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de la mêche avec beaucoup de vîteffe, & après s'être élevée, retombe fur cette mêche, ce qui arrive plufieurs fois de fuite; enfin elle en difparoît entièrement. Ceux qui fe font trouvés, fans y penfer, dans un efpace où s'étoit répandue cette vapeur à un degré fupportable, ont éprouvé une formication confidérable par tout le corps, fur-tout aux extrêmités, à la tête; de la furdité, des tintemensd'oreilles, une bouffiffure aux yeux qui fembloient leur fortir des orbites. Or, ce font là les mêmes effets qu'éprouvent les animaux dans la machine pneumatique. Le travail des mines expofe à plufieurs autres mala dies.

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Dans fes difcours fur les mœurs des Indiens, Don Ulloa ne parle de ces peuples qu'avec le dernier mépris; il leur reproche une pareffe invincible," une ftupidité brutale, une perfidie, une lâcheté, une cruauté fans bornes. On voit que ces reproches font dictés en général par un préjugé ordinaire aux peuples conquérans, qui traitent de perfidie & de rebellion, tous less

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efforts que la nature inspire aux hommes fubjugués pour recouvrer leur liberté. L'Auteur nous dit que les Indiens ont la peau épaiffe, la chair dure, & paroiffent moins fenfibles que les autres Nations du globe. Il cite pour exemple une opération faite fur un Indien, travaillé de la pierre, & qui dura vingt fept minutes, tandis qu'elle fe fait ordinai rement en quatre ou cinq. L'Indien ne montra aucun figne de grande douleur, & fe plaignit foiblement. Huit jours après, il quitta le lit, quoique la plaie ne fut pas totalement fermée. Il ne faut pas attribuer à l'infenfibilité, le courage que ces peuples font voir dans les tourmens. On fçait avec quelle conftance ils bravent les fupplices que leur font fouffrir ceux dont ils font prifonniers. C'eft là deur point d'honneur, & ils s'y exercent, pour ainfi dire, dans les fouffrances auxquelles ils font affujettis par la nature, & qu'ils s'accoutument à endurer patiemment, L'Auteur reproche auffi aux Indiens la plus affreufe ivrognerie; mais les

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excès auxquels ils fe portent, n'ont commencé que depuis qu'on leur a fait connoître l'eau-de-vie, qui les rend furieux, & qui les tue. Celui qui procure le poifon eft feul coupable, & non celui qui s'empoifonne, fans le fçavoir.

On les accufe d'avoir recours à la furprise, aux embûcues aux trahifons, à l'affaffinat, pour le venger de leur conquérans. Ne les a-t-on pas forcés d'y recourir? ont-ils nos armes, notre difcipline, notre tactique? Après avoir long-temps éprouvé que la bravoure ne pouvoit rien avec des armes fi inégales, ils ont cherché les feuls expédiens, les feules reffources que la rufe pouvoit leur fournir; ils font devenus fi habiles en ce genre, qu'ils fe font rendus redoutables aux ufurpateurs qui ofent encore les calomnier. Ils n'ont qu'une raifon à dire : fommes-nous les aggreffeurs? avonsnous été vous troubler dans vos poffeffions? fommes-nous criminels de vouloir être libres dans les climats où la nature nous a placés ? vous n'avez d'autre droit que le canon qui

a fait votre force, & vous nous avez réduits à être perfides & cruels pour avoir auffi une force à vous oppofer. Enfin, tout ce qu'on dit contr'eux n'eft qu'une injufte récrimination pour fe difculper du mal qu'on leur a fait ; & l'on ne ceffera de déraisonner fur ce fujet, tant qu'on partira du principe abfurde & odieux, que la conquéte eft un droit, l'ufurpation un titre, & la tyrannie une juftice.

COMÉDIE FRANÇOISE.

VOILA

le fignal donné, Monfieur,

& mille nouveautés vont paroître ! je fouhaite qu'elles ayent plus de fuccès que n'en a eu le famedi 17, Rofaline & Floricourt, ou les Caprices, Comédie en trois Actes & en vers libres. L'Auteur n'a pas ofé intituler fa Pièce, la Capricieufe, fans doute parce qu'il y en a eu une de Joly, jouée fur le Théâtre Italien

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en 1726, Comédie en 3 Actes auffi, & infiniment meilleure. Mais il ne fuffit pas de donner à fa Pièce un titre nouveau, il faut traiter mieux un fujet qui l'a déjà été, ou ne point s'en méler. Et ce n'eft point une Capricieufe que l'Auteur peint ici, c'eft une enfant, un enfant gâté : tout ce qu'elle dit, tout ce qu'elle fait, feroit affez gentil dans la bou che d'un enfant de 13 à 14 ans les petites impatiences de fon Amant, fes petites fupercheries, fes naïvetés font pareillement d'un jeune homme de feize ans. Mais Mlle. Contat & M. Mollé ne font plus des enfans. Ainfi, ces deux Acteurs, tout en jouant fort bien, faifoient avec leurs rôles, un contrafte trop marqué; & c'eft la caufe du principal mécontentement du public. Durefte, n'attendez point de moi une analyfe de cette Comédie, carjeneme fouviens de rien, exactement de rien; il n'y a rien dans cet ouvrage : j'oubliois cependant un trait affez plaifant, & qui donnoit d'abord une affez bonne idée de l'ouvrage. Rofaline Écrivoit à fon Amant; il entre, il approche a

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