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pas toujours fervi, avec lesquelles » je l'ai trop fouvent offenfé! qu'elles » foient à jamais anéanties par rap. » port à moi, & qu'elles fuient aufli >> loin de mes regards, qu'elles font » pour la plupart déjà loin de mon. cœur!»

Peut-être trouvera-t-on un peu de. déclamation & plus d'efprit que de naturel, dans ces imprécations du Chrétien pénitent contre fon corps. «Untemps viendra donc, s'écrie-t-il, » que je ferai pleinement vengé d'un » traître. Hélas ! tandis que je fuis uni » à cet affocié perfide & toujours malgré moi trop chéri, en vain m'efforcé je de l'affoiblir par les » veilles, de l'abattre par les jeûnes, de le déchirer par de. fanglantes » austérités ; je m'apperçois que l'arti»ficieux rebelle corrompt fouvent » ma droiture, qu'il entretient une » fecrette intelligence avec ma foi

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bleffe, qu'il a mis dans fes intérêts » le plus grand protecteur qu'il » puiffe avoir auprès de moi, l'amour » de moi-même ; &, d'ailleurs >> quand j'aurois le courage de lui faire

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éprouver toutes les rigueurs qu'ont employées contre leur chair less » plus célebres pénitents, je fens » qu'il ne feroit qu'à demi puni, » & que, confervant toujours dans

lui-même les principes de la vie > il feroit moins un objet d'horreur » que de pitié pour la plupart des »fpectateurs. Mort, impitoyable mort, >> c'eft toi qui affouvira toute l'étendue » de ma vengeance, par la décompofition totale, par l'entière deftruc »tion de la victime. Ah! que d'au» tres, dans les délires du plus extra» vagant amour-propre, regrettent que leur corps n'ait pas été con» damné à périr comme une fleur, » qui ne révolte point les yeux par » les couleurs ternies, & qui- plaît même quelquefois encore par un refte d'efprits délicieux qu'elle » exhale; ou que, prenant confeil » d'une vanité pouffée jusqu'au-delà a des bornes de la vie, ils ordonnent » en mourant que des fucs précieux » défendent pendant quelques années » leurs dépouilles froides & infenfibles des approches de la corruption &

L'ANNÉE LITTÉRAIRE "pour moi, je confens de bon cœur

que les vérs s'emparent fans obstacle » de leur proie. Non: que rien ne fruftre les droits que le péché » leur a donnés fur moi, & qu'intro» duite librement dans ma chair & » dans mes os, la pourriture règne par-tout où le crime a triomphé: Ingrediatur putredo in offibus meis, » & fubter me featcat. »

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Depuis environ un demi fiécle, une carrière nouvelle s'eft ouverte devant les Orateurs évangéliques. Les anciens Prédicateurs n'avoient que des pécheurs à convertir; fes notres ont des incrédules à combattre ; une fecte d'écrivains audacieux a dé claré la guerre à la Religion dễ l'Etat; une foule de livres facriléges, fait circuler l'impiété dans toutes les claffes de la fociété. M. l'Abbé de Marolles fait voir dans un de fes Sermons combien la lecture de cette forte de livres eft dangereufé & criminellé : ce Difcours eft très-fage, très-folide & très chrétien; il étoit facile de le rendre plus académique & plus bril lant, en y mêlant les portraits faty

riques de quelques uns des chefs de la moderne philofophie; mais l'Orateur nous avertit lui-me qu'il n'a pas jugé à propos d'avoir recours à depareils ornemens, & il en donne las vaifon

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» Au refte, dit-il, je ne nommerak point ici les fources particulières» d'où tant de malheurs ont pris leur cours, ni cette ancienne & trop fameufe compilation (1) où les poifons font rangés par ordre, & qui auroit perdu depuis long-temps toute la réputation qu'on lui con» ferve, fi les matières ftériles & ennuyeufes, dont elle eft compofée » pour la plus grande partie, n'étoient » rachetées, aux yeux de plufieurs lecteurs, par quelques articles où leur goût pour Pobfcénité, la calomnie & l'irreligion, trouve » encore plus abondamment de quoi fe fatisfaire que celui qu'ils pour >> roient avoir pour le naturel du ftyle » & pour la facilité du génie, ni ces » lettres dignes des divers infidèles

(1) Bayles

כל

qu'on y fait parler, où tout ce que » prouve le plus folidement chacun des véritables Ateurs qui leur a "prêté fa téméraire & fouvent fafti» dieufe éloquence, c'eft qu'il n'avoit » de chrétien plus qu'eux qu'un nom » qu'il a déshonoré dans lui-même, » & voulu détruire dans les autres ; » ni les volumineux blafphêmes en profe & en vers de cet Auteur le » plus vanté, le plus féduifant de tous; » ni.... Je m'arrête; & me fouvenant » de ma promeffe, que je ne prétends » point éluder par l'ufage d'une figure

"

familière aux orateurs, je ne par-»lerai, dis-je, d'aucune de ces fources » particulières d'irreligion, qu'il vaut » toujours mieux laiffer dans les ténè bres que de les préfenter même fous des jours odieux..>

Mais s'il ne fait aucune mention des Auteurs, il fait bien connoître Fefprit qui règne dans les ouvrages, & prémunit habilement fes auditeurs contre le poifon qu'ils renferment.. » Quoi de plus propre à furprendre, à éblouir, à aveugler la raifon, que les différentes formes que prend

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