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Aux poftes dont fur vous doit rouler la

défense,

Attendez le signal, & marchez fans tarder'; Qui ne fçait obéir, ne faura commander.

: Ce dernier vers eft beau, fur-tout dans la bouche d'un grand Roi: ceuxci font touchants :

En père bienfaifant conduifez votre armée, Dans vos moindres foldats croyez voir vos enfans;

Ils aiment leurs pasteurs, & non pas leurs tyrans :

Leurs jours font à l'Etat, leur bonheur eft le notre.

Avare de leur fang, facrifiez le vôtre.

Le Poëte Roi fut auffi Hiftorien. L'Hiftoire du Brandebourg eût fait honneur à un de les fujets; elle mérita cette déclaration de Voltaire :

Je fuis obligé de dire à la face de l'Europe, fans crainte d'être » démenti par perfonne, que ce Monarque feul a été l'Hiftorien de fes Etats. L'honneur qu'on veut

» mefaire d'avoir part à fon Ouvrage, » ne m'est point dû ; je n'ai fervi qu'à » lui applanir les difficultés de notre » langue, dans un temps où je la par

lois mieux qu'aujourd'hui, parce que » les inftructions des Académiciens » mes confrères, étoient plus fraîches » dans ma mémoire ; je n'ai été que for » Grammairien s'il m'arracha à ma » patrie, à ma famille, à mes amis, » à mes emplois, à ma fortune; fi je » lui facrifiai tout, j'en fus récom⚫ penfé, en étant le confident de fes » Ouvrages, &c. ».

A propos de Voltaire, notre Hif torien s'étonne, avec raison, de voir parmi les Voltaire, les Maupertuis un Abbé de Prades, un Marquis d'Argens, &c. ce qui fuppofe trop peu de difcernement dans le choix des familiers de Frédéric, En général, M. le Comte de la Pl. eft juste & impartial, & tout en admirant les grandes qualités de fon Héros, il ne diffimule pas fes foibles. Il paffe en revue tous fes Ouvrages littéraires, qui font en affez grand nombre. Les plus confidérables font

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le Poëme fur l'Art de la Guerre, 'Hiftoire du Brandebourg, l'AntiMachiavel, le Code Frédéric, & un Recueil de Poëfies:

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« Charles-Frédéric II naquit le 24 Janvier 1712. Il fut marié le 12 Juillet 1733, à la Princeffe de Brunfwick Wa fembutel, & parvint au » trône de Pruffe le 31 Mai 1740. Il ceffa de règner & de vivre le 17 » Août 1786, vers la 3* heure après

minuit. Pendant les derniers jours » de fa vie, ce Monarque faifoit lire » Suétone & la vie de notre bon Henri IV.

» Il mourut dans fon Château de Sans-Souci, à la fuite d'une maladie » de langueur, caufée par une épuife »ment total de fes forces, fuivie & » terminée par une hydropifie de poi» trine. Il étoit âgé de 74 ans 6 mois, 13 jours; il paffa fur le trône, fans » y dormir un feul inftant, 46 ans, 2 mois & 17 jours. Il fut inhumé à » Potzdam, & fon cercueil arrofé de

larmes; les plus abondantes furent » verfées par les foldats, fur-tout par » les vétérans d'entr'eux. Ils fe dif

putèrent les vêtemens qu'il portoit

.

» Sa taille étoit au- deffus de la » moyenne; bien fait & prodigieufement actif, l'exercice & une vie laborieuse avoient fortifié fa confti tution, naturellement délicate. Son » regard annonçoit de la pénétration » & de l'efprit; il avoit des yeux » bleus & très-vifs. En général, fa

perfonne étoit agréable; ceux qui » n'ont jugé de lui que d'après les »fes portraits, en avoient une autre » opinion; mais prefqu'aucun de fes » portraits ne lui reffembloit exacte»ment; fes traits acquéroient un degré » fingulier d'expreffion & de vivacité » lorsqu'il parloit; & cette chaleur, » cette vie, cette ame étoient totalement perdues fur la toile. He fe » courboit confidérablement, & fa » tête, comme celle d'Alexandre penchoit conftamment d'un côté.. Peu de voix étoient plus fonores & plus agréables dans la converfa tion, que la fienne. Il parloit beau coup, & ceux qui l'écoutoient re grettoient qu'il ne parlât pas encore

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davantage. Ses observations étoient » toujours fines & fouvent juftes ; » peu d'hommes poffédoient comme lui, le talent de la répartie ».

M. le Comte de la Pl. joint à cet Eloge, plufieurs lettres qu'il a reçues de cet augufte Monarque, de fon illuftre Frère & de fon fucceffeur : elles prouvent que perfonne n'étoit plus en état que notre Hiftorien, de parler de Frédéric, & l'impartialité dont il fait profeffion dans cet Eloge hiftorique, ne lui en fait que plus d'honneur.

Jc fuis, &c.

LETTRE de Mme ta Marquife de. au Redacteur de l'Année Littéraire fur le Manuel des Oififs.

MONSIEUR,

DANS le N°. 362 des Affiches di

Jeudi 28 Décembre 1786, après l'an nonce du Manuel des Oiffs, conte

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