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» l'unité, la néceffité, l'immutabilité, » l'éternité à ce grand ordre; 4°. que »le befoin phyfique, felon eux, conduit néceffairement l'inftinct phy fique de l'efpèce humaine au bon» heur, à la plus grande perfection » phyfique & morale; pourvu que » cet inftinct, pour fatisfaire fes be» foins, obéiffe au grand ordre, suive » la marche phyfique de la nature; » 5°. que l'évidence de ces principes » étant palpable & irresistible, devoit » être rendue publique, & répandue » parmi tous les membres de la fociété, fans en excepter un feul; » 6°. qu'il falloit en conféquence, pour donner à la connoiffance de l'ordre, toute la publicité poffible, » établir des Profeffeurs, composer » des livres doctrinaux, fonder des » Académies, des Mufées, des Ly »cées, confacrer à ces établiffemens » les dotations des Miniftres

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» Autels, dont les inftructions, gra » ces à l'évidence & à la publicité de » l'ordre, devenoientabfolument inu » tiles. »

Nous ne fommes point auffi effrayés

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que l'Auteur de l'Analyfe, fur le danger & les inconvéniens du Systême Economique. Des livres qu'on ne lit point, ou qu'on n'entend point, ne font pas dangereux; & ceux des Economifles, enveloppés de logogryphes indéchiffrables, prêtent » beaucoup trop au ridicule pour » féduire les François. » Le grand défordre des idées, l'obfcurité de l'ex. preffion qui caractérisent ces nouveaux Pythagoriciens, le grand nombre de leurs productions illifibles & inintelligibles porteront toujours un trême préjudice au grand ordre, à Pévidence de leur Systême, à la néceffité de leurs befoins phyfiques, & au produit net de leurs Libraires..

Je fuis, &c.

COMÉDIE FRANÇOISE.

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E vous ai annoncé, Monfieur bien des nouveautés. Vous voyez que je ne vous ai point trompé : la Maifon

la

'de Moliere & les Caprices font encore, fur l'affiche, & voici que l'on vient de remettre au Théâtre la Tragédie d'Hamlet. C'eft la feconde de M. Ducis, ou plurôt c'eft la première de lui, qui ait réuffi; ce fut le fignal d'une foule de Tragédies Angloifes que M. Ducis, & à fon exemple plufieurs Poëtes françois ont fait paffer. fur notre fcène. Humlet n'est pas meilleure Tragédie de Shakespear: la folie du jeune Prince; la fcène des Foffoyeurs, le Combat aux Fleurets font peu dignes de la Tragédie. Mais peu de pièces offrent des beautés auffi terribles; & fans être partifan des ombres ni des fpectres, j'avouerai que l'attente du fpectre à minuit, a quelque chofe de vraiment tragique; le mot jurez que le fpectre répéte plufieurs fois, doit produire un grand effet; la Tragédie de M. Ducis est plus fage, elle eft exempte de ces trivialités qui déparent l'Hamlet de Shakespear. Mais..... Le dirai-je ? la touche en eft foible, & jufqu'à la belle fcène du quatrième acte, le fpectateur demeure froid, ce qui n'est

pas excufable dans un pareil fujet, Les trois premiers actes ne contiennent prefque que des difcours, des déclamations, difcours bien faits fans doute, déclamations qui refpirent la plus faine morale; mais enfin ce ne font que des paroles. La terreur d'Hamlet qui, feul, voit l'ombre de fon père, touche foiblement le public; & je ne fçais pourquoi. Ou plutôt, j'ai cru en voir la caufe dans l'efpèce de tranquillité où refte fa mère en ce moment. Ses remords qui ne la quittent jamais, devroient dans cette fituation terrible, fe joindre à l'appa rition du fpectre, & la faire friffonner. Dans une autre fcène, le Prince pleure long temps fur l'urne de fon père; mais il ne s'agit pas de le pleurer, il faut le venger.

Cette urne, pourtant, me rappelle une belle fcène qui n'eft point dans Shakespear; c'eft celle où Hamlet veut faire jurer fa mère fur l'urne, qu'elle n'eft point coupable de la mort de fon père; c'est une fcène de génie, digne de Shakespear, digne de M. Ducis. Du refte, le cinquième

acte reffemble à tous les cinquièmes actes. L'Amant de la Reine, l'Afaffin du Roi, Clodius, qui en général, Occupe trop long-temps la fcène s'en empare prefque entièrement dane ce cinquième acte. Sa fille, amante cherie d'Hamlet, a de longs entretiens avec lui; mais ce n'eft ni cette amante, nicet aflaffin qui nous intéreffent; c'est Ta douleur & la vengeance d'Hamlet, & on ne le voit qu'à la fin de la pièce; il tue froidement Clodius, qui vient de tuer la Reine de manière, Monfieur, qu'à franchement parler il n'y a que deux fcènes dans Hamlet, & c'eft trop peu pour une Tragédie en cinq actes mais ces deux fcènes font très belles. Et on trouve dans le cours de la Pièce, des vers fublimes, de l'élan & de la fenfibilité.

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Je fuis, &c.

:

જેન

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