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approche, & lit fon nom fur l'adrefle, il fe présente pour recevoir la lettre; cette indifcrétion fâche beaucoup la petite perfonne, qui ne veut plus la lui remettre. Grand débat : Gercourt paroît, (c'eft le père de Rofaline) Floricourt le prend pour juge donne à la chofe une tournure affez plaifante. Il fuppole que cette lettre a été trouvée par Rofaline, qui refuse de la lui rendre, & il prétend qu'elle doit être remife à celui dont le nom eft fur l'adreffe. Le père prononce en sa faveur & Rofaline fort furieufe. Depuis ce moment, ce font d'éternelles tracafferies, mais les plus minces poffibles. Gercourt veut corriger fa fille, & feint de la vouloir narier à Damon. Elle, par caprice, feint d'y confentir. Gercourt fuppofe encore que Floricourt va en épouser une autre elle en paroît charmée ; elle veut en fçavoir le nom. Au lieu de la nommer, Floricourt en fait le portrait. Et le public, galant, comme vous fçavez, Monfieur, ne manque pas de faire l'application de ce portrait à Mlle. Contat. Enfin, 11 Capri.

N°. 48. 27 Novembre 1787. E

cieufe n'y peut plus tenir, & prie en grace, fon père de l'unir à Floricourt.

Marion pleure, Marion crie,
Marion veut qu'on la marie.

Gercourt fe rend, & unit les deux Amans. Les 2 derniers A&tes ont paru très froids; point de situations, point de détails; pas un vers piquant : des vers libres, & très-négligés. En un mot, Monfieur, il y a tout lieu de préfumer que cet ouvrage eft le coup d'effai d'un jeune homme, qui n'a encore aucun ufage du Théâtre, & dont le ftyle n'eft pas formé. Si cela eft, ce début n'eft pas fans espérance,

Je fuis, &c.

LETTRE

VII.

Le Bon - Homme aux Bonnes - Gens Epitre fuivie de notes que les Bonnes

Gens liront. A Amfterdam; & fe trouve à Paris, chez Defenne, Libraire, au Palais - Royal, près les Variétés, No. 216.

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CETTE Epitre,

ETTE Epitre, comme vous voyez, Monfieur, ne s'adreffe pas à beaucoup de monde quelle foit un peu fatyrique, tant mieux: la bonhommie s'accommode affez de la fatyre, quand el'e tombe fur les vices & fur les ridicules; au lieu que nos gens du bel air n'aiment guère que les libelles & les farcafmes contre les bonnes mœurs & contre l'honnêteté. Notre Bon Homme ne ménage pas ces ennemis du bon fens & de la vertu ; mais on défireroit que fa manière d'écriré fût moins négligée:

Nos plaifans de bel air, avec plus de franchife,

Placent le fens commun tout près de la fottife.

De peur d'être des fots, ils l'ordonnent ainfi.

L'efprit eft maintenant ce qu'à tout on préfére.

Eh! qui peut en manquer depuis qu'on en fçait faire ?

Mais tel eft fon malheur, que, fans malignité,

Sans traits calomnieux & fans impiété, Le fel des calembours & le fel des charades, Nefçauroient empêcher les bons mots d'être fâdes.

Il y a quelques autres endroits dans l'Epître du Bon-Homme, qui ont un peu plus la tournure du vers, Comme il n'a pas fongé à faire un plan, & qu'il a jetté fes penfées en rimes, à mefure qu'elles lui venoient dans la tête, nous prendrons çà & là ce qui nous a paru de moins foible; c'eft un ménagement que tout honnête

Critique doit à ceux qui ont de bonnes intentions. Les vers fuivans ne méritent-ils pas quelques éloges?

Ces cuiraffes d'airain que portoient nos ayeux,

Que dans les Arfenaux on montre aux curieux,

Si nos preux s'en couvroient, les rendroient immobiles.

Les corps font affoiblis, les cerveaux font

débiles.

Unjugement folide eft pefant aujourd'hui.

Ce rapprochement est très - jufte. Les écrits de nos bons Auteurs paroiffent lourds à nos beaux efprits, fi frivoles & fi minces, de même que les armures de nos anciens Guerriers, font beaucoup trop pefantes pour nos Militaires efféminés. Dans un portrait plus naturel que faillant, de nos femmes-philofophes & beaux-efprits, je choisis ces traits, qui ont du moins le mérite de la reffemblance & de la vérité :

On vante leur fçavoir en Phyfique en

Chymie,

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