tête & les draperies de Mgr. le Dauphin ne font pas d'un ton auffi foutenu auffi vrai que celles de la Reine & de Madame; que la tête de Mgr. le Duc de Normandie ne fe détache pas affez de deffus le berceau; enfin, que la galerie, qu'on apperçoit dans le fond, détruit, en partie, l'effet du Tableau. Mme. Lebrun ne ne pourra s'offenfer de ces remarques; elle fçait qu'un Poëte célèbre a dit : J'aime mieux des défauts & de grandes beautés. Les autres ouvrages de cette aimable Artifte font naître la même rê, flexion; fi l'on y trouve quelques taches légères, elles font rachetées par le charme du coloris, par l'expreffion & le caractère que préfentent les Portraits de Mine. Dugazon, de Mme. Raymond & de M. Cailleau. Je fuis fâché feulement que ce dernier, eprésenté en Chaffeur, paroiffe plutôt avoir l'air d'un braconnier; mais celui des Portraits de Mme. Lebrun qui réunit univerfellement les fuffrages, eft le fien, tenant fa fille dans fes des études; & ils font faits avec beau Coup d'efprit & de facilité. La vive fenfation que les ouvrages: 'de MMmes. Guiard & Lebrun ont occafionnée au Salon, m'ont engagé, Monfieur, à entrer dans quelques détails fur les productions de ces deux Artistes, afin de motiver l'enthoufiafme du Public: je ferai plus concis: fur les autres Tableaux de ce genre. Il feroit cependant injufte de refufer des éloges à ceux de M. Mofnier; le Portrait de M. le Baron de Breteuil, peint en pied, eft d'un ton de couleur affez vrai, & d'un effet agréable; mais je n'aime point la recette bannale de faire un ciel auffi noir, ainfi que la vue qui fert de fond, pour détacher la figure; je défirerois encore que les jambes , quant au ton de couleur ne paruffent pas fur la même ligne, & que les pieds fuffent mieux deffinés. Parmi les autres Portraits que cet Artiste a expofés au Salon, je ne parlerai que de celui de M. Bridan, Sculpteur. C'eft le chef-d'oeuvre de M. Mofnier. Au mérite de la reffem blance, fe trouve réunie la plus grande vérité dans le ton de couleur & l'inteligence du clair-obfcur. Un Tableau de famille, par , par M. Veflier, eft le meilleur ouvrage que cet Artifte ait expofé au Salon; le principal grouppe eft ingénieufement difpofé, les différentes étoffes étudiées avec goût; mais il eft un peu noir défaut qu'on retrouve dans le Portrait de M. Brenet, & particulièrement dans celui de M. Doyen, peint par le même Artifte. Vous avez dû remarquer, Monfieur, qu'en me bornant à ne pas confondre les genres, j'examine, fans ordre, less portraits qui m'intéreffent le plus. Il y auroit de l'injuftice à juger févé-rement ceux de M. Roflin; fon âge: & fes productions antérieures doivent défarmer la critique ; j'ai remarqué d'ailleurs, un Portrait de femme, placé au-deffous de celui de Mme.. Dugazon, qui m'a paru fatisfaire les Amateurs les plus délicats ; c'eft un des plus beaux qu'ait peint M. Roflin.. Foblerverai encore au fujet de celui de M. de Crofne, par le même Artifte Ay par placé au-deffus du Bufte de ce même Je n'omettrai pas de vous parler, Monfieur, d'un Portrait peint par M. Robin, dont la pensée ingénieufe a été fort applaudie, & dont l'attitude vive, animée, n'a point la froideur qu'on ne rencontre que trop fouvent dans les Tableaux de ce genre; c'eft le Portrait de M. le Comte de LallyTolendal. Il eft représenté déchirantde la main gauche un voile noir, qui couvre le Bufte de fon Père; & de la droite, tenant une plume avec fon mémoire. Il feroit à défirer que lés Peintres de Portraits cherchaffent plus fouvent à mettre de l'action dans leurs Tableaux qui, trop fouvent, nous font appercevoir la contrainte &; l'ennui du modèle. J'avois la plus vive impatience d'arriver aux Tableaux de M. Vernet: à la vue des beautés fublimes que cet inimitable Artiste a répandues dans les ouvrages expofés cette année 1 |