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devant la ftatue d'Henri IV. Rien n'eft beau que le vrai.

Le grand défaut de la Pièce, est qu'elle ne fignifie rien d'un bout à l'autre, qu'elle n'a ni plan, ni deffein, ni motif: eft-ce une fatyre de Paris que l'Auteur a voulu faire ? eft-une fatyre des Gens de Lettres? on n'en fçait rien. On ne remarque dans la pièce, aucun goût, aucune entente du dialogue, aucune intelligence de la fcène ; ce n'eft qu'un bavardage affommant: des charges groffières & ufées, à côté d'un pathétique qui n'eft plus neuf; des tirades ampoulées, mêlées avec des détails bas & ignobles, des expreffions triviales & dégoûtantes, des idées grotefques, telles que celles de Damis, qui ne veut point mourir fans avoir fait un Poëme fur les vertus de fa pauvre fervante; en général, un mauvais ton; & pour tout mérite, l'énergie ou plutôt la témérité d'un homme continuellement perdu dans les hyperboles, ne doutant de rien, parlant de tout à tort & à travers, & hafardant cent fottifes pour rencontrer un mot heureux. On dit que l'Auteur est

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venu de fa Province avec une provivifion de cinq Pièces de Théâtre, toutes prêtes ; fi elles font de la même force que celle-ci, je lui confeille de tenir fon porte-feuille foigneufement fermé.

Je fuis, &c.

LETTRE

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Collection des Procès-verbaux des Séances de l'Affemblie Provinciale de la Haute Guienne Villefranche ès années 1779, 1780, 1782, 1784 & 1886; avec la permiffion du Roi: 2 vol. in-4°. ; prix, 24 liv. les 2 vol. broch. A Paris chez Crapart, Libraire, Place St. Michel, à l'entrée de la rue d'Enfer, No. 129, 1787.

LES

ES répétitions, les redites, les formules groffiffent un peu ce Recueil; mais on a cru ne devoir rien

retrancher de tout ce qui appartenoit

à ces Affemblées intéreffantes, qui font aimer de plus en plus aux François, le bonheur d'être nés fous un Gouvernement doux & fous un bon Roi, Comme les Affemblées Provinciales vont être un bien commun à toute la France, ces modèles en font plus précieux encore, 'non feulement pour les formes qui feront les mêmes, mais pour le zèle du bien public, l'activité & l'énergie qui règnent dans les Affem blées dont je vous annonce les Procèsverbaux. Jeregrette de ne pouvoir fuivre à pas pas avec vous, Monfieur, les recherches, les travaux de ces généreux citoyens. Vous les verriez entrer dans les détails les plus minutieux, chercher la vérité & la juftice, s'occuper fur tout des intérêts du peuple, cette portion la plus nombreuse de la Province; mais je ne puis réfifter au défir de vous donner un échantillon de l'énergie, de l'humanité qui respirent dans les difcours tenus à ces Affemblées : j'ai été frappé fur-tout de cette tirade fur les mendians.

&

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כל

Le mendiant..... étale toutes »les apparences de la misère, & tout l'appareil des maux qui affligent » l'humanité; par-tout il fait entendre » le cri du befoin & les gémiffemens » de la douleur : nous le regardons » comme le plus malheureux de tous "les êtres qui refpirent: alors nous lui prodiguons nos fecours, & il » fe trouve fouvent, à la fin du jour, » plus récompenfé que s'il l'eût confa cré au travail le plus affidu; tant il a fçu nous faire illufion par fa >> feinte pauvreté ! Mais arrêtóns fur »lui un inftant nos regards. Nous verrons, fous l'enveloppe de la » misère, un homme à qui il ne manque >rien; & fous celle de la foibleffe &

de la maladie, un vagabond robuste » & plein de fanté. Cachés dans leurs » obscures retraites, ces hommes »vils & corrompus, dévorent la » fubftance du vrai pauvre, au milieu » de la crapule & de la débauche; ils fe couvrent de nos dépouilles, en riant de notre crédulité; & après avoir abufé de nos bienfaifantes difpofitions, ils ne s'occupent plus

» qu'à rechercher de nouvelles rufes » pour perpétuer leurs jouiffances

» & notre erreur.

<« C'est à vous, Meffieurs, de » délivrer votre pays de ce fléau » deftru&teur, & de poursuivre la » mendicité jusques dans le fond de » ses sombres asyles. N'écoutez point

כל

ceux qui chercheront à vous dé» tourner de cette noble entreprise; » ils vous demanderont à quoi vous pourrez employer les mendians, » & quelles reffources vous avez en » main pour occuper & nourrir cette » foule d'hommes oififs: vous leur » répondrez que l'Agriculture a be» foin de bras, que les campagnes, > les Manufactures font dans la difette d'ouvriers ; qu'il faut des » hommes pour les marais, des mate

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lots pour la Marine; qu'il y a des » fortifications à réparer, des canaux » à creufer, des ponts & des rivières » à nettoyer & à rendre navigables, » des communications à ouvrir,

כל

des chemins à faire ou à entretenir; que » tous ces travaux ne peuvent s'effectuer que par des hommes, &c. &c. «

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