifabeth, admettre à fa Cour & en fa préfence, le Comte

de Murray & fes adhérens, & confentir à entendre leurs calomnies & leurs accufations, tandis qu'elle, Reine d'Ecoffe, captive & bannie de la fociété des hommes, n'obtenoit pas d'être admife en préfence de la Reine, Elifabeth, furprise de cette fermeté, montra en les écoutant, beaucoup de modération, leur promit que la cause feroit difcutée dans une chambre où l'on n'avoit jamais jugé aucun procès pour crime d'Etat, & protefta que fon intention n'étoit point de juger la Reine d'Ecoffe, dont l'honneur ne feroit ni compromis, ni flétri.

Les Commiffaires, forcés de fubir le joug de la néceflité, fe foumirent aux volontés, d'Elifabeth; mais à la première féance de Weftminfter, ils proteftèrent folemnellement & dans les termes les plus forts, contre tout jugement définitif qui feroit rendy contre leur Souveraine, par quelque perfonne & quelque autorité que ce fut, parce qu'elle ne dépendoit d'au cune puiffance fur la terre, & qu'ils fe regardoient feulement comme des Commiffaires & des Ambaffadeurs

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