elle y retourna; & d'un air triom »phant, Monfieur, nouveau moyen, » dit-elle, il m'a féduite encore ce » matin.»

Sixième Conte.

"Un Négociant venoit de mourie de mort fubite, & il avoit laiffé fur » fon bureau une lettre écrite à l'um

de fes Correfpondans, mais qui » n'étoit point cachetée. Son Commis crut devoir faire partir la lettre, » mit au bas par apoftille: Depuis ma a lettre écrite, je fuis mort.

Septième Conte..

a Madame J***avoit à dîner, un as jeune homme de qualité, plein d'efprit, mais qui eut le malheur de » faire une hiftoire un peu longue,

& de tirer de fa poche un petit » couteau pour couper une dinde. » M. le Comte, lui dit-elle, il faut » avoir à table un grand couteau, & de petites hiftoires. M. le Comte profita de l'une & de l'autre leçon. » En faveur de fi jolies chofes, eft-il quelqu'un d'affez mauvaise humeur

pour ne pas excufer bien des paradoxes bizarres, bien des réflexions frivoles bien des principes faux bien des critiques injuftes & de mauvais goût. Si Perraut s'étoit avifé d'un pareil expédient, pour enjoliver fes Parallèles des anciens & des modernes il eft vrai qu'il n'eût pas mieux été accueilli des efprits délicats & polís du fiécle de Louis XIV; mais il eût mis dans fon parti tous les Chapelain, les Balzac, les Sofal, & même le Mercure galant; & alors Defpréaux n'auroit pas été le plus fort.

LETTRE de M. l'Abbé DE ST. LEGER, AU REDACTEUR de l'Année Littéraire, fur une nouvelle Edition des Fables de Phedre,

Paris, se 20 Novembre 1787.

Vous n'avez pas manqué, Mon

fieur, d'annoncer, dans fon temps, l'excellente & belle édition des Fables de Phedre, donnée en 1783, pàr M. FAbbé Brotier, chez Barboù; je crois que vos lecteurs. vous çauront giế de leur faire connoître auffi celle qui a paru l'année dernière, à Manheim; en voici le titre Phædri: Augufti Liberti Fabularum Æfopiar. Libri V. cum notis & emendationibus Franc. Jofephi Def billons, ex ejus commentario pleniore defumptis, in 8°. de 182 pages, fans la Préface & autres pièces liminaires, qui en ont 79. Pour comprendre ce que fignifient ces mots du titre ex commentario pleniore defumptis, il faut fçavoir le fait fuivant que nous apprend le P. Desbillons dans fa Préface. Il #yoi travaillé long-temps à un Mé

moire très étendu fur les Fables de Phedre, ainfi que fur la vie & les écrits de ce Fabulifte; l'Ouvrage étoit fur le point de paroître à Paris, fous les auspices de M. de Malesherbes, lorsqu'en 1760, la fuppreffion des Jéfuites ren verfa ce projet, en éloignant l'Auteur, qui l'a gardé jufqu'à préfent dans fon porte-feuille. Pour que le public eût au moins une idée de ce. Mémoire, lé: P. Desbillons en a détaché quelques mo ceaux qu'il donne en notes au deffous du texte de Phedre, qu'il a foigneufement revu fur les meilleurs manufcrits & les éditions les plus eftimées,

Dans fa Préface, l'Editeurfi avanta◄ geufement connu par les Fables Latines de fa compofition qui ont été fouvent imprimées, s'attache à trois objets; fçavoir, la vie de Phedre, fes Fables & les différentes éditions qui encont paru depuis la première, très-rare, publiée à Troyes, en 1596, in-12, par les foins de P. Pithou, (4),

il

(1) Un heureux hazard me procura, y a environ 24 ans, un exemplaire de

jufqu'à la dernière qui parutaux Deux Ponts, en 1784. Quant au premier point, la vie de Phedre, elle eft affez connue pour que je ne doive pas m'y arrêter. J'obferve feulement que le P. Desbillons réfute la foule des Biographes qui ont fait naître ce Fabulifte dans la Thrace, & qui ont fuppofé qu'il avoit été amené à Rome avec les prifonniers faits dans ce pays, fous P'Empereur Augufte; fuppofition def tituée de fondement, puifque Phedre écrivoit du temps de Séjan, où il au roit été plus que feptuagénaire; tandis que lui même nous apprend qu'il n'étoit ni vieux ni même âgé, forlqu'il com pofoit fes Fables. Cette circonftance porte le docte Editeur à conjecturer

cette premiere Edition, très-précieux caufe des notes autographes de Rigault, dont il est chargé; lefquelles paroilent avoir fervi pour les deux éditions de Phè dre données par ce Sçavant. Les Curieux peuvent voir cet exemplaire dans la Biblio thèque de Ste. Geneviève, où il est placé

dans le babinet des manuferitsu