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nant 700 folies & plus, &c. le Rédac teur ajoute que cette production originale, à la téte de laquelle il y a un Logogriphe, formé de cent trente-fix mots pour tenir lieu d'Epitre dédicatoire, ne doit pas intéreffer uniquement les Amateurs de Charades, puifque l'Auteur déjà connu par plufieurs traits de bienfaifance, en deftine le produit aux pauvres.

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Défirant contribuer à la bonne œuvre, Monfieur, j'ai fait acheter le livre. J'en relifois le titre, à caufe de fa fingularité. Je riois des 700 folus &plus, faites par le Doyen des Sages forties de l'Imprimerie des QuinzeVingts, & vendues chez Edipe, au Sphinx, quand on m'a apporté votre Feuille, N. 6, où vous vous écriez, en parlant de cette production, Sept cent Charades, quel courage! Comment un homme feul a t-il pu compofer & rimer Sept cens Charades ! Cette exclamation & les réflexions, qui compofent cet article, que je me fuis hâtée de lire, m'ont fait quelque impreffion.

N'importe, Monfieur, me fuis-je dit à moi-même, la lecture des fept sens folies dût elle m'identifier avec

le perfonnage, dont elles portent le nom, j'oferai l'entreprendre. J'ai la manie des Charades. Je peux la fatiffaira. Je n'aurai jamais une fi belle occafion. Il me vient une idée, celle d'effayer ce foir même,. fi le Manuel des Oififs ne pourroit pas amufer ma Fille, mes Fils & leur Précepteur. Nous lirons quelques Charades après foupé, au lieu de jouer au tric-trac, au reverfis, & fans cependant abandonner ces jeux, dont la fcience utile & amufante, devroit faire partie de l'éducation.

Pour le fuccès de mon projet Monfieur, j'ai cru devoir cacher l'Abbé, votre feuille N°. 6 parce qu'avec du goût & des lumières, il juge rarement par lui-même, mais prefque toujours d'après une autorité. Vous êtes fon oracle, Monfieur, & vous êtes auffi le mien. J'avoue que j'ai dans vos jugemens une telle confiance, & avec raison, qu'il eft difficile de me faire revenir fur ceux que vous portez des livres que vous avez lus; mais vous me mettez bien

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à mon aife, vous n'avez pas lu, ditesvous, les fept cents Charades.

Mon projet, Monfieur, a réuffi au delà de mes efpérances. Mes enfans, l'Abbé & moi raffolons du Manuel des Oififs. Va-t-on fermer le livre! cncore une Charade, Maman, s'écrient mes enfans, une feule : il eft vrai qu'ils font aiguillonnés par fa récompenfe que je donne au premier qui les devine. Avec quelle atten tion ils en écoutent la lecture & celle des notes! avec quel intérêt ils nous les lifent eux-mêmes! car tour-à-tour nous lifons notre Charade. L'Abbé répète fouvent qu'elles font ingénieufes, agréablement tournées ; quelle variété dans le ftyle, toujours propre au fujet! que de jolis tableaux, & qu'ils font amufans! Par cet éloge, l'Abbé flatte peut-être fon amourà caufe de fa facilité à devipropre, ner celles qui exigent de la feience. Il me dit quelquefois tout bas : quel moyen fimple vous avez trouvé, Madame, pour donner à vos enfans des connoiffances relatives à l'Hif toire, à la Géographie, à la Fable

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à la Phyfique & même aux procédés des Sçavans pour arracher à la nature fon fecret.

Enfin, l'Abé & moi, Monfieur foupçonnons que l'Auteur, en femblant ne présenter que des riens au public oifif, a voulu le forcer d'apprendre des chofes utiles en tout genre, fur-tout s'il lit les notes auffi intéreffantes, que bien choifies & redigées avec tant d'art, que le mot même de la Charade n'eft prefque jamais mis fous les yeux.

Quoique les Charades, Monfieur, ne foient pas fans défauts, même dans la partie typographique affez agréable à la vue, mais un peu négligée, n'est ce pas vous propofer un acte de bienfaifance, que de vous prier d'inférer cette lettre dans vos feuilles. Vous avez l'ame fenfible, votre complai fance pour pour moi peut faire des heureux.

J'ai l'honneur d'être, &c.

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DIALOGUE

Préfenté à M. le Vicomte DE BOURBON BUSSET Elu de la Noblesse de

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Bourgogne, lors de fon paffage à Avalon, pour fe rendre aux Etats, ouverts le 10 Novembre 1787.

ARISTE.

ne partagez point l'allégreffe publique !

ALCESTE (brufquement.)

Eh! que m'importe à moi?

ARISTE.

Daignez fuivre mes pas ALCESTE.

ARISTE.

Toujours fingulier!

ALCESTE.

Toujours, & je m'en piqued

Moi, j'irois pour un grand....

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