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maniere franche & noble de négocier, & fes inftructions à fes Ambaffadeurs y font propofées pour modèles, ainfi que les dépêches du Cardinal d'Offat, fon fidèle Miniftre.

Les Obfervations fur les Grecs furent reçues avec applaudiffement, & les Obfervations fur les Romains eurent le bonheur de fe faire lire avec plaifir, après l'ouvrage de Montefquieu fur le même fujet. L'Abbé de Mably eut la gloire de dire des chofes toutes nouvelles que le génie de Montesquieu n'avoit pas découvertes.

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Les Entretiens de Phocion confirmèrent & augmentèrent la réputation de Mably. Cette production, en paroiffant, fut eftimée l'une des meil leures du fiécle; & quand la Société de Berne lui décerna la couronne, ce ne fut point fuivant l'ufage ordinaire des Académies, qui ne procla ment que les Ouvrages dont elles ont donné le fujet; ce fut un choix fait fur la foule des livres qui paroiffent journellement en Europe, & qui fe fixa fur celui qu'on regardoit comme le plus utile à l'humanité entière

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c'étoit le premier exemple d'un pareil

concours.

L'Abbé de Mably éprouva pour fes Obfervations fur l'Hiftoire de France, les mêmes difficultés que pour le Droit public. Des courtisans ne ranquèrent pas de trouver ce livre dangereux, comme contenant des vérités trop palpables. D'autres perfonnes défiroient que l'Auteur donnât à fon livre, le titre d'Hiftoire de notre an cien Gouvernement & de fes révolutions. Sa modeftie ne luia pas permis d'adopter un titre auffi ambitieux, quoi qu'il avouât qu'il regardoit ces Obfervations comme l'Histoire, jufqu'alors inconnue de notre ancien Droit public.

Dans les deux premiers volumes, l'Auteur s'eft arrêté au règne de Philippe de Valois. Ce qui reste à imprimer, formera deux autres volumes. On fent bien la raison qui T'empêcha de oublier cette fuite de fon vivant. Parmi les nombreux morceaux qui peuvent exciter l'intérêt, nous nous contenterons d'indiquer le chapitre intitulé: des caufes par lef quelles le Gouvernement, a pris

&c.

Angleterre, une autre forme qu'en France; la peinture des défordres du règne de Charles VI, & de la fombre politique de Louis XI, & ce qu'il dit des Etats Généraux, des trois Ordres, des prétentions des Corps,. de la politique de Richelieu L'Auteur s'eft arrêté au commencement du règne de Louis XIV: il a feulement ajouté quelques réflexions générales fur la dernière révolution de la Magiftrature, & fur les carac tères des Miniftres qui l'ont opérée. L'Abbé de Mably affectionnoit fingulièrement cette fuite des Obfervations comme y ayant dépofé des vérités qui deviendroient un jour utiles à fes concitoyens; & quand il en parloit vers les dernières années de fa vie, il difoit: cet Ouvrage eft mon teftament.

Nous ne dirons rien de Doutes propofés aux Economiftes; où l'Auteur bat en ruine un fyftêne qu'il a cru dangereux autant que ridicule.

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Le Livre du Gouvernement de Pologne, fut écrit à la follicitation de M. Le Comte Wielhorski, qui fut chargé

par les Confédérés de Pologne, de confulter en France, le Philofophe de Geneve & M. l'Abbé de Mably. Celui-ci, en 1770, fit, avec le Comte Polonois, un voyage en Pologne, pour mieux étudier la Nation fur laquelle il avoit à travailler : il y demeura plus d'un an avec lui. Son Ouvrage pour cette République,& fon féjour dans le pays, y ont laiffé un tendre fouvenir d'eftime & de reconnoiffance; mais il en rapporta une fanté fort dérangée, & des incommodités qui ont peutêtre contribué à avancer fes jours.

Ce que M. l'Abbé Brizard dit fur les ouvrages des deux Philofophes eft auffi bien vu que bien écrit. » Il s'agiffoit, dit-il, de donner à la Pologne, non les meilleures foix poffibles, mais les meilleures qu'elle pût fupporter...... Tous deux attendent beaucoup de l'amour de la Patrie, de cet élan que la vertu peut donner à des hommes liores. Rouffeau porta dans cette difcuffion, cette chaleur de fentiment, cette force de perfuafion, en un mot, l'ame & l'éloquence qu'il lui étoit impoffible de ne pas mettre

dans fes écrits. Mably, plus circonfpect, plus méthodique, & qui d'ailleurs avoit fait le voyage de Pologne pour examiner les chofes de plus près, a tracé peut être un plan plus régulier; mais tous deux, fans s'être commu niqués, s'accordent fur les bafes fondamentales, les rapports de la politique, les principes propres à régénérer la Pologne. Tous deux s'élèvent avec force contre l'abus intolérable du Liberum veto, le défaut de difcipline, les défordres de l'anarchie, le trop grand pouvoir des Magnats. Tous deux leur crient d'armer leurs cœurs contre la corruption des Nations voifines, profcrivent cette politique d'argent qui mine tous les Etats modernes, rejettent les récompenfes pécuniaires, les troupes mercenaires ; ils veulent que les défenfeurs de l'Etat foient des citoyens, & qu'ils ne coûtent rien à la République. L'un & l'autre infiftent fur la force des loix, l'empire des mœurs, la néceffité d'une éducation nationale qui en ref ferre les liens & en perpétue l'efprit. Mais le point effentiel für lequel leurs

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