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» rend tout fenfible à l'excès, à qui »fa légéreté ne permet pas d'éprouver » d'impreffions durables. Il a plus d'amour-propre que d'orgueil; il a befoin fans ceffe, par cette raifon, » de l'opinion d'autrui pour s'eftimer; "il eft porté à fe communiquer, à » vivre en fociété. Ce n'eft pas affez d'être grand dans cette Nation, il faut être aimable; de faire de grandes chofes, il faut dire des bons mots, Elle aime à être étonnée, elle fe » laffe d'admirer. Le befoin que donne » l'amour-propre du fuffrage des au » tres, lui infpire une perpétuelle envie » de plaire delà cette politeffe qui

la caractérise. Elle n'eft dominée » par aucun fentiment profond: delà >> fa douceur & la facilité de fes mœurs. "On trouve chez elle mille gens qui » donnent l'idée d'Alcibiade..

» Ce peuple imite fans ceffe & > embellit tout ce qu'il imite. Il donne » à tout un tour particulier qui naît » d'un goût fin & exercé. Une déli» cateffe outrée règne dans la plûpart des defprits. Elle eft telle qu'un ridiculeu fuffit pour empêcher de rendre

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juftice au génie, aux talens, à la » vertu. La gaieté, cette facilité d'être » intéreffé, diftrait, comme les enfans, » par la plus légère circonftance, est » un des principaux traits de fon » caractère. Elle fe foutenoit en France » au milieu des horreurs de la guerre » des Armagnacs, des fureurs de la ligue, des troubles de la fronde. » Un peuple léger, imitateur doit être fenfible à toute espèce » d'éclat. Son inconftance doit empêcher que les divers états de la fo»ciété foient contenus dans leurs limites. Il doit préférer de vivre » dans les villes, & fur-tout dans la capitale, où les rangs femblent se » confondre. La mobilité des ima »ginations doit faire varier à l'infini » les modes. Les ouvriers doivent être » inventifs; & les journées à bas prix. Beaucoup de gens doivent fe ruiner fans jouir, & uniquement pour avoir » l'air d'être riches. »

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L'Anglois plus libre, plus indépendant, moins frivole, moins focial, plus original dans fes goûts & dans les paffions, dépenfe pour fe fatif

faire, & non pour briller; il fait un emploi plus utile de fa fortune : chez lui, la répartition des richeffes eft moins inégale, parce qu'elles sont en général, fondées fur le commerce, acquifes par le travail, l'économie & les talens. L'Espagnol fier, pareffeux, riche en métaux, a du fafte plutôt que du luxe; le défaut d'induftrie concentre les richeffes dans les mains de quelques grands feigneurs; ils ont tout, & le peuple rien.

L'Italien fobre & vain, a des tableaux précieux, de belles ftatues, de magnifiques palais, aux dépens de fa table.

Le luxe des pays du nord confifte en de fomptueux feftins, & dans un groffier étalage de l'or & de l'argent.

Les femmes, dans l'Afie, font un objet de luxe; en Europe, & furtout en France, où elles font fouveraines, ce font elles qui en infpirent le goût.

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En France « tout fléchit devant la femme, elle tient dans une main le » fceptre de la mode, dans l'autre le

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glaive duridicule. L'opinion publique

n'eft fouvent que l'enfant de fon ima gination, la renommée que l'écho de » fa voix. La célébrité eft en pure "perte, fon éclat s'obfcurcit, fi la » femme n'y ajoute le vernis de la >mode. Foible par fa nature, vaine » par conféquent, elle fonge fans ceffe à montrer les forces qu'elle »tient de fa foibleffe.

que

» La légéreté de fon efprit fait tout ce qui eft nouveau a des droits »fur elle. La vanité la rend fenfible » à tout ce qui a de l'éclat. Le crédit, » la puissance, la célébrité, les déco. » rations extérieures, font des moyens "prompts pour obtenir fes faveurs. » Ambitieux de lui plaire, l'homme s'empreffe de fuivre fes caprices, créateurs des modes. Elle aime les » fêtes, parce qu'elle a l'efpérance de triompher par fa beauté, de l'em" porter par fa magnificence. Tel eft » le caractère effentiel des femmes. »Le pays où elles règnent avec plus d'empire doit avoir un plus grand luxe que tout autre.

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Une fociété, où les femmes » dominent, reffemble aux pièces de

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» théâtre où elles font le principe & » le but de l'intrigue, & détermi » nent le dénouement. L'homme » dans une telle fociété, doit fe rapprocher de plus en plus de leurs » mœurs & de leur efprit; fon objet principal eft de leur plaire. Il faut » qu'il fçache fe plier à leurs fantaifies, qu'il adopte leurs goûts, leurs fen » timens.

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» Comment ne pas s'affimiler entiè rement à la perfonne dont on étudie fans ceffe les penchans, dont on » brigue avec ardeur le fuffrage, » à celle qui peut à la fois enivrer des plaifirs de l'amour & combler des dons de la fortune. De fon côté, » la femme croit s'élever en fe rap» prochant de l'homme; elle renonce aux vertus de fon fexe, qui ne » font plus à fes yeux que des préjugés. Dans cette émulation réciproque, les deux fexes doivent » perdre leur caractère diftinctif. »>

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Les détails fur la fortune, dont quelques hommes puiffans ont joui en divers temps, ne font pas l'objet d'une vaine curiofité; ils fervent à

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