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dans ces fortes d'ouvrages l'efprit d'incrédulité qui y règne? Elprit » tantôt audacieufement impie, qui, » par le fang-froid avec lequel il >> attaque ouvertement les plus au

guftes vérités, fait d'abord perdre » une partie du refpect qui leur eft dû, » quand on les voit ainfi fervir de » jouet à l'infolence humaine, à » laquelle on les croyoit inacceffibles; » tantôt infidieufement fubtil, qui > enchaîne le faux & le vrai par des » nœuds difficiles à débrouiller, & qui, par les raifonnemens qu'il entaffe, les obfcurités dont il s'enveloppe, les faux-fuyants qu'il fe » ménage, échappe aux yeux qui le poursuivent, & élude les coups qu'on lui porte: esprit, tantôt fier » & triomphant, qui pofe des principes ruineux avec une emphafe » qui ôte la pensée de les contester, » & en tire enfuite des conféquences » trop évidentes pour qu'on puisse « les contredire, exige avec insulte de la religion des démonftrations » dont elle n'eft pas fufceptible & dont elle fe peut paffer, & ne

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daigne pas faire attention à celles qui lui conviennent & lui fuffisent; » tantôt modefle en apparence & » réservé, qui ne cherche, à l'ens tendre, qu'à apprécier chaque preuve » felon fa jufte valeur, & à démêler la vérité au travers des préjugés >> anciens & nouveaux qui l'obfcur»ciffent: prefque toujours efprit dé pyrrhonifme, obfédé de difficultés; invefti de doutes, raffemblant dé toutes parts des nuages, bâtissant avec complaifance pour démolit » avec fracas, & embarraffant la raison dans un dédale de fophifmes qu'on veut lui perfuader qu'elle a elle » même enfantés, & qu'elle ne peut » ni défavouer, ni reconnoître pour »fon ouvrage. »

A la fuite des Sermons de M. l'Abbé 'de Marolles, on trouve deux Difcours prononcés à Orléans, à l'occafion d'une Fête qu'on célèbre tous les ans dans cette Ville, en l'honneur de la fameufe Jeanne d'Arc. Le premier a pour objet l'Hiftoire de la Pucelle; it eft fleuri & brillant: le fecond, plus profond & plus philofophique, fait

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fentir l'importance du fervice rendu par Jeanne il offre ce que la déli vrance d'Orléans a de plus intéreffane & pour la nation Françoise en géné & pour cette Ville en parti

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culier.

Le début eft magnifique & d'une très heureufe invention. L'Orateur fuppofe qu'un étranger arrive dans Orléans, le jour de la Fête de Jeanne d'Arc, & s'informe du fujet de cette folemnité. Voici la réponse.

»O étranger, admirez avec nous » les m féricordes du Seigneur !

» Aux déplorables jours du règne (1) le plus malheureux qu'ait vu la » France, fes guerriers languiffoient 2 dans le repos, les routes de la >> gloire étoient peu fréquentées » l'ambition divifoit nos Princes » l'autorité étoit chancellante dans le Souverain. L'Angleterre s'en apperçut; &, faifant revivre d'an» ciennes prétentions, dont le plus grand de fes Monarques avoit folem

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(1) Règne.de.Charles VI.

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»nellement reconnu (1) l'injustice, » elle dit: Voici le moment de fitiffaire tout-à-la-fois ma haine & mont avidité je verferai du fang, je par»tagerai des dépouilles, mon ame »fera raffafiée.

» Pleine de ces idées puifées dans une ambition farouche, elle arme »fes fougueux habitants. La mer vomit fur nos rivages des légions: innombrables. La terreur marchoit devant elles. Les bords de la Seine (2) furent le premier théâtre de leurs » fureurs. Bientôt les places qui envis »ronnent la capitale devinrent leur » proie. Elle-même, la Reine de nos »cités admit l'étranger dans fon »fein. De ce centre d'une domination

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tyrannique, la fervitude se répandit » dans les vaftes plaines de la Cham pagne & de la Beauce; les armées angloifes s'approchèrent d'Orléans; elles vinrent jufques-là (3) .....

(1) Edouard III, par fa pi eftation d'hom mage, à Amiens, 1329.

(2) Prife d'Arfleur.

(3) Huc ufque venies, &c. Job. 38..

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Mais là fe brifa leur orgueil. On les vit repouffées par une main toutepuiffante, comme l'élément qui les avoit apportées fur nos côtes, fe replier fur elles-mêmes à pas précipités, laiffer par leur fuite nos » campagnes libres & heureufes; & depuis cette mémorable révolution, » les deftinées de l'Angleterre, qui » fembloient devoir s'affujettir les

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nôtres, n'ont plus menacé le conti» nent, & le font pour jamais renfer» mées dans l'ifle que le doigt de Dieu leur a marqué pour barrière.

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» Voilà, ô étranger, l'événement dont nous célébrons le grand anniverfaire, & cette fête doit s'appeller la fête de notre reconnoiffance.

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La première partie eft dirigée contre ces anglomanes, ennemis de leur patrie, qui ne ceffent de vanter les loix & la conftitution Britannique, aux dépens du Gouvernement François. L'Orateur prouve que cette pré

cieufe liberté fi fort exaltée & fi mál définie, ne fe trouve point au mili u des troubles & des factions qu'enfante l'anarchie républicaine; mais

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