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perfuadés qu'on ne peut nous faire » de mal, tant qu'on ne pourra nous » convaincre d'aucun délit. Vous pouvez donc nous ôter la vie, » mais vous ne pouvez nous nuire.

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» Et qu'on ne croye pas que ce "foient ici des bravades & des paroles fans fondement. Nous deman » dons inftamment qu'on informe » exactement des crimes qu'on nous >> impute: s'ils font prouvés, qu'on: les puniffe comme ils le méritent, » & même plus rigoureusement. Mais s'il eft impoffible d'en prouver un feul, la raifon & l'équité vous fe"ront méprifer des bruits calom» nieux & ne vous permettront "point de porter contre des hommes » innocens des jugemens qui re"tomberoient fur vous mêmes puifque la paffion & non la juftice, les auroit dictés.

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« Tout homme fenfé conviendra que la feule forme légitime des » jugemens confifte, pour les fujets, » à rendre un compte fidèle de leur » vie & de leurs difcours ; & pour » les Princes, à juger non en tyrans,

» mais fuivant les confeils de la piété » & de la philofophie. C'eft alors que les Princes & les fujets font vrai»mont heureux, Auffi un Ancien (1) difoit que fi les Princes & les fujess n'étoient Philofophes aucun Etat » ne pouvoit être heureux ».

Après avoir traduit en entier la première Apologie de St. Juftin, M. l'Abbé de Gourcy donne feulement rune courte analyfe de la feconde, & paffe à l'Apologie d'Athenagore. C'étoit auffi un Philofophe, mais un Philofophe d'Athènes, & l'on s'en apperçoit à fon ftyle, plus élégant & plus orné que celui de Saint Juftin, Philophe Samaritain.. Son Difcours eft adreffé aux Empereurs Marc-Aurele & Commode : on: y trouve quelques opinions hafardées fur les démons & fur les fecondes: nôces, qu'il condamne durement, & qu'il qualifie d'adultère déguifé & Spécieux mais dans tout le refte, it eft auffi folide qu'éloquent ; & comme le dit Boffuet, c'est une des plus belles

(1) Platon, Livre cinquième de la Ré publiquer

& des plus anciennes Apologies de la Religion Chrétienne. Ce qu'il dit de la morale pratique des premiers Chrétiens, mérite fur-tout d'être remarqué. «Voici quelques uns des préceptes: » de notre Religion par où vous pour»rez juger des autres. Aimez vos » ennemis, faites du bien à ceux qui » vous haillent, priez pour ceux qui » vous perfécutent & vous calom

nient, afin que vous foyez les fils: » de votre Père célefte, qui fait lever "fon foleil fur les bons & fur less » méchans, & tomber fes pluies fur » les juftes & fur les injuftes,

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Que des Princes Philofophes me permettent ici de demander fi parmi >ces Grammairiens, ces Philofophes. qui étalent orgueilleufement leur fcience, au milieu de leurs audi »teurs, s'il s'en trouve qui mettent eq » pratique ces fublimes préceptes; qui » fçachent rendre le bien pour le mal, aimer fincèrement leurs ennemis.

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prier pour ceux qui en veulent àa » leur vie? Au contraire, ne font ils pas occupés nuit & jour à leur tendre des pièges, à tramer leur perte?

Ils font voir par-tout que c'eft l'art de bien dire qu'ils profeffent, & non l'art de bien faire..

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« Mais chez nous, vous trouverez » des artisans, des ignorans de vieilles femmes qui, à la vérité, ne » vous démontreront point, par le » raifonnement, la vérité de notre >> doctrine, mais qui vous en perfuade»ront l'excellencé par leur conduite. »Ils n'apprennent. point par cœur, » de beaux difcours; il leur fuffit de faire des actions vertueufes. Ils ne fe défendent pas même quand on » les maltraite, ils ne citent point én juftice ceux qui enlèvent leurs biens: »ils donnent à ceux qui leur deman» dent. Ils aiment tous les hommes » comme eux-mêmes ».

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Théophile né & élevé dans l'idolâtrie, fe convertit lui - mème par la lecture des Saintes Ecritures; it fuccéda à Heron cinquième Evêque d'Antioche, vers l'an 168 de J. C., & gouverna fon Eglife avec beaucoup de fageffe & de zèle l'efpace de treize ans. Sous l'Empereur Commode, il compofa une Apologie des Chré

tiens, en trois livres, adreffée à Auto. lyque, qui étoit un Payen de ses amis, très inftruit, mais fort prévenu contre la Religion Chrétienne: cet ouvrage eft écrit avec intérêt, il décèle une imagination vive & féconde; on y trouve des morceaux dont nos beauxefprits modernes fe feroient honneur; mais le ftyle eft un peu diffus & afiatique ; l'Auteur a le goût de fa patrie, & fent quelquefois le Rhéteur: défaut qui paroît fur - tout dans ce morceau fur la réfurrection des corps. : « Remarquez combien Dieu vous -> a fourni de motifs & de facilités de » croire ce mystère. Remarquez » comme les temps, les jours & les » nuits fe renouvellent, & pour ainfi

dire, reffufcitent. Voyez dans les » femences & les fruits, des images » de la réfurrection des corps : le grain de froment, par exemple, » jetté dans la terre, meurt, reffuf» cite & pouffe des épis. Les arbres » de même ne reffufcitent-ils pas »lorfque dans la faifon que Dieu leur

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a marquée, ils donnent de nouveaux fruits? Les grains que le paffèreau

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