Dont l'hiftoire & les Cours dédaignent les exploits, Ceffez de regretter un devoir légitime; Une augufte victime Meurt, & vient d'acquitter la dette de vos Rois. Dont le rapporte pour le fens, aux ombres guerrières ; & dans l'ordre de fa conftruction, il a l'air de fe rapporter aux années ou aux illuftres ingrats. Le principe général eft, que les pronoms fe rapportent toujours au nom qui précède immédiatement cette obfervation minutieufe en apparence, eft d'une néceffité abfolue pour la clarté & la netteté du ftyle. Regretter un devoir, eft une expreffion entortillée; & légitime eft une épithète oifeufe; car il n'y a point de devoir qui ne foit légitime. Le Poëte entre enfin en matière, & peint le débordement de l'Oder: Filles des monts voifins cent fources vaga▾ bondes A la mer ont porté le tribut de leurs ondes; Il s'enfle, il gronde, il bat fes bord épouvantés, Et bientôt franchiffant fa barrière impuiffante La vague mugiffante S'élance & fe répand à flots précipités. Cette chute eft trop foible & trop commune; on attendoit un trait plus fier & plus énergique. Il s'enfle, il gronde, il bat, ce tour n'eft pás harmonieux & d'un bon effet. Francfort s'émeut, & tout redouble encore fa crainte Des citoyens furpris dans cette humide enceinte Les geftes fupplians, les cris tumultueux, La digus qui fe rompt, & le toît qui s'écroule Et les débris que roule Du fleuve déchaîné le cours impétueux.. Le premier vers Francfort s'émeut est d'une mauvaife facture. Cette énumération, la digue qui fe rompt, & le toît, &c., & les débris, &c., est un peu traînante dans un moment où les tours les plus vifs ne le font point encore affez; le cours impétueux du fleuve, n'eft pas plus vigoureux que les flots précipités. Et le Poëte en général ne termine point fes ftrophes d'une manière affez noble & affez frappante. Quelquefois fes chutes font des antithefes des rapprochemens peu convenables à la majefté du genre & à la grandeur du fujet; par exemple: Regrette les bienfaits moins que le bien faiteur. Vivez pour nous, o Rois, & nous mourrons pour vous. Le péril, le bienfait, notre perte & nos pleurs. Voici cependant deux ftrophes qui méritent d'être diftinguées, & qui font fort bien faites. Lorfqu'aux fiers aquilons, à la nuit, à Neptune, Cefar dans un efquif expofe fa fortune, La victoire & l'Empire eft le prix qu'il attend D'un dévouement obscur autant que volontaire Quel est donc le falaire.. Ah! qu'il fauve un feul homme, & Brunswick eft content. Par un choc imprévu la timide nacelle, Sous fon noble fardeau fuit, recule, chancelle Le héros voit la mort & pourfuit fon deffein Il tombe; l'onde s'ouvre. . En vain il Iutte encore • Un gouffe le dévore, Et les flots écumans fe referment foudain. Cette dernière ftrophe eft inférieure à la précédente, qui me paroît la meilleure de toute la pièce. Fuit, recule, ces deux expreffions font mal placées; car fui dit plus que reculer. Le dernier vers & les flots écumans, &c. eft beau & fait image; mais ce qui en diminue beaucoup le mérite, c'eft que deux ftrophes plus bas, on le retrouve avec quelques légers changemens ; le Poëte s'eft copié lui-même quand il a dit: Le gouffre empoisonné fe ferma pour toujours Il étoit bien jufte qu'en célébrant Phumanité de Léopold, le Poëte n'ou bliât pas le Prince qui a propofé le fujet & le prix, & qui, par-là, s'eft affocié en quelque forte, à la gloire du Duc de Brunfwick; mais M. Noël me paroît avoir amené cet éloge vers la fin de fon Ode, d'une manière peu naturelle. Sa dernière ftrophe eft remar quable par le vers qui la termine: Sur ces bords, pour ravir à l'onde mutinée De quelques malheureux l'obfcure destinée Brunswick finit des jours écoulés fans remords, Il avoit préparé pendant leur court paffage, mort. Sur ces bords eft trop éloigné de finit fes jours. Cette Ode offre de belles penfées la marche en eft lyrique beaucoup plus que le ftyle: la verfifi |